Fin de la théorie du double nazi : une analyse ADN prouve que le "Prisonnier n°7" de Spandau était bien Rudolf Hess
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Un mystère vieux de 70 ans a pris fin suite à l’analyse ADN qui a prouvé que l’homme connu sous le nom de « Prisonnier n°7 », qui a passé plus de 40 ans dans la prison de Spandau à Berlin, était vraiment le nazi Rudolf Hess et non un imposteur. En comparant un échantillon de sang prélevé sur Hess avec l’ADN d’un parent masculin, des chercheurs du Walter Reed Army Medical Center et de l’université de Salzbourg (Autriche) ont trouvé une correspondance positive avec une probabilité de 99,99 %.
Image d’entête : Adolf Hitler et Rudolf Hess à Munich, 1936.
Le 10 mai 1941, l’une des histoires les plus étranges de la Seconde Guerre mondiale commence. Alors que la nuit approchait, le ministre nazi du Führer, Rudolf Hess, a décollé d’un aérodrome d’Augsbourg-Haunstetten, en Allemagne, à bord d’un avion de chasse Messerschmitt Bf-110 et il a survolé la mer du Nord jusqu’en Écosse, où il s’est enfui en parachute.
La raison pour laquelle le deuxième homme le plus puissant de la hiérarchie nazie a fait une telle chose s’est révélée encore plus étrange lorsqu’il a été interrogé par les autorités britanniques. Il s’est avéré que Hess, craignant que l’Allemagne ne soit prise dans une guerre à deux fronts entre la Grande-Bretagne et la Russie, a décidé d’effectuer un vol totalement non autorisé au-dessus des lignes ennemies pour négocier un accord de paix.
Le résultat fut bien inférieur à ce que Hess avait espéré. En apprenant l’existence du vol après le départ de Hess, Hitler rejeta catégoriquement la mission et ordonna de tirer sur Hess s’il tombait entre leurs mains. Hess lui-même fut arrêté par les Britanniques et incarcéré dans la Tour de Londres en tant que prisonnier de guerre.
Après la capitulation de l’Allemagne en 1945, il a été livré aux procès pour crimes de guerre à Nuremberg, où il a été reconnu non coupable de crimes de guerre, mais coupable de crimes contre la paix et condamné à vie à Spandau, qui était une prison spéciale pour les hauts nazis sous contrôle conjoint américain, britannique, français et soviétique. Hess est resté à Spandau jusqu’à ce qu’il meure d’un suicide apparent à l’âge de 93 ans, le 17 août 1987, à cette époque, il avait été le seul détenu pendant des décennies.
Rudolph Hess en prison en 1945 (US Army Signal Corps)
Mais ce qui a rendu toute l’histoire si bizarre, c’est qu’une théorie de conspiration est apparue peu après sa capture. L’homme qui est mort à Spandau était-il vraiment Rudolf Hess ou était-il un imposteur ? Si c’était un imposteur, qui l’a créé ? Les Allemands ? Les Britanniques ? Et pourquoi ? A-t-il participé à une grande supercherie ou à une simple dissimulation du meurtre de Hess par l’un ou l’autre camp ?
C’était une idée qui avait plusieurs origines, à commencer par la fuite vers l’Écosse. Pourquoi un nazi de haut rang ferait-il une telle chose ? Puis, après la guerre, il a été rapporté que les services de renseignements britanniques avaient vraiment envisagé de créer un faux Hess pour embrouiller les Allemands en mettant un double dans son uniforme capturé. Cela faisait-il partie de la conspiration ?
Cette situation a été exacerbée par d’autres facteurs, tels que les différences physiques entre le prisonnier n° 7 et le Hess d’avant-guerre, le fait qu’il prétendait souffrir d’amnésie pendant son procès, des questions de santé mentale, des changements dans sa sexualité, son refus de rencontrer ses proches jusqu’en 1969 et le refus total des Soviétiques de le laisser sortir alors qu’il était le seul détenu restant à Spandau depuis 20 ans. Même sa mort s’est transformée en pâture à la théorie de la conspiration en affirmant qu’il ne s’était pas pendu avec le fil électrique flexible d’une lampe, mais qu’il avait été assassiné.
Et ce n’était pas une théorie totalement dénuée de sens. Le président Roosevelt doutait de l’identité de Hess, tout comme Allen Dulles du Bureau des services stratégiques (OSS), l’agence de renseignement du gouvernement des États-Unis et Hugh Thomas, médecin de la prison de Hess à Spandau, qui a affirmé que le prisonnier n’avait pas les cicatrices thoraciques de Hess et que sa dentition avait été modifiée.
Bien qu’une grande partie des preuves matérielles aient été réfutées depuis, la question de l’identité de Hess n’a pas été tranchée. Pire encore, l’ordre de faire incinérer et disperser ses restes en mer pour éviter que sa tombe ne devienne un sanctuaire néonazi a détruit la preuve la plus concluante.
Cependant, en 1982, l’un des chercheurs du projet ADN (DNA project) avait travaillé comme médecin à Spandau et il avait prélevé du sang du prisonnier n° 7 pour un examen de routine. Ce sang a été scellé hermétiquement sur une lame et conservé plus tard à des fins d’examen par le médecin, qui en a encore la garde.
La lame (avant-arrière) contenant le sang de Rudolf Hess. (Sherman McCall et coll./ Forensic Science International Genetics)
Selon l’équipe, une longue recherche policière a permis de retrouver certains membres de la famille de Hess et des échantillons d’ADN ont été prélevés sur un parent masculin (dont l’identité n’a pas été révélée), avec une lignée paternelle collatérale non rompue avec Rudolf Hess. Ces écouvillons et l’ADN de l’échantillon de sang ont été soumis à une analyse ADN et statistique, ce qui a permis d’établir une correspondance entre des marqueurs génétiques pertinents et elle a confirmé que le prisonnier no 7 était Rudolf Hess, sans marge d’erreur.
L’étude publiée dans Forensic Science International Genetics : Rudolf Hess – The Doppelgänger Conspiracy Theory Disproved.