La solitude exacerbe l’agressivité chez les araignées
Lorsque les araignées, une fois matures, quittent leurs réseaux familiaux, ce n’est pas à cause de leurs tendances antisociales, comme on le supposait auparavant, mais c’est plutôt l’isolement en résultant de l’adulte qui le rend intolérant à ses parents/ congénères.
C’est ce qui ressort d’une nouvelle recherche avec l’araignée solitaire européenne Agélène à labyrinthe (Agelena labyrinthica), publiée cette semaine (lien plus bas).
Image d’entête : Agélène à labyrinthe qui passe le plus clair de son temps dans sa retraite. (Wikimedia)
Beaucoup d’animaux ne sont qu’éphémèrement sociables durant leur cycle de vie et deviennent rapidement intolérants à leurs congénères après avoir été isolés. Cela comprend plus de 48 000 espèces d’araignées.
Alors que les araignées sont connues pour être sociable les unes envers les autres, après s’être aventurées seules, leur comportement devient extrêmement agressif et peut dégénérer en cannibalisme entre frères et sœurs ou même en infanticide.
Raphael Jeanson, de l’université de Toulouse, en France, et ses collègues espéraient faire la lumière sur ce phénomène peu étudié et mieux comprendre comment encourager la socialité permanente, un trait qui se manifeste chez environ 30 espèces d’araignées.
Dans une série d’expériences, ils ont utilisé un mélange de méthodes comportementales, chimiques et de modélisation pour tenter d’expliquer pourquoi les araignées se dispersent et deviennent agressives.
Les résultats ont montré que la sociabilité des araignées ne diminuait pas lorsqu’elles restaient en présence les unes des autres, et que la dispersion se produisait naturellement avec une plus grande mobilité, et non en raison d’interactions réduites.
D’autres résultats ont confirmé que le comportement cannibalistique était le résultat direct d’un isolement accru. Même l’alimentation des araignées n’a pas atténué l’impact de l’isolement social sur l’agressivité, excluant le rôle potentiel de la privation d’aliments.
Cependant, la disponibilité de proies a retardé le besoin de dispersion des araignées. Et, notamment, des liens étendus ont aidé à maintenir un comportement sociable.
Cette agressivité peut résulter d’un changement dans la façon dont les araignées traitent les signaux chimiques, et donc les signaux sociaux, de leur famille.
Selon M. Jeanson, les résultats révèlent que :
Les mécanismes qui provoquent l’agressivité sont beaucoup plus sophistiqués qu’on ne le pensait auparavant.
Notre étude met en lumière la nécessité d’interactions sociales étendues pour préserver la tolérance, ce qui ouvre de nouvelles perspectives pour comprendre les voies de la socialité permanente.
L’étude publiée dans PLOS Biology Social intolerance is a consequence, not a cause, of dispersal in spiders.