Les mâles d’une nouvelle espèce d’araignée sauteuse sondent dans l’ombre le désir des femelles à coup de rame (vidéo)
Vous allez sans doute rentrer dans un état d’émerveillement… Ce qui fut le cas pour votre Guru en découvrant cette tactique d’approche employée par une nouvelle espèce d’araignées sauteuses qui sont bien connut pour leurs complexes parades amoureuses et leurs extravagantes caractéristiques physiques liées (dimorphisme sexuel).
Les mâles, de cette espèce décrite dans une étude publiée cette semaine, disposent à l’extrémité de leurs troisièmes pattes d’une structure en forme de cœur constituée de poil qu’ils agitent devant les femelles, tout en étant cachés ! Et ce n’est pas vraiment pour la séduire…
La nouvelle araignée et ses étranges frasques amoureuses auraient pu rester inconnues sans la persévérance du biologiste Jürgen Otto, un expert en acariens pour le gouvernement australien et un spécialiste des araignées durant son temps libre.
En 2014, il décida d’aller camper dans un parc national en dehors de Sydney et, pour une fois, sans son appareil photo dont il se sert habituellement pour immortaliser les insectes australiens.
Alors qu’il s’apprêtait à quitter son campement, Otto trouva une araignée sur sa tente. L’animal semblait banal, jusqu’à ce qu’il vit ses pattes à l’étrange forme. Deux jours plus tard, il est retourné sur place et a tenté de retrouver le spécimen. Après des heures de recherche, il en a finalement trouvé plusieurs et les a identifiés comme une nouvelle espèce, Jotus Remus, ce dernier mot signifiant “rame” en latin.
Images ci-dessous tirées de l’étude : mâles Jotus Remus (Jürgen C. Otto/ David E. Hill/ Peckhamia)
Maintenant, il s’agissait de comprendre comment l’araignée utilisait ses appendices. Ses rames, constituées de poils fins et mous, n’étaient d’aucune utilité pour l’araignée lors de sa chasse qui consiste à sauter sur ses proies.
Alors, Otto réunit mâles et femelles. Après quelques expérimentations, il a constaté que les mâles, dans leur quête amoureuse, se plaçaient sous la feuille occupée par une femelle. Puis ils glissent l’une de leurs rames de l’autre coté de la feuille pour l’agiter sous les yeux de la créature convoitée.
Dans leur étude sur cette espèce, publiée cette semaine, Jürgen Otto et son collègue David Hill indiquent qu’ils ne connaissent aucune autre araignée sauteuse pratiquant le même genre de cours intégrant des rames sur leurs pattes.
Cette tactique ne semble pas vraiment destinée à séduire la femelle, mais plutôt à sauver le mâle d’un acte de cannibalisme entrepris par sa dulcinée. Si celle-ci, qui est un peu plus grosse que le mâle, a déjà été fécondée par un autre mâle, il y a de fortes chances qu’elles perçoivent son prétendant comme un sympathique diner qui lui permettra de survivre et de nourrir sa portance.
Dans le cas de la Jotus Remus, parfois, les femelles se précipitent sur la rame du mâle, forçant sa retraite. Mais Otto a découvert que les femelles vierges arrêtent de se déplacer quand elles voient les rames. Quand le mâle s’est assuré que sa prétendante est totalement immobile, il se place rapidement sur la face de la feuille où elle se trouve et s’accouple avec en quelques secondes.
Une très belle vidéo présentant la tactique d’approche de la Jotus Remus réalisée par Jürgen Otto :
Alors, qu’elle va être la prochaine étape dans leur évolution ? Vont-elles finir par inventer l’application “Spinder” sur “tablette arachnoïde” pour se rencontrer ?
L’étude publiée dans la revue Peckhamia : Males of a new species of Jotus from Australia wave a paddle-shaped lure to solicit nearby females (Araneae: Salticidae: Euophryini).
Moi aussi j’ai ramé pour séduire ma femme!