Certaines traditions gastronomiques françaises sont à l’origine de l’extinction du bruant ortolan
La chasse illégale et non réglementée d’un minuscule oiseau chanteur migrateur, le bruant ortolan (Emberiza hortulana), une gourmandise française convoitée, a été confirmée comme non viable par une vaste étude paneuropéenne.
Le chercheur principal Frédéric Jiguet du Centre d’écologie et des sciences de la conservation de Paris (CESCO/ CNRS), et 30 coauteurs, ont constaté que l’espèce migratrice est en voie d’extinction.
Les bruants ortolans sauvages sont chassés dans le sud-ouest de la France selon une tradition gastronomique culturelle qui remonte à l’époque romaine. Après la capture, les oiseaux sont engraissés dans une cage avant d’être noyés dans l’Armagnac. Ensuite, on les plumait, on les faisait cuire et on les mangeait entiers, avec les os et tout le reste, sauf le bec.
Dans ce rituel, les convives mangent les pattes des oiseaux en une seule bouchée avec des serviettes de table au-dessus de leur tête. Certains disent que la serviette capte les arômes fumants pour rehausser l’expérience gastronomique ; d’autres prétendent qu’elle cache l’acte aux yeux de Dieu… Maïté en faisait la démonstration dans la vidéo ci-dessous, âmes sensibles s’abstenir.
Pendant des décennies, les chasseurs ont récolté jusqu’à 30 000 ortolans chaque année pendant la migration automnale pour perpétuer cette tradition.
Ceci malgré le fait que les espèces soient inscrites sur la liste des espèces protégées par la Directive Oiseaux de la Commission européenne depuis 1979, interdites dans les restaurants français en 1999, et déclarées menacées dans de nombreux pays européens, y compris en France.
Les bruants se reproduisent de l’Espagne à la Mongolie et de l’Iran au nord de la Finlande, puis migrent vers l’Afrique subsaharienne pour l’hiver.
A partir de l’étude : aire de répartition, structure génétique de la population et voies de migration des bruants ortolans d’Europe Emberiza hortulana révélées par les enregistreurs de lumière et par les isotopes stables. (Frédéric Jiguet et coll./ Science Advances)
Le recensement de la population de bruant ortolan européenne, en 2016, a révélé que leur nombre avait diminué de 88 % depuis 1980. Les populations en déclin ou disparues, attribuées à la perte d’habitat, aux pratiques agricoles, aux changements climatiques et à la chasse non réglementée, ont été observées surtout dans les pays du Nord.
Les chasseurs français dans le sud du pays ont continuellement demandé à être exemptés de la réglementation, faisant valoir que leurs prises ne représentent qu’une petite fraction de l’ensemble de la population de l’oiseau.
Pour enquêter sur cette affirmation, à la demande du ministre français de l’écologie, Jiguet et ses collaborateurs du Canada et de toute l’Europe ont entrepris une étude de 5 ans pour déterminer les tendances migratoires.
Ils ont utilisé trois méthodes principales pour suivre les déplacements des oiseaux et compléter les données actuelles sur la population : les enregistreurs de luminosité, les isotopes stables de l’hydrogène et la génétique des populations.
Les enregistreurs de luminosité sont de petits appareils électroniques qui enregistrent l’intensité lumineuse. Ils sont attachés aux oiseaux pour évaluer les emplacements quotidiens. Les isotopes fournissent une estimation de la croissance des plumes, révélant les aires de reproduction et les voies de vol.
Pour suivre la génétique, 266 oiseaux migrateurs capturés en France ont été génotypés à des fins de comparaison avec les données cartographiées des populations reproductrices en Europe.
Ensemble, ces méthodes ont permis aux chercheurs de séparer les populations d’ortolans de l’Est et de l’Ouest.
Ils ont découvert qu’environ un tiers des oiseaux qui migrent dans le sud-ouest de la France viennent du nord et ont conclu que la chasse française est en partie responsable de la diminution de leur nombre.
La modélisation de la dynamique des populations à l’aide de divers scénarios possibles a montré que le fait de survivre à la migration à travers la France réduirait considérablement le risque d’extinction des oiseaux.
Selon les chercheurs :
L’analyse a confirmé que les populations actuelles de bruants ortolans du Nord sont directement menacées d’extinction et ne pourraient pas persister sans une augmentation marquée du taux de survie.
Ainsi, grâce à cette étude, les autorités françaises disposent désormais de données scientifiques rigoureuses pour prendre une décision éclairée d’interdire définitivement la chasse au bruant ortolan, de surveiller activement le braconnage et d’augmenter les chances du bruant ortolan de survivre au changement global.
L’étude publiée dans Science Advances : Unravelling migration connectivity reveals unsustainable hunting of the declining ortolan bunting.
Cet bien un discour d’ecolo qui oubli de dire que la directive oiseau peut permettre de capturer 1% d’une espèce et que avec 30000 prises annuelles les chasseurs landais sont bien en dessous de ced chiffres.
C’est bien un discours de chasseur qui oublie de dire qu’on estime à 300 000 le nombre d’Ortolan traversant la France.
Capturer 1 oiseau sur 10 (au lieu d’1 sur 100) n’a donc rien à voir avec un « prélèvement négligeable ».
« With an average fledging success rate of 1.72 juveniles per pair (15), the fall flux in southwest France (the Atlantic route) should consist of an average of 300,000 migrants, including 138,000 fledged juveniles and 162,000 adults. »