Certains requins évoluent pour marcher sur la terre ferme
Comme si les requins n’étaient pas assez étonnants, certains d’entre eux se sont apparemment mis à marcher. Quatre espèces de requins vivant dans les eaux côtières autour de l’Australie et de la Nouvelle-Guinée ont été repérées alors que ceux-ci marchaient avec leurs ailerons sur des rochers et dans des eaux très peu profondes.
Image d’entête : le “requin marcheur” Hemiscyllium halmahera. (Mark Erdmann)
Ces requins marcheurs (ou requins chabots, Hemiscyllium) ont été découverts au cours d’une étude de 12 ans avec l’organisation Conservation International (CI), un effort conjoint impliquant des chercheurs australiens du Commonwealth Scientific and Industrial Research Organisation (CSIRO/ Australie). Le CI a été fondé en 1916 sous le titre originel d’Advisory Council of Science and Industry, du Musée d’histoire naturelle de Floride, de l’Institut indonésien des sciences et du Ministère indonésien des affaires marines et de la pêche.
Les requins utiliseraient cette technique pour chasser. Selon Christine Dudgeon, de l’université du Queensland (Australie), les requins ornés sont déjà au sommet de la chaîne alimentaire. Maintenant, ils utilisent leurs ailerons à marée basse, en rampant dans les eaux peu profondes pour avoir un avantage supplémentaire.
Selon Christine Dudgeon :
Avec moins d’un mètre de long en moyenne, les requins marcheurs ne présentent aucune menace pour l’homme, mais leur capacité à résister aux environnements à faible teneur en oxygène et à marcher sur leurs ailerons leur donne un avantage remarquable sur leurs proies, les petits crustacés et les mollusques.
Ces caractéristiques uniques ne sont pas partagées avec leurs plus proches parents, les requins bambous, ni avec des parents plus éloignés de l’ordre des requins tapis (Orectolobiformes), notamment les wobbegongs et les requins baleines.
Nous ne savons pas vraiment quand cela a commencé. Il s’agit peut-être d’un nouveau processus évolutif, mais il a peut-être aussi commencé il y a longtemps.
Cependant, les chercheurs suggèrent que l’évolution de ces requins a été influencée par le mouvement tectonique dans la région, en particulier le mouvement des plaques tectoniques il y a environ 20 à 5 millions d’années qui a complété la séparation de l’Australie du supercontinent Gondwana.
Ce mouvement a déclenché une série de fluctuations dans la région et produit un environnement unique où un certain nombre d’espèces ont prospéré. Cela a non seulement créé de nouvelles opportunités pour les espèces, mais aussi des barrières et un isolement, et cet enclavement tend à entraîner le développement de nouvelles espèces uniques.
Il se peut très bien que ce mouvement tectonique d’il y a des millions d’années soit responsable des requins marcheurs qui existent aujourd’hui.
Toujours selon Dudgeon :
Les données suggèrent que les nouvelles espèces ont évolué lorsque les requins se sont éloignés de leur population d’origine, se sont isolés génétiquement dans de nouvelles zones et se sont développés en nouvelles espèces.
Ils ont pu se déplacer en nageant ou en marchant sur leurs ailerons, mais il est également possible qu’ils se soient « accrochés » à des récifs qui se déplaçaient vers l’ouest en traversant le sommet de la Nouvelle-Guinée, il y a environ deux millions d’années.
Cependant, ce ne sont pas les premiers requins à présenter ce type de comportement. Quatre nouvelles espèces ont été observées récemment, portant le nombre total à neuf, ce qui constitue un exemple remarquable d’évolution convergente.
Ce ne sont probablement pas non plus les derniers que nous trouvons, note Dudgeon qui conclus :
Nous pensons qu’il y a plus d’espèces de requins marcheurs qui attendent encore d’être découvertes.
L’étude publiée dans la revue Marine and Freshwater Research : Walking, swimming or hitching a ride? Phylogenetics and biogeography of the walking shark genus Hemiscyllium et présentée sur le site de l’université du Queensland : Walking sharks discovered in the tropics.