Vidéo : une reconstruction du mouvement complexe des nuages de Jupiter
La sonde Juno de la NASA nous a transmis d’incroyables images de Jupiter, avec une réserve un peu frustrante : à cause des limitations de transfert de données, elles sont, par nécessité, des images fixes. Récemment, un scientifique amateur a utilisé ces photographies pour extrapoler les mouvements des nuages de Jupiter, et les résultats sont tout simplement stupéfiants.
Gerald Eichstädt est membre de la Planetary Society et il y travaille comme mathématicien et traite les images Juno pendant son temps libre. Il a créé la vidéo à partir de deux images prises par la JunoCam le 1er avril de cette année.
Les photos ont été prises à environ 8 minutes et 41 secondes d’intervalle, à une distance de 24 749,4 kilomètres au-dessus du sommet des nuages. Elles montrent les volutes et les ondulations complexes des nuages tourmentés de Jupiter, qui se sont rompus lorsque l’orbiteur s’est éloigné du pôle Sud de la planète.
Eichstädt a reprojeté les deux images pour qu’elles puissent s’adapter au même point de vue. Cela lui a permis de les comparer directement, en mesurant plus précisément les changements dans les nuages. Il a ensuite modélisé le mouvement des pixels pour créer une animation sur la façon dont les nuages sont passés du point A au point B.
L’animation est plutôt “grossière” mais c’est avant tout une preuve de concept, précise Eichstädt. Avec plus d’images de Juno fournissant des points de données supplémentaires, une vidéo plus longue pourrait être extrapolée à un moment donné dans le futur.
Cette animation représente un « test de faisabilité”. Sur la base de ce travail initial, nous pouvons ajouter d’autres variables qui nous donneront une description plus détaillée et une compréhension physique de l’atmosphère de Jupiter.
Seán Doran, un autre scientifique citoyen de la Planetary Society et graphiste, a travaillé avec Eichstädt pour créer une image composite de Jupiter, la région montrant le pôle Sud de la planète (l’image ci-dessous met en évidence la région exacte).
(NASA/ JPL/ SwRI/ MSSS/ Gerald Eichstädt)
Comme l’image initiale prise par la JunoCam ne montre qu’une partie de la surface de la planète, Eichstädt a reproduit quatre autres images, également prises par JunoCam le long de la même trajectoire, pour s’adapter à la même géométrie d’observation.
Doran a ensuite traité l’image (lissage des bords, ajustement des couleurs, remplissage des espaces) pour la faire ressembler à un tout cohérent, plutôt qu’à une mosaïque.
Selon Doran :
Les particules énergétiques ont un impact sur la caméra et produisent des taches brillantes. Une fois le traitement terminé, j’ai dû corriger quelques centaines de ces pixels brillants.
Ces travaux présentés lors du RAS-Juno Europlanet Meeting 2018 (Londres) et sur le site de l’EuroPlanet : New views of Jupiter” showcases swirling clouds on giant planet.