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NDE11

Une grande étude scientifique sur les expériences de mort imminente montre que la conscience peut se poursuivre pendant une période étonnamment longue après l’arrêt total de l’activité cérébrale. Les résultats suggèrent que ces expériences sont plus que de simples hallucinations et que notre définition de la mort clinique* devrait probablement être révisée.

*Rappel : mort clinique est le terme médical désignant l’arrêt de la circulation sanguine et de la respiration, les deux critères nécessaires pour soutenir la vie des humains et de nombreux autres organismes…  elle survient lorsque le cœur cesse de battre à un rythme régulier, ce qui est appelé arrêt cardiaque. Le terme est également parfois utilisé dans la recherche en réanimation.

Les expériences de mort imminente (EMI) et les expériences de hors-corps (EHC) ont longtemps été documentés. Elles sont particulièrement fréquentes chez les personnes qui ont subi un arrêt cardiaque (AC). Les premiers intervenants ou les médecins doivent établir une déclaration de décès lorsque, après une période variable, il n’y a plus de débit cardiaque, plus de respiration et les pupilles sont devenues fixes et dilatées. Mais dans les premières étapes suivant un AC, lorsque le flux sanguin cérébral et l’activité électrique du cerveau sont altérés ou nuls, certaines personnes éprouvent un large éventail de phénomène subjectif. Les survivants parlent de la vision d’un tunnel, d’un “état mystique”, “d’un sentiment de paix", d’un sentiment de séparation d’avec leur corps, et d’une conscience des choses au cours de l’évènement.

Normalement, ces récits sont mis de côté, considérés comme étant des hallucinations ou des illusions, et ne seraient pas vraiment indicatifs d’une vraie conscience. Mais à ce jour, les études objectives et scientifiques sont extrêmement limitées. Afin de corriger ce problème, Sam Parnia, de l’université de Southampton (Royaume-Uni), a examiné le large éventail d’expériences mentales qui se sont produites dans des états proche ou de mort. De plus, il a également testé la validité des expériences conscientes en utilisant des marqueurs objectifs pour voir si les affirmations de prise de conscience avec l’EHC correspondaient vraiment avec des évènements réels ou hallucinatoires.

Rappel : AC = arrêt cardiaque; EMI = expérience de mort imminente; EHC = expériences de hors-corps.

Ses résultats montrent que ces expériences sont réelles et qu’elles devraient être prises beaucoup plus au sérieux, en particulier par les scientifiques. Et, fait remarquable, ils ont montré qu’une fraction des patients peuvent vivre des évènements “réels”, jusqu’à trois minutes après l’arrêt de l’activité cérébrale, ce que l’on croyait impossible, et qu’ils pouvaient s’en souvenir avec exactitude une fois qu’ils avaient été réanimés.

Parnia et son équipe ont étudié 2060 patients AC dans le cadre de l’étude internationale AWARE (AWAreness during REsuscitation) débutée en 2008. Parmi eux, 330 ont survécu, dont 140 (soit 42,4%) ont dit avoir éprouvé une sorte de prise de conscience tout en étant réanimés. Parmi les survivants, 39% ont pu subir des entretiens structurés. Fait intéressant, la plupart d’entre eux n’ont eu aucun souvenir explicite des évènements, ce qui suggère que davantage de personnes ont une activité mentale, mais qu’elles perdent leurs souvenirs après avoir récupéré (en raison des effets de lésions cérébrales ou des sédatifs sur la mémorisation).

Parmi les personnes interrogées, 46% ont connu une grande variété de souvenirs mentaux qui étaient incompatibles avec ce que nous considérons comme de vrais EMI, y compris des expériences effrayantes et de persécutions. Seulement 9% ont eu des expériences compatibles avec les EMI et seulement 2% présentaient une pleine conscience, compatible avec l’EMI, avec le souvenir explicite de voir et d’entendre ce qui se passait autour d’eux.

Même si ce n’est que 2%, cela reste très intéressant. Un cas a été validé et daté en utilisant des stimuli auditifs pendant l’AC.

Selon le Dr Parnia :

Ceci est important, car il a souvent été supposé que les expériences en relation avec la mort sont probablement des hallucinations ou des illusions, survenant soit avant que le cœur s’arrête ou après que celui-ci ait été redémarré avec succès, mais pas a une expérience correspondant à de “réels” évènements lorsque le cœur ne bat plus. Dans ce cas, la conscience et la prise de conscience sont apparues au cours d’une période de trois minutes quand il n’y avait plus de pouls. C’est paradoxal, puisque le cerveau cesse de fonctionner normalement dans les 20-30 secondes après l’arrêt du cœur et ne reprend pas son activité tant que le cœur n’a pas été redémarré. En outre, les souvenirs détaillés de la conscience visuelle, dans ce cas, étaient compatibles avec les évènements vérifiés.

Ainsi, alors que ce n’était absolument pas possible de prouver la réalité ou la signification de ces expériences, il n’était pas possible de les discréditer.

Les conclusions de Parnia :

Les futures études devraient se concentrer sur l’arrêt cardiaque, qui est biologiquement synonyme de mort, plutôt que sur des états médicaux mal définis, parfois dénommés “proche de la mort”. L’expérience souvenue, entourant la mort, mérite une vraie enquête sans préjugé.

Comme indiqué précédemment, cette étude suggère fortement que nous devons redéfinir les notions et définitions conventionnelles de la mort.

Comme Parnia le précise :

Contrairement à la perception, la mort n’est pas un moment précis, mais un processus potentiellement réversible qui se produit après une maladie grave ou un accident provoquant l’arrêt du fonctionnement du cœur, des poumons et du cerveau. Si des tentatives sont réalisées pour inverser ce processus, il est dénommé “arrêt cardiaque”; toutefois, si ces tentatives ne réussissent pas, il est appelé “mort”. Dans cette étude, nous voulions aller au-delà du terme encore mal défini chargé d’émotion de l’EMI afin d’explorer objectivement ce qui se passe quand nous mourons.

L’expression “un processus potentiellement réversible" correspond à certaines théories émergentes qui essayent de redéfinir la mort, des définitions qui tiennent compte de facteurs autres que le rythme cardiaque et l’activité électrique du cerveau. Les cryonistes, par exemple, se réfèrent à la "Mort théorique d’information” (Information-theoretic death), l’idée que la mort ne se produit pas tant que toutes les informations dans votre cerveau, qui sont nécessaires pour vous ressusciter (ou vous réanimer), soit irrévocablement détruites.
Moins conceptuel, le document de Parnia suggère que nous devrions repousser les limites de ce qui correspond à une déclaration de décès en considérant de nouvelles interventions, comme la biostase, qui peut suspendre l’approche de la mort.

L’étude publiée sur Resuscitation: AWAREness during CPR: Be careful with what you say! et exposée sur le site de l’université de Southampton : Results of world’s largest Near Death Experiences study published.

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