Cette fourmi utilise ses grandes mandibules pour s’éjecter de situations délicates
Les fourmis du genre Odontomachus (image d’entête), encore appelées en anglais “trap-jaw ant” (fourmi mâchoire-piège) profite de mâchoires qui, en plus d’être imposantes, sont les plus rapides du règne animal.
Nous avions pu découvrir que cela ne les mettait pas hors d’atteinte d’une foule de prédateurs qui n’hésiteront pas, entre autres, à les décapiter ou à les manger de l’intérieur.
Face à certains ennemis, elle n’utilisera pas ses mandibules super-rapides pour se défendre, mais pour s’échapper et c’est ce mécanisme qui a été décrit récemment par des entomologistes de l’Université de l’Illinois à Urbana-Champaign.
Les chercheurs ont étudié les tactiques que ces fourmis utilisent pour tenter de se sortir de fosses creusées dans le sable par des larves de fourmilions. Celles-ci se cachent au fond de la fosse dans l’attente qu’une malheureuse fourmi y tombe.
Un exemple de larve de fourmilion à l’extension acérée (J. Gallego)
Les parois en sable de la fosse sont, bien évidemment, très instables et les insectes pris aux pièges s’épuisent vainement à essayer d’en sortir. Une fois au fond, la larve de fourmilions s’empare de sa proie à l’aide de ses grandes mâchoires, l’entraine sous le sable et lui injecte un fluide intestinal et la dévore.
Certaines fourmis Odontomachus ont pu échapper à ce destin macabre en faisant claquer leurs mandibules contre le sable sur le côté ou en bas de la fosse, les éjectant hors du danger. Ces fourmis peuvent fermer leurs mâchoires à des vitesses pouvant atteindre les 215 km/h avec une force d’environ 300 fois leur poids corporel. Ce mécanisme évolutif est très pratique lors de l’attaque de proie rapide ou toxique, mais il semble également avoir été détourné en tant que stratégie de défense.
Les Odontomachus brunneus (originaires d’Amérique centrale et du Sud) se lancèrent loin de leurs prédateur potentiel avec leurs mâchoires dans environ 15 % des interactions observées entre les fourmis et les larves de fourmilions. Toutes les tentatives de sortir de la fosse par cette technique n’ont pas forcément aboutit : seulement environ un quart des frappes de la mâchoire ont généré assez de puissance pour permettre à la fourmi de sauter. Toutefois, lorsqu’elles avaient leurs mandibules collées ensemble, pour des raisons scientifiques, elles étaient beaucoup moins susceptibles d’échapper à la fosse.
L’étude publiée dans le journal PLOS ONE : Mandible-Powered Escape Jumps in Trap-Jaw Ants Increase Survival Rates during Predator-Prey Encounters.
Walala la fourmi matrix !! C’est dingue à la lecture de l’article je n’aurais pas pu imaginer un tel saut avec de si petites mandibules !