En tentant d’imiter la voix humaine les orques confirment qu’elles ne sont pas faites pour vivre en captivité
Une orque captive nommée Wikie est devenue le premier épaulard connu à produire de manière reconnaissable des sons qui ne font pas partie de son répertoire de naissance, comme des mots du langage humain tels que « hello » et « bye bye ».
Une équipe internationale de chercheurs vient de publier une étude démontrant des aptitudes à la parole de Wikie (en image d’entête), 14 ans, qui vit au parc Marineland d’Antibes, en France.
Les orques sont des mammifères marins remarquablement intelligents, ce qui les rend mortels pour leurs proies et, dans un cas rare et particulier, des chasseuses collaborant avec des humains. Cela en fait également et malheureusement une attraction populaire pour les parcs marins, car elles peuvent être formées, bien que cette pratique soit très controversée, les orques étant des animaux très sociaux. Ils vivent leur vie dans des groupes familiaux appelés pods, et la captivité du parc marin les soustrait à cet environnement naturel et force les animaux à cohabiter avec des étrangers. Cela semble particulièrement cruel quand on sait que les pods d’orques ont chacun leurs propres dialectes, que les scientifiques sont capables de distinguer en écoutant les appels.
Mais, comme l’a démontré un cas décrit en 2014, ces animaux sont également capables d’apprendre de nouveaux «dialectes» au besoin, même d’une autre espèce. Lorsqu’elles ont été hébergées avec des dauphins pendant 3 ans, les vocalisations des trois orques ont changé pour correspondre à celles des dauphins.
Le centre d’attention de cette dernière étude, Wikie, avait déjà été formée pour répondre à une commande «copy» (imite) dans le cadre de précédentes recherches sur l’apprentissage imitatif chez les orques. Grâce à cette commande, une équipe internationale de chercheurs a maintenant appris à Wikie à imiter une porte qui grince, dire (en anglais) bonjour et au revoir, et à répéter des numéros, tout en ayant la tête hors de l’eau.
C’est la première fois qu’une orque a été formé pour apprendre et répéter distinctement des sons humains. Auparavant, seuls trois autres mammifères ont été décrits : un éléphant en 2012, des phoques communs en 1985 et un béluga en 2012 (en écoute ci-dessous).
On a également observé un béluga apprendre à «parler le dauphin» dans un cas décrit l’an dernier.
Wikie fit l’objet d’une étude rapide. En utilisant à la fois des interactions et des enregistrements en direct, elle a généralement appris à répéter un mot, une phrase ou un son en 10 tentatives.
Ces imitations sont loin d’être parfaites, comme vous pouvez l’entendre dans l’extrait ci-dessous (ou sur cette page qui rassemble les extraits audio collectés lors de cette étude) mais les sons étaient toujours reconnaissables, à la fois par des évaluateurs indépendants et par l’analyse des fichiers sonores.
Pour être absolument clair, il n’y a aucune preuve que Wikie a compris les sons qu’elle produisait. Mais la recherche s’ajoute à un nombre croissant de preuves que certains cétacés, et les orques en particulier, sont capables de changer leurs vocalisations en réponse à l’écoute de nouveaux sons dans leur environnement. Cela renforce l’hypothèse que les dialectes orques indiquent d’un apprentissage social.
Selon les chercheurs :
Les résultats rapportés ici montrent que les épaulards ont développé la capacité de contrôler la production sonore et se qualifient comme des apprenants vocaux sans limitation.
De plus, compte tenu de l’état hautement dérivé de l’appareil de production de sons développé exclusivement par les cétacés, les capacités imitatives trouvées dans cette étude soulignent également la capacité de cette espèce à produire des correspondances précises de sons hétérospécifiques dans l’air.
L’étude publiée dans The Proceedings of the Royal Society B : Imitation of novel conspecific and human speech sounds in the killer whale (Orcinus orca).