Les chorégraphies de ce cacatoès incitent les chercheurs à remettre en question l’origine de la danse chez les humains
Snowball le cacatoès, déjà célèbre sur YouTube pour danser au rythme de la musique des années 80, a appris un tas de nouveaux mouvements et incité les chercheurs à remettre en question l’origine de la danse chez les humains.
Célèbre dès 2007, Snowball a élargi son répertoire tout en accompagnant Queen et Cyndi Lauper. Et il l’a fait sans formation ou en imitant son maître.
Dans leur étude, des chercheurs américains affirment que de nouvelles vidéos montrent que Snowball, un Cacatoès à huppe jaune (Cacatua galerita eleonora), répond à la musique par des mouvements divers et spontanés utilisant différentes parties de son corps.
Cette découverte est plus qu’une nouveauté divertissante. Elle suggère que danser sur de la musique n’est pas nécessairement un produit de la culture humaine, mais une réponse à la musique qui survient lorsque certaines capacités cognitives et neurales se rencontrent dans certains cerveaux d’animaux, écrivent les chercheurs.
Alors que toutes les cultures humaines pratiquent la danse, les autres primates ne se meuvent pas spontanément avec la musique. Les perroquets, cependant, sont connus pour se déplacer avec le rythme musical dans la peau.
Les mouvements de « danse » typiques de Snowball filmés il y a plus d’une décennie étaient des balancements de la tête tout en levant les pattes. Mais un cacatoès hoche la tête comme rituel de parade nuptiale et lève les pieds pour se mouvoir, et donc ces mouvements peuvent avoir d’autres explications que la danse sur un rythme.
Aniruddh Patel, psychologue à l’université de Tufts et à l’université de Harvard, aux États-Unis, affirme que les mouvements de danse de Snowball sont beaucoup plus riches que ceux qu’il a étudiés en 2009.
Peu après cette étude, la propriétaire de Snowball, Irena Schulz, coauteure de l’étude, a remarqué qu’il faisait des mouvements sur une musique qu’elle n’avait jamais vue auparavant et qu’il semblait se livrer à une « exploration du mouvement » en réponse à la musique.
Les chercheurs ont ainsi eu l’occasion d’étudier une autre similitude potentielle entre les mouvements de Snowball et la danse humaine : la diversité des mouvements et des parties du corps utilisés en réponse à la musique.
L’équipe de Patel a donc filmé Snowball avec deux tubes classiques des années 80 : Another One Bites the Dust et Girls Just Wanna Have Fun. Ils ont joué chacun des morceaux 3 fois pour un total de 23 minutes.
A partir de l’étude : Snowball sur Another One Bites the Dust (Queen).
Snowball sur Girls Just Wanna Have Fun (Cyndi Lauper)
Les chercheurs ont conclu que les mouvements de Snowball pouvaient être définis comme de la danse :
Les mouvements qui sont clairement intentionnels, mais qui ne constituent pas un moyen efficace d’atteindre un objectif extérieur plausible, comme la locomotion de base.
Au total, les vidéos ont capturé Snowball, complétant un répertoire de 14 mouvements de danse et deux mouvements composites. Il se penche, se balance et tourne la tête de plusieurs manières différentes, parfois en coordination avec des levées de pieds ou d’autres mouvements.
Chaque fois qu’il entend un air particulier, il danse un peu différemment, signe de souplesse et peut-être même de créativité, selon Patel.
Les chercheurs suggèrent que la raison pour laquelle les humains et les perroquets partagent la capacité naturelle à danser peut provenir de la convergence de 5 traits :
- l’apprentissage vocal
- la capacité d’imiter le mouvement non verbal
- une tendance à former des liens sociaux sur le long terme
- la capacité d’apprendre des séquences complexes d’actions
- l’attention aux mouvements de communication.
Toujours selon Patel :
Les perroquets ne partagent pas tous ces traits de caractère avec les humains, ce qui pourrait expliquer pourquoi (à ce jour) seuls les humains et les perroquets dansent spontanément et de manière diverse sur la musique.
Pour les humains, la danse est une forme d’interaction sociale. Ils dansent plus souvent avec d’autres personnes que seuls. Les chercheurs analysent actuellement les données d’une expérience visant à déterminer si la même chose est vraie pour Snowball.
L’étude publiée dans Current Biology : Spontaneity and diversity of movement to music are not uniquely human et présentée sur le site de l’université Tufts : The Cockatoo with the Dance Moves.
Je ne peux m’empêcher de penser que ce type d’article est justifié par un cri du cœur pour des demandes de fond urgents….