La lointaine désintégration d’un astéroïde aurait entrainé une ère glaciaire sur Terre
Une collision d’astéroïdes, il y a 466 millions d’années, semble avoir déclenché une ère glaciaire sur Terre, affirment des scientifiques.
L’astéroïde n’a pas touché la Terre, comme celui qui, 400 millions d’années plus tard, aurait tué les dinosaures. Cette désintégration s’est plutôt produite loin dans la ceinture d’astéroïdes, réduisant instantanément un astéroïde géant, probablement de 150 kilomètres de diamètre, en débris.
Selon Birger Schmitz, astrogéobiologiste de l’université de Lund, en Suède, et auteur principal d’une étude publiée cette semaine :
Il s’agit de la plus grande dislocation d’astéroïdes que nous connaissons depuis deux milliards d’années.
Il y a des années, son équipe a trouvé des preuves que la Terre a été affectée par la désintégration de cet astéroïde lorsqu’elle a trouvé une couche de météorites « fossiles » de la taille d’une pièce de monnaie en provenant. Mais récemment, ils ont passé au crible les mêmes couches rocheuses pour de la poussière de l’espace extra-atmosphérique trop petite pour avoir été remarquée auparavant.
Une météorite fossile de 466 millions d’années, dont on pense qu’elle a pris naissance lors d’une collision d’astéroïdes. La collision a également généré suffisamment de poussière pour refroidir la Terre à l’échelle mondiale. (John Weinstein/ Field Museum)
Comme on pouvait s’y attendre, la poussière s’est avérée chimiquement similaire aux météorites fossiles, ce qui indique qu’elle provenait de la même source.
Il s’est également avéré qu’elle coïncidait avec une période de baisse du niveau de la mer, ce qui indique que, à l’inverse de ce qui se passe aujourd’hui, les glaciers étaient en train de croître et selon M. Schmitz :
Cette baisse du niveau de la mer est liée à l’apparition d’une période glaciaire majeure.
Normalement, la poussière de météorite ne représente qu’environ 1 % de la poussière de l’atmosphère terrestre, explique Philipp Heck, coauteur de l’étude et cosmochimiste au Field Museum of Natural History aux États-Unis.
Mais pendant les deux millions d’années qui ont suivi la rupture de l’astéroïde, dit-il, il s’est multiplié par 10 000, ce qui est plus que suffisant pour réduire la quantité de lumière solaire qui atteint la surface de la Terre.
En même temps, la poussière de la collision se serait infiltrée dans l’orbite de la Terre, bloquant la lumière solaire.
Cependant, contrairement au changement climatique actuel, celui-ci s’est produit sur une période de quelques millions d’années. Le résultat n’a donc pas été une extinction massive, mais un coup de pied évolutif pour que la vie s’adapte, ce qui s’est produit à une époque appelée le grande biodiversification ordovicienne (GOBE pour Great Ordovician Biodiversification Event).
Selon Heck :
C’est très différent du changement climatique causé par la météorite d’il y a 65 millions d’années qui a tué les dinosaures, et c’est différent du réchauffement de la planète d’aujourd’hui. C’était un petit coup de pouce. Il y avait moins de pression.
D’autres scientifiques sont impressionnés.
Selon Humberto Campins, un scientifique planétaire de la Central Florida University, aux États-Unis :
Il semble raisonnable d’avoir beaucoup de poussière qui arrive sur Terre à la suite de cet événement.
Melinda Hutson, conservatrice du Cascadia Meteorite Laboratory de la Portland State University, aux États-Unis, partage cet avis.
La désintégration de l’astéroïde de 150 kilomètres était bien connue, dit-elle, tout comme les météorites fossiles :
Mais je n’avais pas pensé à la quantité de poussière qui serait produite et à son effet sur la lumière du soleil dans le système solaire intérieur.
Soit dit en passant, elle fait remarquer que les effets pourraient bien s’être propagés au-delà de la Terre, jusqu’à Mars.
Bien qu’elle ajoute :
Malheureusement, nous sommes loin d’avoir le genre de données dont nous avons besoin pour examiner l’ampleur du changement climatique sur Mars.
L’étude publiée dans Science Advances : An extraterrestrial trigger for the mid-Ordovician ice age: Dust from the breakup of the L-chondrite parent body et présentée sur le site de l’université Lund : Gigantic asteroid collision boosted biodiversity on Earth.