Le fossile d’un oiseau de 110 millions d’années qui n’aura pas réussi à pondre son œuf
Un fossile écrasé comme une crêpe, déterré dans le nord-ouest de la Chine, contient à la fois un oiseau et son œuf pas encore pondu. Le fossile comporte également un os médullaire, un type de tissu spécifique qui sert de réserve de calcium facilement disponible pour la coquille de l’œuf. C’est la première fois que les scientifiques trouvent un tel os et un œuf ensemble dans le même fossile. Ironiquement, pour les chercheurs, c’est l’œuf qui semble avoir tué la mère.
Image d’entête : Photographie de l’holotype d’Avimaia schweitzerae. (Barbara Marrs)
La nouvelle espèce, appelée Avimaia schweitzerae, appartient à une famille d’anciens oiseaux appelés Enantiornithes, qui vivaient aux côtés de leurs cousins dinosaures pendant plus de 100 millions d’années.
Reconstitution de la Formation de Xiagou avec nidification d’Avimaia schweitzerae. La femelle morte dans l’eau représente l’individu fossilisé décrit ici. (Michael Rothman)
Les énantiornithes étaient largement répandus à travers le monde, avec des restes trouvés en Argentine, en Amérique du Nord, au Mexique, en Mongolie, en Australie, en Espagne et en Chine. Les paléontologues s’intéressent particulièrement à cette espèce, car elle présente des caractéristiques à la fois spécialisées et primitives, ce qui suggère qu’elles représentent une branche évolutive latérale des débuts de l’évolution aviaire.
Les paléontologues de l’Académie chinoise des sciences (Institute of Vertebrate Paleontology and Paleoanthropology) ont trouvé des fragments de coquille d’œuf conservés le long du squelette fossilisé de l’ancien oiseau. Ces fragments ont été détectés à l’intérieur de l’abdomen de l’échantillon, présentant des parties de la membrane et de la cuticule de l’œuf (une couche externe constituée de protéines qui recouvre la surface de l’œuf et parsemée de pores qui permettent à l’air de pénétrer à l’intérieur pour le poussin en croissance). Le chercheur a également détecté de petits minéraux faits de phosphate de calcium que l’on trouve généralement chez les oiseaux qui enterrent leurs œufs.
A partir de l’étude : l’holotype d’Avimaia schweitzerae. (Alida M. Bailleul et coll./ Nature Communications)
De précédentes analyses suggèrent que les énantiornithes enterraient leurs œufs, et ces dernières découvertes ajoutent encore plus de poids à cette hypothèse.
En même temps, cette coquille d’œuf particulière présente des caractéristiques inhabituelles. La coquille est trop mince et on dirait qu’elle avait deux couches au lieu d’une. Cela suggère que la mère oiseau a vécue une rétention d’œufs, lorsqu’un ovule met plus de temps que d’habitude à s’échapper de l’appareil reproducteur, et c’est peut-être ce qui l’a finalement tué.
L’analyse a également montré que l’Avimaia schweitzerae avait un tissu reproducteur appelé os médullaire, ce qui en fait le seul fossile du mésozoïque présentant ce type de structure. Auparavant, les scientifiques avaient soutenu que ce tissu devait être présent chez d’autres oiseaux fossiles, ainsi que chez les dinosaures et les ptérosaures, mais jusqu’à présent cette identification s’est avérée ambiguë.
L’étude publiée dans Nature Communications : An Early Cretaceous enantiornithine (Aves) preserving an unlaid egg and probable medullary bone et présentée sur le site de l’Institute of Vertebrate Paleontology and Paleoanthropology de l’Académie chinoise des sciences : New Cretaceous Fossil Sheds Light on Avian Reproduction.