Les néanderthaliens n’avaient pas la posture de singe qu’on leur a donnée
Les Néandertaliens ont une image qu’ils ne méritent pas. Recroquevillés et poilus, ces anciens hominidés sont souvent dépeints comme primitifs et incultes, ressemblant plus à des singes que nous. Mais de plus en plus de preuves suggèrent qu’en réalité, nous partageons plus de similitudes que de différences. Et l’une des caractéristiques les plus célèbres des Néandertaliens est en fait fausse.
Après plus d’un siècle de points de vue différents, une nouvelle étude a confirmé que les Néandertaliens marchaient autrefois debout, avec une posture semblable à la nôtre. Ils n’étaient finalement pas voûtés.
La réanalyse est basée sur un homme de Néandertal âgé qui a été trouvé à La Chapelle-aux-Saints, en France, en 1911. En créant une reconstitution virtuelle du bassin et de la colonne vertébrale de l’ancien squelette, les auteurs affirment que le stress sur la hanche et la position du bassin ne sont pas si différents des humains modernes.
Image d’entête : l’ancienne (à gauche) et la nouvelle reconstruction de la colonne vertébrale néandertalienne. (M. Häusler UZH/ Been et coll./ Human Paleontology and Prehistory)
Lorsque la recherche a été étendue à d’autres squelettes néandertaliens, les vertèbres et les os pelviens correspondaient également à ce modèle. Autrefois considéré comme une caractéristique de l’homme moderne, cela suggère que la courbe du bas du dos n’est finalement pas si unique.
Pour Martin Haeusler, spécialiste en médecine évolutionniste à l’université de Zurich :
Dans l’ensemble, il n’y a guère de preuves qui permettent d’affirmer que les Néandertaliens ont une anatomie fondamentalement différente.
Si les Néandertaliens avaient vraiment une posture semblable à celle des humains, ils auraient eu besoin d’une colonne vertébrale en forme de S comme la nôtre. Ces courbes existent pour supporter la majorité du poids et des chocs que l’on confère en marchant. Mais des études récentes utilisant des vertèbres isolées ont montré que les Néandertaliens avaient des rachis plus droits qu’estimés, ce qui confirmait l’idée que les Néandertaliens étaient arc-boutés.
La nouvelle recherche, cependant, suggère que cette conclusion est une erreur.
En examinant l’usure des vertèbres du Néandertal de différentes sources, les chercheurs ont pu reconstituer ce qu’ils pensaient être leur vraie posture à l’aide de simulations informatiques.
Reconstruction virtuelle du squelette de La Chapelle-aux-Saints, basée sur des scans de surface 3D haute résolution de la colonne vertébrale et du bassin. (Martin Häusler/ UZH)
Ils ont découvert que le sacrum, l’os qui stabilise le bassin, est incliné dans la même direction que chez l’homme. C’est l’os en forme de triangle qui supporte tout le poids du haut du corps, donc sa position peut en dire long sur la façon dont la locomotion se serait effectuée. Avec le sacrum incliné vers l’intérieur, comme on peut le voir ci-dessous, les chercheurs concluent que les Néandertaliens devaient avoir une courbe bien développée dans le bas de leur dos.
(M. Häusler UZH/ Been et coll./ Human Paleontology and Prehistory)
Après avoir également examiné les vertèbres du cou, les chercheurs ont trouvé des preuves que les Néandertaliens avaient une double courbe en forme de S semblable à celle des humains, avec une courbe dans le cou et l’autre dans le bas du dos.
Au fur et à mesure que les preuves s’accumulent, les scientifiques se rendent compte qu’il y avait moins de différences entre l’anatomie des humains et celle de leurs anciens cousins hominidés que nous ne le pensions.
Selon Haeusler :
Le moment est venu de reconnaître les similitudes fondamentales entre les Néandertaliens et les humains modernes et de se concentrer sur les subtils changements biologiques et comportementaux qui se sont produits chez les humains à la fin du Pléistocène.
L’étude publiée dans PNAS : Morphology, pathology, and the vertebral posture of the La Chapelle-aux-Saints Neandertal et présentée sur le site de l’université de Zurich : Neanderthals Walked Upright Just Like the Humans of Today.