Boite à rire pour blagues à papa : les rires enregistrés fonctionnent sur la plupart des téléspectateurs
C‘est ennuyeux d’avoir à le signaler, surtout quand on ne les supporte pas, mais il semble que les « boites à rire » (l’ajout de rires enregistrés) fonctionnent. Ils rendent même les « blagues à papa » (les plus ringardes) plus drôles.
Le seul avantage est que cet ajout de rire est plus efficace lorsqu’il est spontané plutôt que posé.
C’est ce qui ressort des recherches réalisées par Sophie Scott et de ses collègues de l’Institute of Cognitive Neuroscience de l’University College London, au Royaume-Uni.
L’équipe de Scott mène régulièrement des études dans lesquelles elle demande à des personnes d’évaluer le rire ou d’autres sons de différentes façons. Dans cette nouvelle étude, ils voulaient une mesure implicite de l’effet du rire.
Selon les chercheurs :
Le rire est un repère social extrêmement saillant et important et bien que le rire puisse être banal, il a toujours un sens social et émotionnel critique très riche, et nous le traitons même si nous ne sommes pas spécifiquement invités à nous engager dans le rire.
La première étape consistait à établir des évaluations de base pour déterminer à quel point 40 blagues étaient perçues comme étant drôles. Toutes étaient intentionnellement dignes d’un léger rictus, par exemple : « Qu’est-ce qui est invisible et sent les vers ? Un pet d’oiseau. » ou “pourquoi les chats sont-ils doués pour les jeux vidéo ? Parce qu’ils ont neuf vies“. Ensuite, un comédien professionnel a enregistré deux versions de chacune : l’une accompagnée d’un bref éclat de rire en boîte et l’autre de rires réels et spontanés.
Les résultats ont montré que l’ajout du rire rendait les blagues plus drôles, avec l’ajout de rires spontanés qui permettaient d’obtenir des évaluations plus positives de l’humour.
Une partie intéressante de la recherche était qu’ils ont testé les blagues sur deux groupes de participants distincts, l’un présentant des personnes se situant dans le spectre de l’autisme et l’autre, des neurotypiques (qui ne sont pas autistes).
La seule différence entre les groupes était que ceux qui étaient autistes donnaient à l’ensemble des 40 Blagues à papa une note de rire encore plus élevée, quand on ajoutait les rires.
Cela peut s’expliquer par le fait que les adultes neurotypiques étaient plus conscients que ces « blagues à papa » sont considérées comme puériles et ringardes, alors que les adultes autistes sont plus ouverts à de telles blagues, selon les chercheurs.
Selon Scott :
Nos données suggèrent que le rire peut aussi influencer la perception de l’humour de la comédie et que les personnes autistes sont tout aussi sensibles à cet effet.
Cela pourrait suggérer que la comédie et le rire sont plus accessibles aux personnes autistes qu’on ne le pense généralement.
Dans de futures études, les chercheurs espèrent explorer la façon dont le rire influence l’activité cérébrale en réponse aux blagues.
Toujours selon Scott :
Nous voulons faire une étude de scintigraphie du cerveau pour voir comment le rire influence la perception de la plaisanterie dans le cerveau, et si c’est la même chose pour tout le monde.
Il y a aussi un peu de contexte qui vaut la peine d’avoir en tête.
Historiquement, les émissions de télévision et de radio étaient toujours enregistrées en direct en studio, ce qui permettait à ceux qui regardaient et écoutaient de se sentir partie intégrante du spectacle.
Cependant, comme la réaction du public était naturelle, certaines émissions ‘comiques’ qui n’étaient pas ouvertement drôles n’ont pas fait rire longtemps, de sorte que les producteurs de télévision et de radio ont de plus en plus ajouté des rires en boîte pour provoquer une réaction du public.
Cette recherche montre que même si le rire en boîte rehausse le niveau d’humour d’une comédie, l’ajout de rires réels permettrait d’obtenir une meilleure réponse. Cela a été adopté dans des spectacles comme Friends, qui sont enregistrés devant un public, avec le vrai rire amplifié pendant le montage pour des blagues particulières qui avaient été bien accueillies.
L’étude publiée dans Current Biology : Modulation of humor ratings of bad jokes by other people’s laughter et présentée sur le site de l’University College London : Canned laughter works, finds UCL-led study of ‘dad jokes’.