Les grands requins blancs sont capables de tolérer les effets négatifs des métaux lourds
Le sang de grands requins blancs trouvé dans les eaux au large des côtes sud-africaines contient des quantités de métaux lourds qui seraient dangereusement toxiques pour d’autres formes de vie marine, selon une étude récemment publiée. Les résultats suggèrent que ces carnassiers ont une capacité intrinsèque à tolérer les effets négatifs des métaux lourds et que l’analyse sanguine pourrait être utilisée comme indicateur de la santé de l’écosystème marin dans lequel ils vivent.
Le grand requin blanc est sans aucun doute l’un des plus imposants habitants des profondeurs que l’on puisse espérer ne jamais rencontrer. Grâce en grande partie à leur représentation sur grand écran, ils sont essentiellement devenus les croque-mitaines de l’océan, et en apparence du moins, ils sont à la hauteur. Les requins blancs peuvent atteindre une longueur de 6 m et sont réputés pour leurs grands yeux morts et leurs rangées de dents dentelées.
Bien qu’il faille s’en méfier, la réalité est que ces poids lourds océaniques attaquent rarement les humains, et il en va de même pour les requins en général. Selon l’International Shark Attack File du Florida Museum, il n’y a eu que 130 incidents d’interaction entre requins et humains en 2018.
Les requins blancs jouent un rôle important dans leur écosystème, et le déclin de leur population au cours des dernières années est une source de sérieuses préoccupations. Outre la dégradation de l’environnement, les prédateurs sont souvent pris au piège dans les filets de pêche et sont activement chassés par les humains qui apprécient leurs nageoires et leurs dents.
Le sang utilisé dans l’étude provient de 43 grands requins blancs capturés au large des côtes de l’Afrique du Sud en 2012. Chaque prédateur a été soigneusement élevé dans un enclos spécial, permettant aux scientifiques de prendre des échantillons de sang et d’autres mesures avant de marquer les requins et de les remettre indemnes dans leur habitat marin.
(Université de Miami/ Rosenstiel School of Marine and Atmospheric Science)
Dans le cadre de la nouvelle étude, les chercheurs ont examiné les échantillons de sang pour déterminer les concentrations de 12 oligo-éléments et de 14 métaux lourds. Les résultats ont montré des concentrations élevées de métaux, dont le mercure et l’arsenic, qui ne correspondaient pas au sexe, à la taille ou à l’état physique du requin.
De fortes concentrations de métaux lourds dans le sang des animaux marins peuvent entraîner un large éventail de problèmes de santé, notamment un déclin neurologique ou un affaiblissement du système immunitaire. Cependant, alors que les niveaux élevés de métaux lourds dans les échantillons de sang de requin auraient été toxiques pour de nombreux autres vertébrés marins, les chercheurs n’ont pu trouver aucun effet négatif sur les grands blancs.
Selon Liza Merly, auteur principal de l’étude et maître de conférences à l’université de Miami (Rosenstiel School of Marine and Atmospheric Science) :
Les résultats suggèrent que les requins pourraient avoir un mécanisme de protection physiologique inhérent qui atténue les effets nocifs de l’exposition aux métaux lourds.
L’analyse du sang de requin pourrait également servir d’indicateur de la santé de l’écosystème marin où vivent les prédateurs. Les grands blancs se nourrissent de poissons plus bas dans la chaîne alimentaire, et les toxines trouvées dans la nouvelle étude ont probablement été absorbées par leur nourriture, dont certaines sont également pêchées et consommées par les humains.
L’équipe croit que la recherche a établi une base de référence pour les niveaux de métaux lourds dans le sang des grands requins blancs, et elle a ouvert la porte à de nouvelles études de ces leviathans océaniques.
L’étude publiée dans Marine Pollution Bulletin : Blood plasma levels of heavy metals and trace elements in white sharks (Carcharodon carcharias) and potential health consequences et présentée sur le site de l’université de Miami : New study finds Great white sharks with high levels of mercury, arsenic and lead in their blood.