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Théorie : et si Oumuamua, l’objet interstellaire qui a visité notre système solaire, était une sonde extraterrestre ?

12 Nov 2018 | 1 commentaire

Cet article appartient à une petite sélection de l’activité scientifique publiée la semaine dernière, cette dernière fut consacrée à l’appel aux dons du Guru qui n’est malheureusement pas terminé (l’appel aux dons bien sûr… ).

Il y a un an, en octobre 2017, des astronomes ont détecté le premier visiteur interstellaire confirmé dans notre système solaire, un astéroïde nommé Oumuamua. Son nom vient de l’hawaïen pour  » éclaireur « , comme si l’astéroïde était un messager d’un système distant. Un nom hawaïen a été choisi parce que l’objet a été découvert par le Panoramic Survey Telescope and Rapid Response System-1 (Pan-STARRS-1) à Hawaii. Il n’a pas été difficile de déterminer si Oumuamua était un objet interstellaire, en se basant sur sa trajectoire. Il se déplaçait très vite, trop vite pour tout objet provenant de notre propre système. Sa vitesse le sortirait aussi de notre système, il se déplaçait trop vite pour être capturé par la gravité de notre soleil.

Les astronomes analysant soigneusement la trajectoire d’Oumuamua ont découvert (et publié leurs résultats en juin 2018) que son accélération ne pouvait s’expliquer entièrement par la gravité. Une certaine force poussait, toujours un peu, l’objet. Cette accélération pourrait s’expliquer par le dégazage, s’il y avait des volatiles sur Oumuamua qui s’échauffaient à mesure qu’il se rapprochait du soleil. Ces gaz seraient comme de minuscules moteurs de fusée. Les observations de l’objet n’ont pas détecté de queue en forme de comète, c’est pourquoi on pensait qu’il s’agissait d’un astéroïde. Mais si cette nouvelle observation était correcte, il y aurait les glaces et les gaz associés à une comète.

Oumuamua a été découverte 40 jours après son approche la plus proche du soleil, alors qu’il était déjà en train de sortir de notre système solaire. À ce moment-là, il aurait dû ralentir un peu sous l’effet de la gravité du soleil, mais au lieu de cela, il a un peu augmenté sa vitesse. Cela pourrait s’expliquer par le dégazage causé par la chaleur du soleil.

Cela a mené à un débat sur la question de savoir si Oumuamua était un astéroïde avec une petite quantité de glace, ou une comète qui avait perdu la majeure partie de sa glace. Il semble que l’objet existe dans la zone floue entre l’astéroïde et la comète. De plus, une analyse approfondie a montré qu’Oumuamua est très allongé (souvent décrit comme « en forme de cigare ») et s’affaisse brusquement d’un bout à l’autre.

La semaine dernière, Shmuel Bialy et le professeur Abraham Loeb ont publié un document dans l’espoir de faire avancer le débat dans une autre direction. Ils offrent une hypothèse alternative au dégazage cométaire, que l’accélération d’Oumuamua était due à un effet « voile solaire ». Leur principal argument est d’ordre technique :

Si Oumuamua était en fait une comète, pourquoi n’a-t-elle pas connu le dégazage alors qu’elle était la plus proche de notre soleil ? De plus, ils citent d’autres recherches qui ont montré que si le dégazage était responsable de l’accélération, il aurait également provoqué une évolution rapide de la rotation d’Oumuamua (qui n’a pas été observée).

Ils expliquent plus en détail :

Nous expliquons l’accélération excessive d’Oumuamua loin du soleil en raison de la force que la lumière du soleil exerce sur sa surface. Pour que cette force explique l’excès d’accélération mesuré, l’objet doit être extrêmement mince, d’environ une fraction de millimètre d’épaisseur, mais de dizaines de mètres de longueur. Cela rend l’objet léger par rapport à sa surface et lui permet d’agir comme une voile légère. Son origine peut être naturelle (dans le milieu interstellaire ou les disques protoplanétaires) ou artificielle (comme une sonde envoyée pour une mission de reconnaissance dans la région interne du système solaire).

