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China Space

Le Guru doit vous avouer qu’il avait bien préparé cet article il y a deux semaines, mais qu’il l’a complètement oublié. Il s’est rappelé à lui, empilé sous une tonne d’informations, alors que la Chine venait, hier, de faire atterrir son véhicule lunaire. 

La China National Space Administration (CNSA), l’agence spatiale chinoise, a lancé  sa sonde lunaire Chang’e-3 sur la lune. Tout c’est bien passé et il est devenu, le 14 décembre, le premier vaisseau spatial chinois à atterrir sur un corps extraterrestre et le premier mobile à atterrir sur la Lune en quatre décennies (Luna 24 en 1976).

L’astromobile à six roues, appelé Yutu, "Lapin de Jade" en français, devrait avoir commencée à rôder sur la surface lunaire. La sonde a été propulsée dans l’espace à bord d’une fusée Long March 3B à partir de Xichang, le centre spatial de la Chine, le 1 décembre.

L’ensemble du lancement a été capturé par la Télévision centrale de Chine (CCTV pour China Central Television), montrant d’incroyables plan multi-caméras du largage, de la séparation du satellite, des tirs des propulseurs et des vues vertigineuses de la Terre prises par des caméras à bord du lanceur.

Son module d’atterrissage a effectué le premier atterrissage en douceur sur la Lune en 37 ans, descendant à 100 mètres avant d’activer ses propulseurs et lentement descendre à quatre mètres. A cette altitude, les propulseurs ont été éteints et l’atterrisseur frappent le sol.

La trajectoire avant l’atterrissage de la sonde Chang’e-3 (Agence de press Xinhua)

atterrissage-Lune-Chang’e-3

Un peu avant et après l’atterrissage du module lunaire chinois (Agence de press Xinhua, CCTV)Yutu-attterrissageSurface lunaire Chang'e-3

Surface lunaire Chang'e-3-2

Le site d’atterrissage est une plaine volcanique plate appelée la baie des arcs-en-ciel (Sinus Iridum). La région est connue pour son absence de grosses pierres, et fait partie de la mer des Pluies (Mare Imbrium).
Sinus-iridum1

Le rodeur martien s’est détaché de l’atterrisseur le 14 Décembre et il devrait se photographier mutuellement aujourd’hui (15 décembre).
Représentation artistique de l’astromobile et de l’atterrisseur Chang’e-3 (Institute of Spacecraft System Engineering, Pékin): 
Yutu1

Une fois détachée, l’astromobile est capable de se déplacer à 200 mètres par heure, gravir des pentes de 30 degrés et de recueillir des mesures du sol lunaire et de la croûte.Yutu2

La prochaine mission entreprise par la Chine est prévue pour 2017 et impliquera la collecte d’échantillons de sol lunaire pour les ramener sur Terre. Une mission avec un équipage devrait suivre dans les années 2020.

Pendant ce temps…

La sonde spatiale indienne à destination de Mars a quitté l’orbite de la Terre

MOM

Il n’y a plus de retour en arrière pour la Mars Orbiter Mission (MOM ou encore appelé Mangalyaan) de l’Inde qui a quitté son orbite terrestre et se dirige désormais vers la planète rouge. Après une importante couverture médiatique avant et peu après le lancement, le 5 novembre 2013 , l’attention sur cette mission est susceptible de disparaitre pour plusieurs mois. La MOM a maintenant un long voyage pour atteindre sa destination. Elle arrivera sur Mars en septembre 2014, soit 299 jours de voyage.

En partant de l’extérieur vers l’intérieur, le premier cercle orange représente l’orbite de Mars, avec la position de la planète rouge en haut à gauche au moment du lancement de la mission et en bas à droite au moment de l’arrivée. Le deuxième cercle en bleu, l’orbite de la Terre avec en haut à droite sa position au moment du départ et au milieu à droite au moment de l’arrivé. Les différents cercles verts représentent les différentes trajectoires autour de la Terre.  Mars_Orbiter_Mission2

La mission scientifique de la sonde est d’échantillonner l’atmosphère martienne pour des traces de méthane, mais le véritable objectif est de démontrer les capacités technologiques de l’Inde au reste du monde.

Malgré l’extinction des projecteurs, il ne faut pas présumer que cette phase de la mission sera sans incident. Espérons que tout ira bien, mais les risques ne doivent pas être sous-estimés. C’est la mission spatiale la plus aventureuse jamais lancée par l’Inde, et probablement la plus dangereuse.

Qu’est-ce qui pourrait mal tourner ? MOM a déjà eu un petit problème avec un système d’alimentation de secours, mais ce n’était pas une menace pour la mission. Le vaisseau semble globalement en bonne santé en ce moment et a déjà survécu à certaines des régions les plus stressantes de sa mission.

Le lancement, le déploiement, l’allumage des moteurs et les changements de vitesse se sont bien passés. Néanmoins, plus le vaisseau restera dans l’espace, plus il y aura le risque que certains composants ne fonctionnent plus correctement.

Ensuite, il y a l’environnement. L’espace interplanétaire regorge de dangers qui menacent toujours le vaisseau spatial. Il s’agit d’un niveau plus élevé d’exposition aux rayonnements et aux particules. Les contraintes thermiques sont également potentiellement plus élevées. Il n’y a pas l’ombre de la Terre ou de champs magnétiques pour protéger le vaisseau spatial. MOM est conçu pour ces conditions, mais l’espace est également imprévisible. Les tempêtes solaires peuvent projeter des particules dans l’espace profond qui présentent un danger pour les satellites locaux. Certaines missions spatiales à destination des profondeurs de l’espace ont été endommagées par l’activité solaire. Bien que nous ne pouvons contrôler ces crises, il n’y a souvent rien qui peut être fait pour protéger un vaisseau spatial de leur influence.

Certains des instruments de la sonde pourraient être utilisés pour mesurer les conditions dans l’espace lointain, avant même que la sonde s’approche de Mars.

Une sonde de la NASA se dirige en même temps vers la planète rouge. La mission MAVEN devrait arriver quelques jours avant MOM grâce à une approche un peu plus directe. Elle va également récupérer des échantillons dans l’atmosphère martienne, mais elle a couté dix fois cher plus que la sonde Indienne.

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