Les colonies de termites n’ont apparemment plus besoin des mâles pour prospérer
Certaines espèces de termites se reproduisent asexuellement à l’occasion, mais la plupart du temps, elles semblent faire les choses à l’ancienne. Mais la nature, toujours à la recherche de moyens plus efficaces pour se rendre d’un point A à un point B, est peut-être en train d’éliminer certaines étapes inutiles du processus, à savoir les mâles. Des chercheurs ont maintenant trouvé des colonies sans termites mâles et elles semblent prospérer.
Image d’entête : fondation d’une colonie coopérative par de multiples reines d’une population féminine asexuée de termites Glyptotermes nakajimai. (université de Sydney)
Contrairement à d’autres insectes coloniaux, comme les fourmis et les abeilles qui sont essentiellement toutes des femelles, les termites ont généralement un mélange des deux sexes. Au sommet se trouvent une reine et un roi, qui s’affairent à produire les milliers d’ouvrières qui composent la population. Mais il est intéressant de noter qu’il y a quelques années, une étude a révélé que si les ouvrières sont nées d’un papa et d’une maman, les reines peuvent aussi abandonner le roi et reproduire de nouvelles reines par voie asexuée.
Mais l’étendue de la reproduction asexuée chez les termites n’a pas été bien comprise. Dans cette nouvelle étude, les chercheurs ont examiné 10 populations d’une espèce japonaise connue sous le nom de Glyptotermes nakajimai, et ils ont été surpris de constater que 6 de ces colonies étaient entièrement composées de femelles asexuées.
En y regardant de plus près, l’équipe a constaté qu’il ne s’agissait pas non plus d’un cas d’influence masculine persistante. Les reines de ces colonies n’avaient pas de spermatozoïdes stockés lors de précédentes rencontres et leurs ovules n’étaient pas fécondés. Il est important de noter que le taux d’éclosion de ces œufs non fécondés n’était pas moins élevé que celui des œufs fécondés dans les colonies mixtes, ce qui soulève la question de savoir à quoi servent les mâles dans ces communautés.
(U.S. Department of Agriculture/Scott Bauer)
Selon Nathan Lo, un des auteurs de l’étude :
Ces résultats démontrent que les mâles ne sont pas essentiels au maintien des sociétés animales dans lesquelles ils jouaient auparavant un rôle social actif.
Les chercheurs disent que ce club de filles pourrait être une adaptation évolutive. Même les espèces sexuellement reproductrices produisent occasionnellement une progéniture à partir d’œufs non fécondés, ce qui aurait pu conduire à des populations totalement asexuées au fil du temps. L’équipe a réussi à retracer l’histoire génétique de ces colonies asexuées jusqu’à il y a 14 millions d’années, quand elles se sont séparées pour la dernière fois des espèces sexuelles.
Alors que la plupart d’entre nous auraient besoin d’une assez bonne raison pour abandonner l’activité sexuelle, selon les chercheurs, l’abstinence a aidé les colonies à mieux s’adapter aux nouveaux environnements. Ils semblent également que cela soit plus efficace pour défendre la colonie, avec une taille de tête plus uniforme et moins de soldats que les autres groupes. Et pour couronner le tout, une fois les mâles éliminés, les colonies pouvaient mieux se répandre.
Toujours selon Lo :
Toutes choses étant égales par ailleurs, les populations asexuées croissent deux fois plus vite que les populations sexuelles parce que seules les femelles sont tenues de se reproduire. Ce taux de croissance accru des colonies permet aux populations de s’installer plus facilement dans de nouveaux environnements.
Les termites ne sont pas les seules espèces à ne pas avoir de relations sexuelles. Ces dernières années, des études se sont penchées sur ce genre de comportement chez les vers parasites, les salamandres, les cafards, les écrevisses et les requins léopards et de façon générale, les créatures qui la gardait sous le coude étaient toujours mieux loties que les autres.
L’étude publiée dans BMC Biology : Loss of males from mixed-sex societies in termites et présentées sur le site de l’université de Sydney : Sisters do it for themselves.