Ainsi, si Oumuamua a une certaine forme, principalement un rapport suffisant de la surface sur la masse totale (c’est-à-dire qu’il doit être très mince), alors la pression du vent solaire pourrait expliquer son accélération. Ils ajoutent deux façons possibles d’obtenir cette forme : soit par des forces naturelles, soit par une conception, ce qui en fait un artefact extraterrestre.

Représentation d’Oumuamua. (ESO/ M. Kornmesser)

Dans leur étude/ théorie, ils calculent qu’un tel objet (aussi mince) pourrait survivre dans l’espace interstellaire. Ceci rend l’hypothèse de la voile solaire au moins plausible. Mais en fait leur argument le plus intéressant est le fait qu’Oumuamua se trouvait à 0,25 UA du soleil et 0,15 UA de la Terre. Si c’était aléatoire, ils calculent que les systèmes stellaires devraient en moyenne éjecter 1015 de ces objets, ce qui est 100 millions de fois plus que prévus. Cela signifie que notre rencontre fortuite avec Oumuamua avait une chance sur 100 millions de se produire, c’est comme gagner à la loterie interstellaire.

Mais en allant plus loin, nous n’avons pas détecté Oumuamua jusqu’à ce qu’il ait déjà passé le soleil. Ce fut une chanceuse rencontre, nous aurions pu facilement le rater. Cela signifie que nous pourrions manquer d’autres objets de ce genre. Bialy et Loeb résolvent le problème de la « loterie interstellaire » en faisant valoir qu’Oumuamua pourrait être une sonde extraterrestre, c’est pourquoi il nous visait délibérément, peut-être pour examiner la Terre à la recherche de signes de vie.

Il faut savoir que chaque fois que les astronomes voient quelque chose d’étrange, ou quelque chose qu’ils ne peuvent pas tout à fait expliquer, quelqu’un soulève l’hypothèse extraterrestre. Jusqu’à présent, chaque fois une explication naturelle a été trouvée. Cela ne veut pas dire qu’à un moment donné, nous ne rencontrerons pas un phénomène véritablement étranger, cela signifie simplement que nous devrions être sceptiques et ne pas sauter trop vite sur l’hypothèse extraterrestre.

Les astronomes ont pointé des radiotélescopes vers Oumuamua, pour constater qu’il n’émettait aucun signal radio. Bialy et Loeb soutiennent qu’il s’agissait peut-être d’une sonde extraterrestre disparue, d’une épave, mais ce n’est qu’une supposition. L’absence d’émissions radio ne signifie pas qu’il ne s’agit pas d’une sonde extraterrestre , elle n’utiliserait pas nécessairement une technologie qui nous soit reconnaissable. Mais quand même, nous n’avons aucune preuve que Oumuamua était technologique.

D’autres scientifiques furent sceptiques à l’égard du document. Les sources citées dans un article de NBC sont également sceptiques à l’égard du document. Pour Coryn Bailer-Jones, astronome à l’Institut Max Planck d’astronomie en Allemagne :

Nous devons nous demander où sont les preuves et non pas où est le manque de preuves pour que je puisse répondre à toutes les hypothèses qui me plaisent.

Selon un autre astronome, Seth Shostak de l’Institut SETI :

Même si l’hypothèse est « ingénieuse », il ne faut pas accepter une hypothèse farfelue quand une hypothèse plus probable, que l’objet était une comète ou un astéroïde, n’a pas été complètement écartée.

Ce qui est clair, c’est qu’Oumuamua est un objet interstellaire. Il sort actuellement de notre système et, dans 3 ans, il traversera l’orbite de Neptune. Dans 11 000 ans, il sera à une année-lumière d’ici.

Finalement (probablement) comme la plupart de ces rencontres astronomiques ponctuelles, le débat sera réglé lorsque nous rencontrerons d’autres exemples. S’il s’agissait simplement d’une rencontre aléatoire avec une comète ou un astéroïde interstellaire ordinaire, nous devrions en rencontrer d’autres. À l’heure actuelle, nous avons un seul point de données. Lorsque nous en aurons plus, nous serons en mesure de faire des déclarations plus éclairées sur cette probabilité.

L’étude en prépublication sur arXiv (PDF) : COULD SOLAR RADIATION PRESSURE EXPLAIN ‘OUMUAMUA’S PECULIAR ACCELERATION?

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