Il existe une bactérie qui se développe bien mieux dans l’espace… enfin, sans la gravité terrestre
Des scientifiques ont constaté que, des 48 souches inoffensives de bactéries qui ont été envoyées sur la Station spatiale internationale pour le Project MERRCURI, une souche s’est non seulement bien adaptée à son nouvel environnement en microgravité à quelque 400 km au-dessus de la Terre, mais c’est également son environnement préféré.
Selon la nouvelle étude, l’échantillon JPL-MERTA-8-2 de Bacillus safensis, une souche qui a été découverte pour la première fois sur l’une des astromobiles de la mission Mars Exploration Rovers au Centre spatial Kennedy en Floride, avant d’être lancé en 2004, présentait une croissance impressionnante, de 60 % plus élevée dans l’espace que les colonies de contrôle sur Terre et les chercheurs ne savent pas encore pourquoi.
La différence la plus évidente, entre les deux environnements, est la gravité, mais comme le souligne le principal auteur de cette nouvelle étude, David Coil, microbiologiste et chercheur à l’université de Californie, il est très improbable que la gravité fasse toute la différence pour les microbes, pris individuellement, car ils sont incroyablement petits. Donc la gravité n’est pas un « facteur déterminant sur leur métabolisme et leur physiologie au jour le jour ».
Mais peut-être que quelque chose d’imperceptible et qui ne s’applique pas à un individu peut avoir un effet significatif sur la communauté. David Coil pense que la microgravité est favorable à la croissance de la communauté, mais cela nécessite quelques expériences supplémentaires.
Il intéressant de noter que, alors que les 47 autres souches de bactéries ne se sont pas développées aussi bien que la B. safensis dans l’espace, elles ne semblent pas, non plus, en souffrir. La plupart avaient la même activité/ développement que sur Terre.
La prochaine étape consistera à effectuer des tests plus complexes, selon des facteurs spécifiques, pour tenter de limiter ce à quoi les microbes répondent le plus fortement. Coil et son équipe ont déjà séquencé le génome de la bactérie B. safensis pour les aider à déterminer leurs particularités.
La B. safensis est assez fascinante. Vous pourriez supposer que le nom de l’espèce (safensis avec safe = sûr) se réfère à ses qualités non pathogènes, mais elle a, en fait, obtenu son nom du Spacecraft Assembly Facility (SAF) qui donc assemble les véhicules spatiaux au Jet Propulsion Laboratory de la NASA, où elle a été découverte.
On pense qu’elle a atteint Mars en tant que passagères clandestines sur l’astromobile Opportunity, en 2004, car même si les scientifiques prennent de grandes précautions pour s’assurer que tout ce qu’ils envoient dans l’espace est “propre”, ils ne peuvent jamais garantir que chaque surface soit 100 % stérile.
Ces expériences à bord de l’ISS sont importantes, car nous avons besoin de savoir ce qu’il adviendrait de ces minuscules créatures au cas où elles se retrouveraient sur une autre planète ou lune.
Et si nous colonisons la Lune, dans la prochaine décennie, peut-être que les espèces qui semblent apprécier ce genre d’environnement pourraient nous être utile.
L’étude publiée dans PeerJ : Growth of 48 built environment bacterial isolates on board the International Space Station (ISS).
Ce que ne précise pas l’article c’est quel est le support des souches. C’est peut être un liquide ou un gel avec différents solutés, et ce pourraient être eux qui sont affectés par la microgravité et non les bactéries qui se trouveraient alors dans un environnement nourricier (ou autre) plus favorable.
Je pense qu’il reste un gros boulot d’analyse à faire.