Il y a longtemps que le Guru ne vous avait pas fait profiter d’une petite pause artistique où le scientifique n’est jamais très loin… GuruMeditation oblige. ATTENTION ! le Guru va évoquer une pseudoscience, la parapsychologie, un domaine qu’il n’a pas l’habitude d’aborder et pour cause. Non pas qu’il soit complètement réfractaire à cela, mais il préfère y parvenir par le biais de la science exacte… De plus, ici c’est pour l’art et certaines pseudosciences utilisent aussi des protocoles scientifiques rigoureux qui restent, pour la plupart, respectables. Le Guru essaye désespérément de se justifier…
Alors, accrochez-vous, j’imagine que cela ne va pas être aisé, mais nous allons y arriver ensemble !
L’effet Ganzfeld est un type de privation sensorielle causée non pas en coupant les stimulations extérieures à l’aide d’un caisson d’isolation, mais en diffusant en continu une stimulation non structuré comme un champ indifférencié et uniforme de couleur ou un bruit blanc pouvant conduire à un état second. (Le mot "ganzfeld" vient de l’allemand pour "champ complet."). Pour la partie parapsychologique, une personne est donc allongée tranquillement en percevant ces “bruits de fond” pendant qu’une autre, située dans une pièce adjacente ou même beaucoup plus loin, tente de lui transmettre ses pensées correspondant, selon le protocole, à une image affichée aléatoirement sur un écran (…).
Depuis les années 1930, les psychologues ont étudié la façon dont l’effet Ganzfeld peut déclencher des hallucinations. Il a aussi été utilisé pour d’intéressants effets dans l’art, comme dans les installations lumineuses de James Turrell. Pendant des décennies, les parapsychologues ont également puisé dans l’effet Ganzfeld pour tester les perceptions extrasensorielles.
Surfant sur cette étrangeté (et sa connexion à l’art), le duo de musique concrète et électronique Matmos a sorti un “maxi” bien nommé Ganzfeld et comme ils l’indiquent sur la page de leur album :
Au lieu d’envoyer et de recevoir de simples motifs graphiques, les sujets ont été mis dans un état de privation sensorielle en couvrant leurs yeux et en écoutant le bruit blanc à l’aide d’un casque, puis Drew Daniel, membre de Matmos, a tenté de transmettre “le concept du nouvel enregistrement Matmos " directement dans leur esprit. Les expériences psychiques filmées ont été menées à Baltimore et à l’Université d’Oxford, les sujets ont été invités à décrire ce qui ressortait le plus de ce qu’ils ont vu ou entendu dans leur esprit alors que Drew tentait sa transmission. Les transcriptions en résultant sont devenues une sorte de partition qui a ensuite été utilisée par Matmos pour générer de la musique. Si un sujet fredonnait quelque chose, cela devenait une mélodie; la perception visuelle d’images suggérait des idées, des instruments, ou des matières premières pour un collage. Si un sujet décrivait une action, les membres du groupe agissaient sur cela et constituaient la musique à partir des bruits générés dans le processus de réinterprétation.
Que ce soit la technologie, la télépathie, le talent, ou une combinaison des trois qui a amené ces sons à la vie, le résultat artistique est plutôt satisfaisant :
Le maxi Ganzfeld est d’ailleurs disponible dans diverses éditions, y compris une version qui est livrée avec un casque personnalisé et des lunettes d’aveuglement pour poursuivre l’expérience par vous-même…
Voila, le Guru ne retournera pas dans le domaine des pseudosciences avant une bonne décennie, c’est sa punition, son châtiment, son fardeau… (c’est la vache qui l’a dit !)
