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De nouvelles espèces d’anguilles électriques administrent des chocs de 860 volts

11 Sep 2019 | 2 commentaires

Electrophorus Voltai 1 19

Source de fascination depuis sa première description, en 1776 par Carl von Linné, l’anguille électrique a longtemps été considérée comme une espèce unique, l’Electrophorus electricus, qui était largement répandue dans tout le bassin amazonien.

Cette semaine, une équipe dirigée par David de Santana du Musée national d’histoire naturelle de la Smithsonian Institution, aux États-Unis, a publié des descriptions de deux nouvelles espèces d’anguilles électriques.

A l’E. electricus se joignent l’E. varii et l’E. voltai, cette dernière pouvant administrer une décharge électrique enregistrée à 860 Volts, presque un tiers au-dessus de la décharge limite supérieure précédemment connue pour le genre à 650V.

Image d’entête : l’Electrophorus voltai aux 860 Volts. (L. Sousa)

(C. David de Santana et Col./ Nature Communication)

Poisson electrique 2 19

Quelques éclaircissements et du contexte : les anguilles électriques ne sont pas de vraies anguilles, ce sont des Gymnotiformes, un groupe de poissons osseux connus sous le nom de poissons électriques ou poisson couteaux d’Amérique du Sud.

Les Gymnotiformes comprennent environ 250 espèces de poissons, pour la plupart petits, que l’on trouve dans toute l’Amérique du Sud et qui ont des organes producteurs d’électricité. Dans la plupart des cas, ces organes génèrent des décharges de faible énergie qui disparaissent et qui sont principalement utilisées pour l’orientation et pour localiser leurs proies dans les profondeurs.

Mesurant plus de deux mètres de long et pesant près de 20 kilos, l’anguille électrique est la poids lourd des Gymnotiformes, dont les gros organes électriques produisent des décharges d’une énergie suffisante pour étourdir les proies et dissuader les prédateurs, et pour produire des chocs de type pistolet électrique, un véritable risque pour les biologistes étudiant des spécimens vivants.

L’une des deux espèces d’anguilles électriques récemment découvertes, Electrophorus varii, du nom du regretté Richard Vari, ichtyologiste du Smithsonian, dans les eaux troubles et lentes des basses terres. (D. Bastos)

Electrophorus varii 1 19

L’équipe de De Santana a examiné 107 individus recueillis au Brésil, en Guyane française, en Guyane et au Suriname au cours des six dernières années.

L’équipe de recherche a donc d’abord examiné l’ADN mitochondrial et l’ADN nucléaire et découvert des différences génétiques qui suggèrent que les spécimens sont de trois espèces distinctes.

Grâce à ces connaissances génétiques, l’équipe de Santana a réexaminé les animaux et découvert de subtiles différences morphologiques, telles que la forme unique du crâne, les caractéristiques des nageoires pectorales et les motifs distinctifs des pores du corps.

D’autres travaux ont révélé que chaque espèce avait sa propre répartition géographique.

L’E. electricus, que l’on croyait autrefois largement répandu, semble confiné aux eaux claires des hautes terres du plateau des Guyanes, dans le nord du bassin amazonien. L’E. voltai vit principalement dans ce qui est appelé le Bouclier brésilien, une région montagneuse similaire dans le sud du bassin. L’E. varii vit dans les eaux boueuses et lentes des basses terres.

A partir de l’étude : répartition des différences espèces étudiées. (C. David de Santana et Col./ Nature Communication)

Poisson electrique 1 19

L’étude génétique de l’équipe a révélé que les anguilles électriques ont commencé à évoluer en Amérique du Sud il y a environ 7,1 millions d’années. L’ancêtre commun de l’E. voltai et de l’E. electricus vivait dans les eaux claires des anciens hauts plateaux, tandis que l’E. varii vivait dans les basses terres, où les eaux troubles riches en minéraux conduisaient l’électricité plus efficacement.

C’est une importante différence pour les anguilles électriques, dont la décharge ne se déplacera pas aussi loin dans des environnements à faible conductivité : De Santana pense que la spectaculaire décharge électrique de l‘E. voltai, pouvant atteindre 860 V, pourrait être une adaptation à la plus faible conductivité des eaux des hautes terres.

Selon M. De Santana, l’identification de deux nouvelles espèces d’anguilles électriques met en évidence tout ce qui reste caché dans la forêt amazonienne, l’un des points chauds de la biodiversité de la Terre, et souligne l’importance de protéger et de préserver cet environnement menacé, il ajoute :

Ces poissons atteignent une longueur de 2 à 2,2 à 2,4 mètres. Ils sont vraiment remarquables. Si vous pouvez découvrir un nouveau poisson de huit pieds de long après 250 ans d’exploration scientifique, pouvez-vous imaginer ce qui reste à découvrir dans cette région ?

L’étude publiée dans Nature Communication: Unexpected species diversity in electric eels with a description of the strongest living bioelectricity generator.

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