Départ réussi pour le long et périlleux périple de la sonde BepiColombo à destination de Mercure
La première mission de l’Agence Spatiale Européenne (ESA) vers la planète Mercure a décollé cette nuit du centre spatial européen de Kourou, en Guyane française. Le 20 octobre, la sonde spatiale BepiColombo s’est élevé dans la nuit au sommet d’un propulseur Ariane 5 pour le début d’un voyage qui prendra 7 ans pour une distance totale de 9 milliards de km afin de parcourir les 240 millions de km entre la Terre et la planète la plus proche du Soleil.
Image d’entête : représentation artistique de la sonde BepiColumbo à proximité de Mercure. Ci-dessous, une fusée Ariane 5 lance la mission BepiColombo depuis le centre spatial européen de Kourou, en Guyane française.(ESA)
La mission BepiColumbo porte le nom du mathématicien et ingénieur italien Giuseppe « Bepi » Colombo (1920 – 1984). Il est surtout connu pour ses descriptions du lien entre l’orbite de Mercure et sa rotation ainsi que pour ses calculs de trajectoires pour la mission Mariner 10 de la NASA dans les années 1970 vers Vénus et Mercure.
Sous un ciel partiellement nuageux, la mission conjointe ESA-JAXA a effectué un lancement presque parfait. Deux minutes après le début du vol, les deux propulseurs se sont détachés du premier étage d’Ariane 5 et le carénage protégeant la sonde s’est séparé une minute plus tard.
Au bout de 9 minutes, l’étage principal s’est éteint et s’est détaché, laissant BepiColumbo, son module de transfert, et l’étage supérieur en orbite terrestre basse avant l’activation de l’étage supérieur pour s’échapper de la gravité terrestre. La séparation de l’engin spatial s’est produite 27 minutes après le décollage. Les premiers signaux indiquant que la sonde est active et fonctionnelle sont apparus à la 40e minute alors qu’elle passait au-dessus des stations au sol qui suivaient le vol.
Selon l’ESA, les panneaux solaires qui alimentent la mission sur la plus petite planète du système solaire se déploieront 74 minutes après le lancement et les instruments commenceront à se déployer dans les 18 heures. La sonde subira ensuite 3 jours de vérification de ses systèmes alors qu’elle se dirige vers l’espace interplanétaire avant que les principaux propulseurs ioniques du module de transfert ne s’activent.
En raison de l’attraction gravitationnelle massive du Soleil, l’énergie nécessaire pour atteindre Mercure équivaut à celle nécessaire pour atteindre Pluton. La puissance d’Ariane 5 est loin d’être suffisante pour atteindre cet objectif, pas plus que celle des propulseurs ioniques embarqués, mais BepiColumbo atteindra la vitesse nécessaire grâce à une série de manœuvres de fronde gravitationnelle impliquant un survol de la Terre en avril 2020, deux de Vénus en octobre 2020 et août 2021, et six de Mercure entre 2021 et 2025, avant que la sonde arrive finalement en orbite le 5 décembre 2025.
Une fois que BepiColumbo sera en position, elle se divisera en deux orbiteurs distincts, l’orbiteur MPO (Mercury Planetary Orbiter) de l’ESA et L’orbiteur magnétosphérique (MMO) de la JAXA. La première fois qu’une paire d’engins spatiaux est envoyée à proximité de Mercure, ils effectueront des études complémentaires de la planète pour en apprendre davantage sur sa structure, son champ magnétique et son atmosphère quasi inexistante.
Pour se protéger contre l’intense rayonnement solaire à 113 millions de km du Soleil, les deux sondes garderont leurs panneaux solaires à un angle oblique par rapport à la lumière solaire. Le MPO sera protégé par un écran solaire, tandis que le MMO continuera à tourner pour maintenir une température constante.
Sur le site de l’ESA : BepiColombo blasts off to investigate Mercurys mysteries et du DLR : BepiColombo mission: The long voyage to Mercury.