Sélectionner une page

éléphant12

L’éléphant est largement considéré comme l’une des créatures les plus intelligentes du monde, capable d’utiliser des outils, montrer de la peine et disposant d’une remarquable mémoire. De nouvelles recherches montrent maintenant que les éléphants africains peuvent faire quelque chose qui n’a jamais été démontré chez un autre animal sauvage : ils peuvent comprendre les gestes de désignation /pointage de l’homme sans aucun entrainement préalable.

Quand quelqu’un regarde et désigne d’un geste, nous savons instinctivement qu’il essaie de transmettre certaines informations utiles sur ce qui est montré. Ainsi, une recherche démontre également qu’à partir de 12 mois, les jeunes enfants peuvent comprendre les gestes de pointage de l’homme.

Bien sûr, nous ne sommes pas les seuls animaux à les comprendre. Dans diverses études, les scientifiques ont appris que de nombreux animaux domestiques, notamment les chats, les chèvres et les chevaux, suivent les désignations de la main pour trouver de la nourriture. Les chiens, sans surprise, sont à un niveau au-dessus du reste et obtiennent systématiquement de meilleurs résultats aux exercices de pointage que les autres animaux (y compris les chimpanzés), et ils semblent même apprendre à décrypter ce geste sans aucune formation dirigée.

Compte tenu de toutes ces informations, les scientifiques ont émis l’hypothèse que la capacité à lire des signaux de communication sociale humaine a évolué au cours de la domestication. Une théorie alternative ou complémentaire suggère que seules les espèces qui étaient en mesure de comprendre ces indices sociaux pouvaient être domestiquées avec succès. Prenez les chiens, par exemple. Leurs ancêtres étaient des chasseurs en meute, cette forme de traque à développer leur capacité à lire les signes des membres du groupe ou des proies, ce qui les rend idéals à la domestication.

Malgré de nombreuses recherches sur le sujet, on ne sait toujours pas quel rôle a joué la domestication dans ce domaine. Alors Richard Byrne, un psychologue évolutionniste à l’Université de St. Andrews (Écosse) et sa collègue Anna Smet se demandèrent si les éléphants d’Afrique pouvaient détenir la clé de la réponse. Ces géants, incroyablement intelligents, vivent en groupes sociaux complexes, où la compréhension des signaux sociaux est nécessaire à la survie. Qui plus est, ils forment des relations de travail avec les humains, mais n’ont jamais été domestiqués.

Les scientifiques ont mené une série d’expériences pour tester si les éléphants africains pouvaient comprendre des gestes de pointage. Ils ont testé 11 animaux qui ont déjà été formés pour promener des touristes sur leur dos près des chutes Victoria en Zambie. L’entrainement est exclusivement basé sur ​​des commandes vocales. Au cours des trois mois d’interactions des éléphants avec leurs maitres, les chercheurs n’ont jamais vu de gestes de désignation être utilisés pour diriger les animaux.

Byrne et Smet ont commencé avec une simple activité. Un expérimentateur se tenait entre deux seaux qui sentaient la nourriture. Derrière une barrière aveuglante, Anna Smet a disposé de la nourriture dans les deux seaux à la fois, puis a tranquillement enlevé la nourriture de l’un des seaux, s’assurant ainsi que les éléphants ne pouvaient pas utiliser le son ou l’odeur comme indice. Puis Ils ont enlevé la barrière et l’expérimentateur a montré du doigt le seau contenant de la nourriture, tout en alternant son regard de l’éléphant vers le bon seau. Dans l’ensemble (67,5 %), les éléphants ont suivi le doigt et ont choisi le seau appâté (comparativement, aux enfants de 12 mois qui peuvent accomplir cette tâche correctement dans 72,7 % des cas).

Ensuite, les scientifiques ont voulu vérifier si la position du corps de l’expérimentateur influençait les résultats. Autrement dit, si elle se dresse au milieu des seaux et pointe avec son bras droit, le seau à droite (et vice versa), les éléphants peuvent voir ce geste comme étant plus proche d’un des seaux et choisir en fonction de cette information. Alors Byrne et Smet ont modifié la position de l’expérimentateur entre les seaux. Les précédents résultats n’ont pas changé.

Anna F. Smet lors de ses tests de pointage sur un éléphant elephants-pointage-ASmet

Enfin, les chercheurs ont décidé de vérifier si la façon avec laquelle l’expérimentateur exécutait le mouvement influençait l’éléphant, car le geste de pointage dans les expériences précédentes n’était pas naturel. Lorsque vous désignez du doigt quelque chose, vous n’utilisez le bras le plus proche de l’objet, mais plutôt la main droite si vous êtes droitier et la main gauche si vous êtes gaucher.

L’expérimentateur a essayé plusieurs gestes de pointage. La seule position du bras qui a trompé les éléphants, c’est lorsque l’expérimentateur a pointé son coude dans la mauvaise direction. Dans les expériences précédentes avec des chiens et des chimpanzés, les animaux utilisaient incorrectement la direction du coude comme une désignation.

Dans d’autres expériences, les chercheurs ont testé si le regard seul était suffisant pour guider le choix des éléphants, ce qui ne fut pas le cas et selon Bryne :

Ils ne peuvent tout simplement pas voir à ce niveau de détail. Ils n’ont pas une très bonne vue.

Par l’analyse des données, Bryne et Smet ont constaté que l’histoire de ces éléphants avec les humains ne rentrait pas en ligne de compte. Certains animaux sont nés en captivité et ont passé de nombreuses années avec les humains, tandis que d’autres, nés en liberté, ont été secourus d’opérations d’abattage et autres. Mais tous ont très bien exécuté les tests. L’âge ne ​​fait également aucune différence. Cela signifie, essentiellement, que les éléphants africains peuvent comprendre les gestes de désignations de l’homme sans aucune formation préalable.

La recherche suggère que la capacité pour comprendre les gestes de pointage de l’homme peut expliquer pourquoi les éléphants sont, depuis si longtemps, en étroite collaboration avec les humains et que la domestication n’est pas nécessaire à l’apparition de cette capacité. La recherche suggère également que la désignation par pointage peut faire partie du système de communication naturel des éléphants. Les éléphants utilisent leur trompe pour " humer la brise”, et s’ils sont alarmés par quoi que ce soit, comme l’odeur d’un lion, ils placeront leur trompe au-dessus de leurs têtes en forme de “S”, avec le bout pointant dans la direction de l’odeur.

Pour Bryne :

Cela a toujours été interprété comme un éléphant flairant le vent, mais d’autres éléphants peuvent l’interpréter comme un geste de pointage.

L’étude publiée sur Current Biology : African Elephants Can Use Human Pointing Cues to Find Hidden Food.

Pin It on Pinterest

Share This