Pourquoi les tatouages ne s’en vont pas avec nos vieilles cellules mortes ?
Une nouvelle étude fournit un nouvel aperçu sur la raison pour laquelle l’encre des tatouages reste si définitivement dans la peau d’une personne. Il a été constaté que lorsque les cellules dans le derme meurent, elles transmettent le pigment du tatouage à de nouvelles cellules de sorte que le dessin semble resté intact. La découverte pourrait conduire à des techniques plus efficaces pour effacer les tatouages.
Jusqu’à récemment, on pensait que la permanence d’un tatouage dans la peau était due à l’encre qui s’implante simplement dans une couche de peau ne se régénérant pas et plus profonde appelée le derme. Une étude menée il y a quelques années a ensuite révélé que les macrophages, un type de globule blanc régulé par le système immunitaire, mangeaient réellement le pigment lorsqu’il est tatoué dans le corps. On pensait alors que ces macrophages résidaient simplement à un seul endroit pour le reste de la vie d’une personne, rendant le tatouage permanent.
Une nouvelle étude du Centre d’immunologie de Marseille-Luminy a révélé que ces macrophages porteurs de pigments les renouvelles constamment, en transmettant le pigment du tatouage aux nouveaux macrophages de façon inattendue et dynamique.
L’équipe a développé des souris génétiquement modifiées qui permettaient une destruction facile des macrophages dermiques. Une bande verte a été tatouée sur la queue des souris, qui ont ensuite reçu une injection d’une solution conçue pour détruire les macrophages pigmentaires spécifiques. Curieusement, malgré la mort de tous les macrophages, le tatouage est resté stable. Cela a conduit les chercheurs à émettre l’hypothèse que l’encre de tatouage était transférée vers de nouveaux macrophages sans perturber sa permanence.
A gauche, la queue de souris tatouée avant que les cellules de macrophages retenant l’encre de tatouage soient détruites et à droite présence du tatouage malgré l’élimination des cellules (Baranska et col./ Journal of Experimental Medicine)
Pour vérifier cet inattendu processus de transfert, l’équipe a transplanté une partie de la peau tatouée à une nouvelle souris. Après 6 semaines, la peau a été analysée pour révéler que la plupart des macrophages contenant des pigments provenaient du receveur et non du donneur. Ceci suggérait clairement que les macrophages donneurs étaient morts et avaient transféré le pigment à de nouveaux macrophages dérivés de l’hôte.
Selon l’une des responsables de l’étude, Sandrine Henri :
Nous pensons que lorsque les macrophages de tatouage meurent au cours de la vie adulte, les macrophages voisins récupèrent les pigments libérés et assurent de manière dynamique l’aspect stable et la persistance à long terme des tatouages.
Avec le fait d’offrir un nouvel aperçu sur la façon dont l’encre de tatouage reste en permanence dans notre peau, la recherche suggère de nouveaux traitements potentiels pour mieux enlever les tatouages. Actuellement, cela se fait au laser, en réduisant les résidus de pigments d’encre en particules suffisamment petites pour qu’elles puissent naturellement être évacuées par notre système lymphatique. Mais la raison pour laquelle il peut falloir plusieurs traitements pour enlever complètement un tatouage est que ces macrophages recapturent les particules de pigment avant que le corps puisse les évacuer.
Selon le coresponsable de l’étude, Bernard Malissen :
L’élimination du tatouage peut être améliorée en combinant la chirurgie au laser avec l’ablation transitoire des macrophages présents dans la zone de tatouage. En conséquence, les particules de pigment fragmentées générées en utilisant des impulsions laser ne seront pas immédiatement recapturées, une condition augmentant la probabilité qu’ils soient évacués par les vaisseaux lymphatiques.
L’étude publiée dans The Journal of Experimental Medicine : Unveiling skin macrophage dynamics explains both tattoo persistence and strenuous removal.