Ces chèvres grimpeuses ont une manière bien à elles de disperser les graines de leur arbre
Les animaux et les plantes ont l’une des plus idéales relations dans la nature. Les plantes nourrissent les animaux et ces derniers, à leur tour, répandent les graines des plantes à travers leurs excréments. Mais lorsque les chèvres qui arpentent des arbres dans le sud du Maroc mangent le fruit de l’arganier, les semences se propagent plus ou moins en empruntant un autre trajet, selon une nouvelle étude.
Image d’entête : des chèvres paissent sur un arganier dans le sud-ouest du Maroc.
(H Garrido / EBD-CSIC)
Le processus par lequel un animal transmet la semence d’une plante à travers son système digestif et à travers ses excréments s’appelle l’endozoochorie. Mais ces chèvres marocaines ne rejettent généralement pas de cette façon les grandes graines, comme celles qui se trouvent au centre des fruits de l’argan, qu’elles ont récupéré parfois à 9 m de haut.
A la place et en tant que ruminant, elles digèrent d’abord le fruit dans un estomac spécialisé. Ensuite, elles en régurgitent le contenu, comme les vaches, et le mâchent. Les chercheurs ont découvert qu’au cours de ce processus, les chèvres crachent les graines, qu’elles les transportent à travers le pays et donnent à ces arbres endémiques une chance de se développer. Grâce à des tests en laboratoire, ils ont constaté que plus de 70 % des graines étaient encore viables après ce processus.
Les chèvres consacrent environ les trois quarts de leur temps en automne, quand les fruits tombés et les autres sources de nourriture deviennent rares, à cueillir dans les cimes des arbres. Les éleveurs locaux enseignent même aux jeunes chèvres à y grimper.
Pour les chercheurs, cette découverte est importante pour comprendre comment les ruminants, comme les chèvres, pourraient jouer un rôle clé pour aider les plantes à se propager. Les graines peuvent rester dans le rumen des animaux (ou panse, estomac spécialisé pour fermenter les aliments avant leur régurgitation) pendant plusieurs jours, de sorte que ce fait, conjugué aux habitudes alimentaires variées des ruminants, signifie que les graines peuvent être dispersées sur des centaines de kilomètres.
Bien que de nombreuses recherches aient été menées concernant la propagation des graines à travers les excréments des ruminants, les auteurs affirment qu’il faut également tenir compte de l’action du crachat des graines.
L’étude publiée dans Frontiers in Ecology and the Environment : Tree-climbing goats disperse seeds during rumination.