Voici ce qui pourrait ressembler à un banal morceau de vieille roche poussiéreuse, comme le Curiosity à l’habitude d’en croiser sur sa route martienne. Mais après un examen attentif de cette image et d’autres prises de la surface martienne, une géobiologue affirme maintenant que ces caractéristiques de surface distinctives ne pourraient provenir que d’une seule source : des microbes.

Ce n’est pas la preuve que la vie a existé sur Mars, loin de là. Mais c’est certainement l’une des hypothèses les plus intrigantes.

Travaillant avec l’idée (assez sûr) que Mars hébergeait autrefois de l’eau à sa surface, la géobiologue Nora Noffke, de l’université Old Dominion (Virginie, États-Unis), a examiné les photos prises par l’astromobile Curiosity alors qu’il parcourait l’affleurement martien désigné Gillespie Lake, dans la baie de Yellowknife, avec l’espoir de trouver des signes de MISS (microbially-induced sedimentary structures) des structures sédimentaires induites par une présence microbienne.

Ces couches géologiques se sont formées à partir de “tapis microbiens » et peuvent être trouvées ici, sur Terre, dans un certain nombre d’environnements, comme les estrans (zone rocheuse ou sablonneuse à fleur d’eau sur laquelle les vagues se brisent), les lagunes, les rives des cours d’eau et les lacs. Il y a des milliards d’années, ces communautés microscopiques de bactéries très diverses se sont retrouvé coincées et se sont réorganisées dans des étendues d’eau peu profondes. Leurs restes fossilisés sont encore aujourd’hui identifiables.

Noffke a estimé que, si Mars avait hébergé de la vie microbienne à un stade précoce, elle devait probablement ressembler à celle de la Terre au même stade et elle aurait laissé des traces révélatrices.

L’affleurement du Gillespie lake serait donc un bon endroit pour chercher. C’est l’un des nombreux, de ce que l’on estime comme étant, lits de lacs asséchés qui étaient remplis d’eau, il y a environ 3,7 milliards d’années. Noffke a jeté un coup d’oeil aux photos de Gillespie obtenues par le Curiosity espérant y trouver des similitudes avec des structures ici sur Terre, plus précisément avec les MISS vielles de 3,48 milliards d’années qu’elle a découvert dans la Formation Dresser en Australie et considéré comme le plus ancien écosystème  jamais trouvé, avec environ 300 millions d’années de moins que les découvertes précédentes. Elle a également comparé les images à des caractéristiques sédimentaires trouvées en Allemagne, aux États-Unis et d’autres endroits en Australie.

Dans l’étude qui a suivi, Noffke montre des similitudes entre les structures sédimentaires martiennes trouvées dans le lit du lac, à des structures microbiennes trouvées sur la Terre. Ces fonctionnalités incluent des traces géologiques comme des fissures, des puits, des poches, des dômes, des accumulations…

Image tirée de l’étude :

Selon Noffke, elles présentent une variété de structures sédimentaires qui ont des caractéristiques équivalentes aux MISS qui se sont formées sur Terre dans des milieux similaires.

Ces images comparent la hauteur et la portion de surface plane visible sur un lit de roches martien et terrestre :

Ci-dessous, une comparaison des structures sédimentaires sur un lit de roche martien (affleurement Gillespie) et terrestre :

Noffke concède qu’il pourrait y avoir d’autres explications à ces structures, elle écrit :

il est important de considérer que les structures martiennes peuvent simplement représenter le produit de processus abiotiques (indépendant de toute vie).

Certaines de ces formes pourraient être engendrées par le vent,  le résultat de la saltation des lits de roche par les cailloux érodés par les vents forts. Les fissures pourraient s’être formés à la suite de la précipitation de minéraux…etc. Mais comme elle le souligne dans son document de recherche, autant de similitudes “constitueraient une coïncidence extraordinaire » et d’autres chercheurs considèrent sont travail comme fondamental.

L’étude publiée dans la revue Astrobiology : Ancient Sedimentary Structures in the < 3.7 Ga Gillespie Lake Member, Mars, That Resemble Macroscopic Morphology, Spatial Associations, and Temporal Succession in Terrestrial Microbialites et annoncée ici : Potential Signs of Ancient Life in Mars Rover Photos.