Dans quelques mois, le chasseur d’exoplanètes Kepler tombera en panne de carburant

Depuis son déploiement en mars 2009, le télescope spatial Kepler fut d’une aide précieuse pour les chasseurs d’exoplanètes. Au 15 mars 2018, un total de 3 706 exoplanètes ont été confirmées, dont 2 649 ont été découvertes par Kepler. Dans le même temps, le télescope a subi quelques problèmes techniques qui ont été des défis à résoudre, comme la panne de deux de ses roues de réaction, qui ont gravement entravé la capacité du télescope à s’orienter et donc à mener à bien sa mission initiale.

Image d’entête : représentation du télescope spatial Kepler dans l’espace. (NASA/JPL-Caltech)

Néanmoins, l’équipe de la mission Kepler a été capable de ramener le télescope dans une configuration stabilisée en utilisant de petites quantités de carburant du propulseur pour compenser les roues défaillantes. Cette partie de la mission a été nommée mission K2 « Second Light » et malheureusement, après presque 4 ans de campagne d’observation K2, le télescope Kepler est maintenant à court de carburant. Sur la base de ce qui lui reste et de sa consommation actuelle, la NASA estime que la mission du télescope prendra fin dans quelques mois.

Sans jauge de gaz, les ingénieurs doivent se contenter des signes avant-coureurs d’une panne sèche, comme une baisse de la pression du réservoir de carburant et des changements dans les performances des propulseurs.

Pendant des années, le télescope spatial Kepler a localisé des planètes autour d’étoiles lointaines en utilisant la méthode de transit. Cela consiste à surveiller des étoiles pour tenter d’y détecter des baisse périodiques de leur luminosité, la plupart du temps causés par une planète passant (transitant) devant l’étoile. De toutes les méthodes utilisées pour la recherche d’exoplanètes, la méthode du transit est considérée comme la plus fiable, représentant un total de 2900 découvertes.

Représentation de la détection d’une exoplanète par la méthode du transit.

Naturellement, c’est une très mauvaise nouvelle pour les astronomes et les amateurs d’exoplanètes, mais avant de commencer à nous lamenter, nous devons garder en tête que la mission Kepler a duré beaucoup plus longtemps que prévu. Depuis le début de la campagne K2, le télescope a dû déplacer son champ de vision environ tous les 3 mois pour mener une nouvelle campagne d’observation.

Sur la base de leurs premières estimations, l’équipe de la mission Kepler pensait disposer de suffisamment de carburant pour mener 10 campagnes supplémentaires. Cependant, la mission a déjà complété 16 campagnes et l’équipe vient de commencer sa 17e.

Comme l’a expliqué Charlie Sobeck, un ingénieur système de la mission du télescope spatial Kepler :

Selon nos estimations actuelles, le réservoir de Kepler va s’assécher dans quelques mois, mais nous avons été surpris par sa performance avant ! Ainsi, alors que nous prévoyons que les opérations de vol se termineront bientôt, nous sommes prêts à continuer aussi longtemps que le carburant le permettra. L’équipe Kepler a l’intention de collecter autant de données scientifiques que possible dans le temps restant et de les renvoyer vers la Terre avant que la perte des propulseurs ne permette plus de diriger le télescope spatial pour le transfert de données. Nous avons même prévu de prendre quelques données d’étalonnage final avec les dernières gouttes de carburant, si l’occasion se présente.

Ainsi, alors que la mission devrait bientôt se terminer, l’équipe scientifique espère rassembler autant de données scientifiques que possible et utiliser les dernières gouttes de carburant pour pointer la sonde vers la Terre afin qu’elle les transmettent.

“La manœuvre finale” dans laquelle suffisamment de carburant doit être réservé pour effectuer une dernière action est pratique courante pour de nombreuses missions de la NASA. Par exemple, la mission Cassini devait se réserver du carburant pour descendre dans l’atmosphère de Saturne afin d’éviter la collision avec l’une de ses lunes et de contaminer un environnement potentiellement porteur de vie. Les satellites effectuent aussi régulièrement des manœuvres finales pour s’assurer qu’ils ne s’écrasent pas sur d’autres satellites ou ne tombent pas sur Terre.

Alors que des missions dans l’espace lointain comme Kepler ne risquent pas de s’écraser sur Terre ou de contaminer un environnement sensible, cette manœuvre est conçue pour garantir que l’équipe scientifique puisse extraire les dernières données de l’engin spatial. Donc, avant que la mission se termine, nous pouvons nous attendre à ce que ce chasseur de planètes nous réserve quelques surprises.

En février 2018, Kepler était encore à l’origine des…

Dans les années à venir, les télescopes de la prochaine génération se déplaceront dans l’espace pour reprendre là où Kepler et d’autres télescopes spatiaux se sont arrêtés. Il s’agit notamment du satellite Transiting Exoplanet Survey Satellite (TESS), qui effectuera des sondages sur le transport en commun peu après son lancement en avril 2018. D’ici 2019, le télescope spatial James Webb (JWST) utilisera également ses puissants instruments infrarouges pour entrer dans la chasse aux exoplanètes.

Sur le site de la NASA : NASA’s Kepler Spacecraft Nearing the End as Fuel Runs Low.