Plus proche que jamais d’un vaccin, voire deux, contre le paludisme
Un nouveau vaccin contre le paludisme a montré jusqu’à 100 % d’efficacité dans des essais cliniques.
Le paludisme/ malaria tue toujours plus de 400 000 personnes chaque année, la plupart en Afrique et près des trois quarts des décès touchent les enfants de moins de cinq ans. l’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime qu’environ 214 millions de personnes ont été infectées uniquement pour l’année 2015.
Le paludisme est transmis par un groupe de parasites transmis par les moustiques. La plupart des infections et des décès sont causés par le parasite particulièrement virulent, Plasmodium falciparum.
Le potentiel vaccin introduit les parasites vivants du paludisme chez des patients, jumelés avec les médicaments nécessaires pour les combattre. Il a été administré à 67 humains en bonne santé et les 9 participants ayant reçu la dose la plus élevée ont été protégés à 100% contre la maladie pendant au moins 10 semaines après la vaccination.
Il s’agit seulement d’un essai clinique en phase II, qui vise à déterminer dans quelle mesure le vaccin fonctionne chez un petit groupe de personnes en bonne santé, ainsi qu’à tester les effets secondaires.
Mais ce qui est très positif, c’est que ce n’est pas le seul vaccin candidat actuellement à surmonter les essais cliniques.
L’année dernière, l’OMS a annoncé qu’un programme pilote impliquant le premier vaccin antipaludique autorisé au monde, le RTS,S/AS01 également connut sous le nom de Mosquirix qui sera déployé dans trois pays d’Afrique subsaharienne en 2018. Le Mosquirix a jusqu’ici prouvé être efficace jusqu’à 50 % chez les enfants, mais il est espéré que des essais plus poussés et des ajustements dans son dosage pourraient améliorer son efficacité.
Pour en revenir au nouveau vaccin candidat, appelé Sanaria® PfSPZ-CVac, il vient d’être autorisé à passer aux essais cliniques de phase II. Le processus de développement n’est pas aussi avancé que le Mosquirix, mais jusqu’à présent, il présente le potentiel d’être beaucoup plus efficace.
Indépendamment de celui qui finira par offrir une meilleure protection, la réalité est qu’après plus d’un siècle, nous sommes finalement très proches non pas d’un seul, mais de deux vaccins viables contre le paludisme.
Les précédents vaccins candidats, y compris le Mosquirix, ont été conçus pour protéger le corps contre cette maladie en introduisant différentes molécules du parasite. L’espoir est que ce “petit aperçu de la menace” suffirait à amener le système immunitaire à déclencher une attaque complète à la prochaine rencontre, mais jusqu’à présent, cette approche n’a pas prouvé être suffisamment efficace pour offrir 100 % de protection chez les humains.
Mais le dernier candidat à atteindre les essais cliniques a une stratégie différente. Le Sanaria® PfSPZ-CVac est inhabituel, car il contient tout le parasite vivant du paludisme, pas seulement des parties du pathogène ou des versions inactivées de celui-ci. Ces parasites ont été injectés dans le corps des participants à l’essai aux côtés de médicaments appelés chloroquine, connu pour tuer les parasites.
Le vaccin a été administré à 67 participants adultes en bonne santé qui n’avait jamais contracté le paludisme auparavant. Différentes doses du vaccin candidat ont été testées et la meilleure protection a été constatée chez 9 personnes qui ont reçu 3 fois la dose la plus élevée à des intervalles de 4 semaines.
Dix semaines après les essais, 9 d’entre eux présentaient 100 % de protection contre la maladie. Les chercheurs ont cessé de mesurer la réponse des anticorps à ce moment-là, mais les participants ont montré des signes de protection continue après.
Selon Peter Kremsner, l’un des chercheurs menant l’essai (German Centre for Infection Research – DZIF) :
Cette protection a été probablement causée par des lymphocytes T spécifiques et des réponses d’anticorps contre les parasites dans le foie.
Le foie est particulièrement important dans l’infection du paludisme, car après la piqure d’un moustique infecté, le parasite s’y propage et il s’y reproduit avant d’envahir le corps.
Cycle de vie du Plasmodium falciparum. (Nature Publishing Group)
Pendant ce temps d’arrêt dans le foie, le système immunitaire pourrait arrêter l’infection, mais le parasite ne rend pas la personne atteinte malade donc il ne fait rien. Les médicaments actuels, y compris la chloroquine, traitent le parasite dès qu’il émerge du foie, mais afin de vraiment nous en prémunir, nous devons arrêter le paludisme avant qu’il arrive au foie.
En injectant à des personnes un parasite actif directement dans leur circulation sanguine, le nouveau vaccin imite la deuxième partie de la maladie, donnant au corps un aperçu de ce qui va arriver, afin qu’il puisse l’arrêter dès le début.
Selon Benjamin Mordmueller leader de l’essai :
En vaccinant avec un agent pathogène vivant, pleinement actif, il semble clair que nous avons été en mesure de déclencher une très forte réponse immunitaire. En outre, toutes les données que nous avons jusqu’à présent indiquent que ce que nous avons ici est une protection à long terme relativement stable.
Le fait que le parasite soit injecté aux côtés de la chloroquine signifie également que les participants sont protégés contre le développement réel de la maladie. Alors que le groupe de neuf personnes ayant reçu la dose la plus élevée avait la meilleure protection contre la maladie, les doses plus faibles administrées à d’autres groupes ont atteint une efficacité comprise entre 33 et 67 %.
Le vaccin fonctionne à fortes doses et ne cause pas d’effets secondaires sur une période de 10 semaines.
L’étape suivante consiste à tester l’efficacité du vaccin sur plusieurs années, ce qui se passera lors d’un essai clinique de phase IV au Gabon déjà planifié et financé par le DZIF. Le Mosquirix a quant à lui terminé les essais cliniques de phase III et en 2018 il sera testé sur le grand public par l’OMS. Seul le temps indiquera du succès de l’un ou l’autre de ces vaccins.
Les résultats des essais ont été publiés dans Nature : Sterile protection against human malaria by chemoattenuated PfSPZ vaccine.