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zorille

Les mouffettes, putois et autres animaux qui utilisent la projection d’un liquide malodorant comme une arme, sont apparemment destinées par l’évolution à être solitaires, non pas à cause de ce qu’ils sont, mais à cause de ceux qui les chassent.

Ted Stankowich, qui étudie les liens entre l’évolution, le comportement des animaux et l’écologie, à l’Université d’État de Californie, assure que les mouffettes ne s’agressent pas entre elles. Elles ne souhaitent pas se faire asperger du liquide fétide qu’elle n’emploie que sur leurs agresseurs.

Il n’y a pas de répulsion sociale par les autres membres de leur espèce.

Pourtant, lorsque Stankowich et ses collègues ont soigneusement analysé les modes de vie de 181 espèces de mammifères carnivores, ils ont constaté que les pulvérisateurs d’odeurs nauséabondes sont solitaires. Aucun de ces animaux, les blaireaux, des grisons, des zorilles ainsi que les mouffettes ne vivent en groupes, à la différence des animaux sociaux comme les loutres, les hyènes, les renards…

Ces “armes nocives”, comme les désigne Stankowich, ont évolué à plusieurs reprises chez les animaux terrestres. Mais même si ces animaux occupent des branches distinctes de l’arbre de la famille des mammifères, il existe d’autres similitudes entre eux. Par exemple, les pulvérisateurs sont également plus susceptibles d’être nocturnes. D’autre part, les animaux les plus sociaux dans l’étude sont actifs au cours de la journée.

Stankowich pense que la clé de tout cela se trouve dans une autre variable : les prédateurs. Les chercheurs ont recueilli des données de 512 oiseaux prédateurs, en plus des 181 mammifères carnivores de leur étude. Puis ils ont calculé le risque d’être mangé pour chaque mammifère par les autres, en tenant compte de facteurs comme : le chevauchement de leur territoire, le type d’habitat où ils vivent, le moment de la journée où ils sont le plus actif et la différence dans la taille de leur corps (est-ce qu’un animal est assez grand pour tuer et manger l’autre ?).

Ils ont constaté que les mammifères carnivores ont tendance à être la proie des oiseaux ou d’autres mammifères, mais pas les deux à la fois. En allant plus loin, ils ont constaté que les mammifères les plus sociaux ont tendance à être la proie des oiseaux pendant la journée. Mais les mammifères puants sont confrontés à d’autres mammifères chassant la nuit.

Pour Stankowich, il est impossible de savoir exactement comment ces relations ont évolué. Mais il est logique, selon lui, que les animaux courant le plus grand danger (par les oiseaux) le jour aient adopté un comportement social pour se protéger. Un groupe d’animaux peut surveiller les prédateurs dans toutes les directions à la fois. S’ils voient un chasseur qui vient de loin, ils peuvent déclencher une alarme et se retirer dans leurs terriers. Si un prédateur les surprend, ils peuvent être en mesure de le faire fuir en le repoussant ensemble. Des mangoustes rayées ont été vus repousser un aigle pour sauver un membre de leur groupe capturé.

D’autre part, si un animal est plus vulnérable aux prédateurs qui se faufilent la nuit, il ne pourrait rien gagner d’une vie en groupe. Mais il bénéficie d’une arme à courte portée prête pour une surprise, un liquide nocif pulvérisable. Et un prédateur nocturne qui se repose sur son odorat pour chasser est plus susceptible de fuir une attaque de ce type.

Donc un animal projetant un liquide nauséabond n’est jamais social, car pulvériser et vivre en groupes sont les stratégies de deux ensembles radicalement différents de circonstances de la vie. La mouffette et le reste de son genre sont destinés par l’évolution à rester solitaires.

Pourtant, les stratégies que ces animaux ont développées à la place d’une vie sociale sont assez étonnantes. Stankowich étudie maintenant comment les mouffettes, en Californie, utilisent les vocalisations, leur coloration et d’autres éléments physiques, pour gérer le comportement d’un prédateur au cours d’une altercation.

L’étude publiée dans la revue Evolution : Ecological drivers of antipredator defenses in carnivores.

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