L’ile de Tasmanie (Australie) abrite deux espèces de mille-pattes. Ces insectes ne se rencontrent jamais sur une petite parcelle de terre d’environ 100 mètres couvrant l’ile. C’est un arrangement bizarre et il a complètement dérouté les biologistes.
Il n’est pas rare, pour deux espèces similaires (ci-contre : Tasmaniosoma compitale et Tasmaniosoma hickmanorum), d’occuper des territoires qui se rejoignent, mais ne se chevauchent pas, ou, comme dans ce cas, se chevauche sur un très petit espace. Ceci est connu sous le terme de parapatrie et habituellement, c’est le résultat d’une caractéristique géographique qui limite le mouvement des deux espèces, la combinaison d’une sympatrie géographique (deux espèces presque similaires, vivant sur le même territoire, mais ne se mélangeant pas) et d’une allopatrie écologique (isolement géographique dû aux facteurs environnementaux), comme une longue crête ou une région à très fortes précipitations. Mais il n’y a pas ce type de caractéristiques qui démarque la frontière entre ces deux espèces de mille-pattes de Tasmanie.
Le Dr Bob Mesibov du musée de la Reine Victoria, à Launceston, en Tasmanie, explique que “la frontière monte et descend des collines, traverse des rivières et des soubassements et des sols différents, et ignore le type de végétation et les différences climatiques”, qui est complètement différents de tout autre type connu de parapatrie. Le Dr Mesibov décrit cela comme “un arrangement biologique inexpliquée” et c’est vraiment comme si ces deux espèces, il y a longtemps, avaient élaboré un traité déterminant les frontières de leurs deux zones, laissant un espace étroit entre les deux, comme une sorte de zone démilitarisée mille-pattes voir un “no millipède’s (mille-pattes) land”.
Ci-contre : cartes d’élévation et des cours d’eau, présentant la répartition des mille-pattes.
De plus, pour ajouter au mystère, cette frontière est particulièrement bien plus longue que n’importe quelle autre frontière parapatriques connus et, comme le Dr Mesibov ironise, “la frontière est beaucoup mieux que, ce que nous, les humains pouvons faire." Pour l’instant, tout cela est un mystère merveilleusement sympathique, jusqu’à ce que nous trouvions quelques mille-pattes passant d’un territoire à l’autre tout en portant des passeports mille-pattes.
L’étude publiée sur Zookeys : A remarkable case of mosaic parapatry in millipedes.