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Dans une percée scientifique qui était attendue et qui a ouvert un vif débat à propos de "l’héroïne faite maison," des scientifiques de l’université de Stanford ont créé des souches de levure qui peuvent produire des stupéfiants.

La levure, ce micro-organisme qui aide notamment à la fabrication du pain et de la bière, peut maintenant produire de la drogue. Une équipe de scientifiques de l’université de Stanford a modifié une souche commune de levure de bière pour transformer des sucres simples en produits opioïdes.

L’année dernière, la bioingénieur Christina Smolke a annoncé que son laboratoire avait "encouragé" de la levure à produire des précurseurs de la thébaïne, une molécule opioïde qui peut être convertie en morphine, en oxycodone et en héroïne. Maintenant, en introduisant 23 gènes provenant de plantes, de bactéries et même de rats dans la levure, le laboratoire de Smolke a réussi à faire directement fabriquer par des microbes de la thébaïne et de l’hydrocodone un opioïde antidouleur de synthèse.

Image d’entête : Les cercles de gauche contiennent les organismes qui ont contribué aux gènes de la levure transgénique. De haut en bas: pavot de Californie, rat, Coptis (plante), bactéries et du pavot à opium. (Stephanie Galanie, Smolke Lab)

La levure a prouvé à plusieurs reprises être un atout précieux pour l’industrie des biotechnologies, car elle peut "facilement" intégrer de nouveaux gènes et fabriquer des produits utiles, comme des antibiotiques ou des composés pour l’industrie des  cosmétiques.

Mais certains experts estiment que de produire de la morphine et de l’héroïne à partir de levure représentait la ligne à ne pas franchir. En mai, Kenneth Oye et ses collègues du MIT ont publié une lettre ouverte dans la revue Nature indiquant que les organismes de règlementation des drogues sont malheureusement insuffisamment préparés à contrôler les biotechnologies émergentes qui pourrait bénéficier aux fabricants de drogues illicites.

Smolke estime que ces préoccupations sont exagérées. Sa nouvelle souche de levure aurait besoin d’être 100 000 fois plus efficace pour faire correspondre les rendements de l’opium par le pavot. Autrement dit, il faudrait 17 000 litres de levure pour produire la quantité d’hydrocodone contenus dans un seul comprimé analgésique de Vicodin (paracétamol + hydrocodone). À l’heure actuelle, Smolke indique que ceux qui cherchent à faire des opioïdes illicites "pourraient acheter des graines de pavot provenant de l’épicerie et obtiendraient des concentrations plus élevées."

De plus, la scientifique précise que le processus de production est très délicat et nécessite un équipement de laboratoire sophistiqué. Pour le prouver, son équipe a réellement essayé de développé leur levure modifiée dans les conditions typiques d’un "fait maison" et ils n’y sont pas parvenu.

Ces usines microbiennes de drogue pourraient, à l’avenir, nous permettre de fabriquer des médicaments légitimes peu couteux et qui pourraient profiter à des millions de personnes qui souffrent de douleur chronique.

L’étude publiée dans Science : Complete biosynthesis of opioids in yeast et annoncée sur le site de l’université Stanford : Stanford researchers genetically engineer yeast to produce opioids.

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