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Chimpanzé-not happy

Parmi toutes les choses que l’homme à a se reprocher, il peut apparemment se prévaloir de ne pas être à l’origine des cas de meurtres occasionnels chez nos cousins chimpanzés. Ceux-ci et les humains sont les seuls dans le monde animal à coordonner des attaques sur des membres de leurs propres espèces. Ainsi, une nouvelle étude conclut que, pour les chimpanzés, ces agressions mortelles sont “normales” et communes. Et par normales, les chercheurs veulent dire que cette conduite provient de tendances qui ont évolué et pas en réponse à des pressions humaines.

Le domaine de la primatologie était divisé quant aux causes de ce comportement meurtrier occasionnelles chez les primates : stratégies d’adaptation ou engendrées par des changements artificiels (par l’homme).

La nouvelle étude est unique, pour Jill Pruetz, professeure d’anthropologie à l’université de l’Iowa, car elle inclut les données de chaque site de recherche dédié à l’observation des chimpanzés et des bonobos, y compris son site du Fongoli au Sénégal. L’impact de la ruée vers l’or dans les régions du Sénégal a contribué à sa réflexion sur l’impact humain.

Vous avez des gens qui viennent perturber les parties de l’habitat qui sont importantes pour les chimpanzés. Dans un village, près d’un autre site de recherche, la population est passée de 100 personnes à environ 10 000.

Quand vous avez un tel afflux humain, les chimpanzés n’ont pas d’autre choix que de se déplacer. S’ils se déplacent dans la zone d’une autre communauté chimpanzé, quelque chose va se produire et tous les chimpanzés ne survivront pas.

Pour l’étude, les chercheurs ont analysé des données provenant de 18 communautés de chimpanzés étudiées pendant plus de 400 ans, qui comprenaient 152 meurtres commis par des chimpanzés dans 15 communautés.

Les données montrent que les plus importants prédicateurs de violence sont liés à l’espèce, l’âge et le sexe des agresseurs et des victimes, et la démographie. Le meurtre chez les chimpanzés adultes peut aussi être une stratégie d’adaptation afin d’augmenter indirectement le succès pour la reproduction, selon Pruetz :

Par exemple, Ngogo est une grande communauté de chimpanzés en Ouganda et elle a un grand nombre de mâles. Ils ont constaté qu’il y avait plus d’évènements meurtriers que dans n’importe quel autre site. Les mâles d’une communauté sont en mesure d’agrandir leur territoire et on pense que cela se traduit par le succès de reproduction pour ces mâles parce qu’ils ont un meilleur accès à la nourriture et aux femelles.

Les chercheurs ont examiné les activités humaines qui affectent l’approvisionnement alimentaire, comme la déforestation ou la perturbation causée par les maladies ou la chasse, mais ils n’ont pas trouvé d’impact significatif qui entrainerait de telles agressions. Le site Ngogo, par exemple, disposait de nourriture en abondance et d’une productivité élevée des forêts, mais avec le plus fort taux d’agression mortelle.

Les données des sites de recherche sur les bonobos incluent un seul cas suspect de meurtre, qui a appuyé la poursuite de l’hypothèse de la stratégie d’adaptation.

Selon les auteurs :

Si les violences des chimpanzés ont une origine humaine, alors les impacts humains devraient probablement aussi induire un comportement violent chez les bonobos.

De comprendre les facteurs qui contribuent à un comportement agressif aidera les scientifiques à protéger les espèces en voie de disparition.

Le nombre de meurtres de chimpanzés est beaucoup plus élevé que ceux de bonobos. Toutefois, les violences meurtrières restent rares. Les chimpanzés de son site de recherche ne sont pas très agressifs et elle a récemment commencé à constater une violence meurtrière. Les données recueillies pour l’étude donnent environ un cas mortel tous les cinq ans.

Cette collaboration entre les chercheurs a permis de leur fournir un important panel d’échantillon leur permettant de procéder à une analyse plus large qu’ils n’auraient pu accomplir seul. Pruetz veut poursuivre cette collaboration afin de mieux comprendre les différences entre les agressions des chimpanzés d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique de l’Est.

Pour jouer l’avocat du diable, du point de vue de l’impact humain, on peut dire que les densités que nous voyons aujourd’hui le reflètent. Il est vraiment difficile de tenir compte de la façon dont l’humain a façonné les communautés de chimpanzés au cours des 100 dernières années, mais nous savons que les chimpanzés ont vu leur nombre considérablement réduit.

L’étude publiée dans Nature : Lethal aggression in Pan is better explained by adaptive strategies than human impacts.

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