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Platyphora microspina

Cachée dans l’épais feuillage des forêts tropicales, une sous-famille de coléoptère cache les secrets des premiers stades d’un comportement social, montrant des signes explicites d’instincts et de soins maternels. Une équipe internationale de scientifiques s’est penchée sur les comportements subsociaux (manipulation des œufs, défense de la progéniture, voire son nourrissage) complexes présents chez ces petits insectes à carapaces (Chrysomelinae) pour découvrir et décrire en détail les différents degrés d’instincts maternels présents dans 8 espèces.

Chez ces coléoptères des feuilles, les soins maternels des jeunes se trouvent dans seulement deux des 15 sous-familles, chez des chrysomèles et des scarabées-tortue (Casside), des groupes qui peuvent-être plus vulnérables aux prédateurs et aux parasitoïdes en raison de leur lenteur de mouvement et du fait qu’elle soit très exposée lors de leurs différents stades immatures/ larvaires.

Un comportement subsocial avait été observé chez des couples de l’une des espèces étudiées, D. paykulli , qui interagi avec agressivité sur les nouvelles feuilles. Les chercheurs ne savaient pas s’il s’agissait d’un affrontement pour les ressources ou une forme de séduction précopulatoire, cependant, l’analyse de la vidéo d’une de ces interactions montre l’utilisation de la corne mésosternale de l’insecte pour déloger un concurrent.

Les femelles adultes ont été découvertes au cours de la mi-mai à proximité d’oeufs attachés aux feuilles apicales creuses.

Des observations supplémentaires d’espèces associées à une autre famille de plantes, les solanacées, suggèrent que les mères évaluent les ressources des feuilles à l’avance pour diriger, tel un troupeau, leur descendance.

A partir de l’étude : soins maternels fournis par l’espèce Doryphora. a. femelle Doryphora paykulli avec ses œufs et ses larves sous une feuille apicale de Prestonia seemanii. b. femelle chevauchant des larves à différent stade de développement. c. larves de Doryphora paykulli se déplaçant vers une nouvelle feuille suivi de leur mère. d. larves de Doryphora paykulli décortiquant le cortex de leur plante tout en descendant par pair pour la pupe. e. Doryphora reticulata déposant ses oeufs sous une feuille de Prestonia tomentosa au Brésil. f. larve Doryphora reticulata sur leur feuille natale. g. femelle Doryphora reticulata chevauchant ses larves au premier stade h. femelle Doryphora reticulata soignant des larves complètement développées à la base de leur plante juste avant leur descente pour la métamorphose en pupe.

Doryphora 

Ainsi elles empêcheront leur larve de quitter la plante nourricière en les bloquants. Les mères ont, par moments, fermement enfourché leurs larves qui étaient au premier et deuxième stade de leur formation (par ex. image D ci-dessous) sur la feuille natale, en prévenant leur avance en bas du pétiole de la feuille.

Tout en se prémunissant, les mères ont réagi avec agressivité en chargeant et en repoussant jusqu’au bord de la feuille un mince bâton qui avait été introduit dans leur zone par un observateur extérieur. Elles ont continué à charger et à faire vibrer la feuille pendant un court laps de temps après que le stimulus ait été supprimé. La réaction la plus forte a été donnée à une caméra tenue à environ 10 cm en dessous et à côté de la feuille natale.

Les observations et les études sur le terrain trouvent des preuves que les mères défendent activement leur progéniture dans au moins huit espèces et trois genres de Chrysomelinae néotropicale étroitement associés à deux familles de plantes hôtes. Les mères défendent les œufs et les larves en les chevauchant, en leur bloquant l’accès au pétiole et en repoussant les prédateurs potentiels en secouant les feuilles et en avançant de manière saccadée.

A partir de l’étude : soins maternels fournis par l’espèce Platyphora microspina au Panama, a- femelle avec des larves récemment déposées. b- femelle gardant ses larves (D.W.) c- une femelle et de jeunes larves se déplaçant le long d’une feuille. d femelle tentant de chevaucher une cohorte de larves.

Platyphora microspina

Selon les chercheurs, l’étude de ce comportement subsociale, en plus de son attrait intrinsèque, peut offrir une perspective sur les forces sélectives à l’œuvre durant les premières étapes de l’évolution sociale des insectes.

La recherche a été menée par l’Institut Smithsonian Tropical Research, le Centre Universitaire de Lavras , Staatliches Museum für Naturkunde Karlsruhe, et l’Université libre de Bruxelles.

Leur étude a été publiée dans la revue ZooKeys , aux côtés de 6 autres articles de recherche sur cette famille de coléoptère : Subsocial Neotropical Doryphorini (Chrysomelidae, Chrysomelinae): new observations on behavior, host plants and systematics.

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