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Temnothorax longispinosus2

Selon une étude publiée par une équipe de biologistes, des fourmis esclaves, prises au piège dans la fourmilière d’oppresseurs, tuent secrètement la progéniture dont elles sont censées s’occuper dans un acte de rébellion qui fait partie d’une "course aux armements" évolutionnaire.

L’étude, publiée dans la revue Evolutionary Ecology (lien plus bas), révèle que les cas observés précédemment, de ce type de comportements, n’étaient pas des actes isolés, mais un symptôme d’une tendance commune des fourmis ouvrières esclaves, Temnothorax longispinosus (image d’entête), à se rebeller contre leurs oppresseurs, les Protomognathus americanus, par le sabotage.

L’auteur principal de la recherche, Susanne Foitzik de l’université Johannes Gutenberg de Mayence (Allemagne) a été témoin des actes de la population de fourmis située aux États-Unis, en Virginie-Occidentale, à New York et dans l’Ohio. Le sabotage a entraîné un taux de survie moyen de seulement 45 % chez les descendants des ravisseurs. Dans des circonstances normales, environ 85 % de la pupe (un stade de la vie des fourmis qui suit le stade larvaire) devrait survivre. Des cas de négligences et de morsures par les esclaves sur les nymphes vulnérables, seuls ou en groupe, ont été enregistrés. L’étude a déduit que puisque les ouvrières ne peuvent pas se reproduire, l’astucieuse tactique est conçue pour affaiblir la colonie parasitaire, donnant ainsi à la colonie qui s’oppose, une chance de se battre.

Des fourmis parasites Protomognathus americanus (grosses noires) surveillent des Temnothorax curvispinosus (esclaves) qui s’occupent de leur larves. (alexanderwild)

americanus Protomognathus2

Selon les auteurs de l’étude :

La croissance des fourmilières sociale parasite est réduite, ce qui entraine moins de raids et est susceptible de remettre en forme les colonies voisines (proches) d’accueil.

Des espèces comme la Protomognathus americanus, une esclavagiste notoire en Amérique du Nord, qui s’appuie sur ses sujets pour survivre, ont conduit les populations avoisinantes à mettre au point des contre-mesures qui assurent leur propre survie. Fini la fourmi ouvrière commune qui reste les bras croisés à se laisser spolier, dans ce qui est désigné comme du “parasitisme de couvée”, où les esclaves sont forcés de s’occuper des jeunes de leurs ravisseurs.

La pression parasitaire a conduit à l’élaboration de stratégies défensives chez l’hôte, qui, à son tour, conduit à l’évolution d’une contre-adaptation à des parasites, un processus qui peut bloquer les deux espèces dans une dynamique coévolutionniste, dans une course aux armements.

Les fourmis sont esclaves quand leur colonie est attaquée, ou leur progéniture volée. Les ouvrières poursuivent leur comportement habituel, malgré qu’elles soient maintenant dans le nid de leurs maitres, les Protomognathus americanus, elles continuent de nourrir et de nettoyer les larves et les couvains volés deviendront de nouveaux esclaves. Lorsque les larves des ravisseuses commencent à se métamorphoser en pupe, cependant, quelque chose se déclenche chez les esclaves.

Temnothorax longispinosus s’occupant de larves.

Temnothorax longispinosus3

Selon Foitzik :

Probablement qu’au premier abord, les esclaves ne peuvent pas détecter que les larves appartiennent à une autre espèce. Les nymphes, qui ont déjà l’air de fourmis, portent des indices chimiques sur leur cuticule qui peuvent apparemment être détectés.

En Virginie-Occidentale, à New York et dans l’Ohio, 27, 49 et 58 % respectivement des pupes ont survécu, l’étude explique que les variations sont très probablement dues à diverses tactiques défensives et offensives développées par les différentes colonies. Par exemple, la colonie hôte de New York a été plus agressive. Des études antérieures ont mis l’accent sur ces facteurs, faire évoluer les colonies pour se protéger contre les attaques. Toutefois, la curieuse question de ce que pouvait faire une ouvrière, qui ne peut pas se reproduire, pour cibler une communauté d’esclavagiste plus forte qui détient toutes les cartes, a conduit l’enquête de Foitzik.

Jusqu’à maintenant, les scientifiques pensaient que les comportements de défense des ouvrières asservies n’étaient pas susceptibles d’évoluer, parce que les esclaves ne peuvent pas s’échapper et se reproduire. Cette étude prouve que, quand une Temnothorax longispinosus semble vaincue et entièrement convertie à sa nouvelle vie, elle a encore quelques tours dans son sac. En ciblant le couvain de ses ravisseuses, la colonie est affaiblie et effectue donc moins de raids sur ses voisines, qui pourraient être des proches des ouvrières Temnothorax longispinosus.

L’étude publiée sur le journal Evolutionary Ecology : Geographic distribution of the anti-parasite trait “slave rebellion”.

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