Terraformation : rendre Mars habitable sous une fine couche d’aérogel
Terraformer des planètes semble être du domaine de la science-fiction, mais il y a apparemment une solution assez simple pour rendre Mars habitable.
Dans une étude publiée cette semaine (lien plus bas), une petite équipe de chercheurs dirigée par Robin Wordsworth, de l’université Harvard aux États-Unis, démontre que de petites parcelles d’aérogel de silice suspendu au-dessus du sol seraient suffisantes pour élever les températures atmosphériques en dessous et transformer ainsi la glace en eau liquide permanente.
Image d’entête : un morceau d’aérogel. (NASA/ JPL-Caltech)
L’aérogel translucide, d’une épaisseur maximale de deux à trois centimètres, filtrerait également les rayons ultraviolets nocifs tout en laissant passer suffisamment de lumière visible pour permettre la photosynthèse de la vie végétale.
La méthode, calculent les chercheurs, pourrait faire monter la température atmosphérique sous les boucliers de 50 °C, assez pour que l’eau de surface dépasse son point de congélation, ce qui la rendrait biodisponible pour les espèces végétales terrestres transplantées.
Wordsworth et ses collègues sont parvenus à leur solution bon marché et amusante grâce à une combinaison d’expériences en laboratoire et de modélisation informatique.
L’approche, écrivent-ils, est idéalement adaptée aux déploiements locaux et isolés, permettant la colonisation et la culture de zones sélectionnées.
La stratégie contraste fortement avec les propositions existantes visant à terraformer Mars, qui, comme le soulignent les auteurs, » impliquent des modifications environnementales massives qui seront bien au-delà des capacités humaines dans un avenir prévisible « .
Les aérogels sont déjà disponibles, et la technologie permettant de modifier leur composition chimique pour qu’elle corresponde de façon optimale aux conditions environnementales martiennes est courante.
Une approche spécifique à chaque site, en sélectionnant des zones particulières et en les modifiant de manière isolée, permet d’établir des avant-postes viables, puis de les relier progressivement pour former une matrice à l’échelle de la planète.
Selon les chercheurs :
Placer des boucliers d’aérogel de silice sur des régions suffisamment riches en glace de la surface martienne pourrait donc permettre à la vie photosynthétique d’y survivre avec un minimum d’intervention ultérieure.
D’autres essais sur les méthodes de production d’aérogel de silice peuvent être effectués dans des environnements extrêmes sur Terre, écrivent-ils, avant que des techniciens soient envoyés sur Mars.
Les calottes polaires de Mars sont composées d’une combinaison de glace d’eau et de dioxyde de carbone gelé. Comme sa forme gazeuse, le dioxyde de carbone congelé retient la chaleur de la lumière du soleil, ce qui peut créer des poches de chaleur sous la glace, représentées ici par des points noirs. Ce phénomène a incité les chercheurs à en imiter les effets avec des aérogels de silice. (Harvard SEAS)
Wordsworth et ses collègues, cependant, sont confiants, à tel point qu’ils envisagent déjà les questions plus larges sur ce qu’engendrera l’arrivée des aérogels sur la planète rouge.
Comme il est possible que Mars devienne habitable pour la vie photosynthétique à court ou moyen terme, il faut se poser d’importantes questions éthiques et philosophiques.
De toute évidence, si Mars possède encore de la vie aujourd’hui, sa survie ou sa détection pourrait être entravée par la présence de micro-organismes terrestres.
L’étude publiée dans Nature Astronomy : Enabling Martian habitability with silica aerogel via the solid-state greenhouse effect et présentée sur le site de l’université d’Harvard : A material way to make Mars habitable.