Finalement, trois types des premiers humains vivaient au même moment en Afrique du Sud
L‘arbre généalogique humain est à nouveau bouleversé. Une nouvelle étude suggère que l’Homo erectus existait 100 000 à 200 000 ans plus tôt que ce qui avait été estimé auparavant, ce qui signifie qu’ils vivaient aux côtés d’espèces dont on pensait autrefois qu’elles descendaient.
Image d’entête : la calotte crânienne de l’Homo erectus, connue sous le nom de DNH 134, provoque une remise en cause de la chronologie de l’évolution humaine. (Andy Herries/ Jesse Martin/ Renaud Joannes-Boyau)
La version actuellement acceptée du chapitre de l’histoire humaine consacré à l’Homo erectus indique que l’espèce est apparue il y a environ 1,8 à 1,9 million d’années. Ils ressemblaient plus à des humains que les Australopithèques qui les ont précédés. L’Homo erectus était grand et mince, avec des jambes plus longues, des bras plus courts et une position droite. On pense également qu’il a été le premier hominidé à maîtriser le feu, à chasser en groupe et à soigner les membres blessés de son groupe.
Mais surtout, l’Homo erectus est souvent considéré comme le premier hominidé à s’être aventuré hors d’Afrique, où il a donné naissance à diverses autres espèces d’homo, comme les Néandertaliens, les Dénisoviens et, finalement, les humains modernes.
C’est la version la plus élégante, mais en réalité, les détails sont constamment mis à jour et l’arbre généalogique est régulièrement redessiné. Il n’est donc pas tout à fait surprenant que cette nouvelle découverte bouscule un peu la chronologie.
Dans la grotte de Drimolen, au nord de Johannesburg, en Afrique du Sud, des archéologues ont trouvé 150 fragments de crâne en 5 ans de fouilles. Surnommé DNH 134, ce fossile a finalement été déterminé comme appartenant à l’Homo erectus, et on a découvert qu’il avait entre 2,04 et 1,95 millions d’années.
Les fouilles de Drimolen et les fossiles exhumés. (Andy Herries)
Comme pour l’image d’entête, le morceau de crâne fossilisé de l’Homo erectus, connue sous le nom de DNH 134 découvert sur le site de Drimolen. (Therese van Wyk/ Université de Johannesburg)
Selon Andy Herries, chercheur principal de l’étude :
Le crâne de l’Homo erectus que nous avons trouvé, probablement âgé de 2 à 3 ans au moment de sa mort, montre que son cerveau n’était que légèrement plus petit que celui d’autres exemples d’Homo erectus adultes. Il échantillonne une partie de l’histoire de l’évolution de l’homme lorsque nos ancêtres marchaient debout, fabriquaient des outils en pierre, commençaient à émigrer hors d’Afrique, mais avant qu’ils n’aient développé de gros cerveaux.
Dans l’ensemble, 100 000 ans ne représentent, à l’échelle archéologique, qu’un petit ajustement, mais il entraîne des conséquences plus lourdes. D’une part, l’équipe affirme que ce fossile plus ancien est la preuve que l’Homo erectus a bien évolué en Afrique, d’autres études ont suggéré qu’il pourrait avoir émergé en Asie, après que d’autres espèces plus anciennes aient migré hors d’Afrique.
Cela signifie également que l’Homo erectus vivait aux côtés d’autres espèces dont on pensait qu’il avait évolué, ce qui a mis en doute cette théorie.
Toujours selon Herries :
Nous pouvons maintenant dire que l’Homo erectus partageait le paysage avec deux autres types d’humains en Afrique du Sud, le Paranthropus et l’Australopithecus. Cela suggère que l’une de ces autres espèces humaines, Australopithecus sediba, n’a peut-être pas été l’ancêtre direct de l’Homo erectus, ou de nous, comme on l’a supposé précédemment.
L’Homo erectus était déjà connu pour être l’un des hominidés qui a survécu le plus longtemps, ayant parcouru la Terre pendant bien plus d’un million d’années. Cette nouvelle étude permet de remonter plus loin dans le temps, et une autre découverte récente suggère qu’ils ont survécu jusqu’à il y a 108 000 ans en Indonésie.
Si ces découvertes sont exactes, cet ancêtre particulièrement rustique aurait pu vivre pendant près de 2 millions d’années. Pendant cette période, il aurait partagé la planète avec des hominidés plus archaïques comme les Australopithèques, et ses propres descendants comme les Néandertaliens, les Dénisoviens et nous.
L’étude publiée dans Science : Contemporaneity of Australopithecus, Paranthropus, and early Homo erectus in South Africa et présentée sur le site de l’université de la La Trobe : Fossil discoveries rewrite our history.