La NASA présente son plan pour visiter Europe, l’une des lunes les plus susceptibles d’abriter une vie extraterrestre
La NASA a décrit ce qui pourrait être la prochaine phase majeure dans la recherche de la vie dans notre système solaire. La Division des Sciences Planétaires (Planetary Science Division) de l’agence spatiale américaine s’est penchée sur la faisabilité de placer un atterrisseur sur la lune de Jupiter, Europe. Ils ont récemment présenté un rapport détaillé (lien plus bas) sur ce à quoi pourrait ressembler cette mission et comment ils chercheraient, directement sur place, des formes de vie extraterrestre.
Une version retraitée de la superbe image de la lune de Jupiter, Europe, obtenue par la sonde Galileo. (NASA)
La vie est l’une des choses les plus difficiles à rechercher dans l’espace car pour l’instant la Terre est le seul exemple que nous ayons d’une planète habitée. Une fois que nous quittons l’atmosphère, la question de quel type de forme de vie, s’il y en a une, pourrait être trouvé repose presque sur les mêmes hypothèses que l’on s’en est faites dans les années 50. La différence est qu’aujourd’hui les scientifiques bénéficient d’un savoir croissant issu des sciences de la biologie, de l’échec de la sonde Viking (1976) à trouver (également directement sur place) une vie sur Mars et de notre connaissance en perpétuelle évolution de la nature des autres corps dans le système solaire.
Tout comme la lune de Saturne, Encelade, Europe est considérée comme une cible de premier choix dans la recherche d’une vie extraterrestre, car elle est supposée renfermer, sous une épaisse couche de glace, un vaste océan salé qui entre en contact avec un plancher rocheux comme notre propre océan. Sur la Terre, le plancher marin diffuse l’énergie et les nutriments pour soutenir la vie, donc l’espoir est que la mer d’Europe dispose des mêmes avantages. Si l’océan abrite des formes de vie simples, les scientifiques espèrent que ces organismes pourraient atteindre la surface par le biais de panaches/ geysers en éruption, ou par d’autres mouvements de la glace.
Ci-dessous: représentation de l’océan qui se cache sous la surface d’Europe, s’infiltrant à travers certaines de ses fissures en surface. (NASA)
Avec cela à l’esprit, l’équipe de la NASA a été en mesure de fournir un rapport détaillé de 264 pages de ce à quoi pourrait ressembler une mission visant à atterrir sur Europe afin de vérifier si elle héberge une forme de vie. Prévue pour être lancée en 2024, la mission ferait suite à un survol prévu d’Europe (mission Europa Clipper), en ajustant ses besoins sur la base des données recueillies lors des nombreux survols de la lune.
Représentation artistique de la mission Europa Clipper avec la sonde approchant de sa cible dans l’un de ses nombreux survols. (NASA/JPL-Caltech)
Cet atterrissage serait l’un des plus ambitieux jamais tenté. Jupiter est à 735 millions de km d’ici et un signal radio prendrait 41 minutes pour atteindre Europe. Cela signifie que l’atterrissage devrait être complètement autonome, capable de se poser sans parachute sur cette lune sans air, dont on connait encore peu de chose et présentant peu de zones d’atterrissage convenables. De plus, c’est un environnement hautement radioactif ce qui n’est pas très bon pour notre électronique.
Mais la NASA en a sous le chapeau. Elle prévoit une mission de 20 à 40 jours, en fonction de l’utilisation des batteries primaires de 45 kWh de la sonde. Pendant ce temps, l’émetteur immobile renverrait des images, recueillerait des échantillons et les analyserait en utilisant une suite d’instruments, comprenant des spectromètres et un microscope capable d’identifier les cellules microbiennes.
Toujours selon la NASA, les instruments disponibles pour la mission seraient capables de détecter la vie à un niveau semblable à ce que l’on pourrait trouver sous l’épaisse couverture de glace du lac Vostok en Antarctique, qui est éternellement enfoui sous 3 900 à 4 200 m de glace.
Le second objectif consisterait à déterminer l’habitabilité d’Europe en analysant les matériaux à sa surface, en échantillonnant les minéraux non glacés et en évaluant la proximité de l’eau du lieu d’atterrissage qui pourrait apparaitre sous la forme de panaches d’eau, de fractures inondées et de lacs ou d’étendues d’eau proches de la surface. Il leur sera également important de confirmer que l’océan sous-glaciaire est bien en contact avec le noyau rocheux de la lune car, comme votre Guru vous l’indiquait plus haut, c’est ce contact avec la roche du noyau qui peut fournir l’énergie et les nutriments nécessaires à la vie.
Le dernier objectif sera d’évaluer la surface et le sous-sol pour enrichir de futures missions d’atterrissage en examinant la dynamique de la surface permettant d’améliorer la conception de la prochaine génération de sondes qui devront peut-être devoir accéder à l’océan sous-glaciaire.
La description de la mission dans le rapport de 264 pages rendu par la NASA (PDF): Europa Lander Mission et annoncée sur le site de la NASA : NASA Receives Science Report on Europa Lander Concept.