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De nombreux insectes sucent la sève des plantes, pour le plus grand malheur des jardiniers et des agriculteurs. Mais les plantes sont plus qu’une source de nourriture, elles sont aussi une source de parasites pour les parasites. Ayelet Caspi-Fluger du centre de recherche Newe-Ya’ar (centre de recherche israélien sur l’agriculture) a constaté que les suceuses de sève, les mouches blanches, les aleurodes peuvent transférer des bactéries dans les plantes à partir desquelles elles se nourrissent et ces bactéries peuvent ensuite être récupérées par d’autres aleurodes. En plongeant leurs “pailles” dans la même plante, les aleurodes peuvent transmettre des microbes bénéfiques pour leurs congénères.

Les insectes transportent une grande variété de bactéries à l’intérieur de leurs tissus, qui les aident, entre autres, à digérer leur nourriture. Ces passagers sont transmis de la mère aux jeunes et à travers ses partenaires sexuels. Mais elles doivent aussi avoir les moyens de traverser la barrière des espèces, des bactéries étroitement apparentées sont souvent trouvées dans des insectes éloignés. Les plantes sont une voie évidente, mais jusqu’à présent, personne n’a clairement démontré si elles pouvaient transmettre les bactéries d’un insecte à l’autre. Mme Caspi-Fluger est la première.

Elle a travaillé avec des aleurodes de la patate douce, un ravageur dans le monde agricole, qui transporte la Rickettsia, une bactérie connue pour infecter les humains et d’autres animaux. Elle provoque des maladies comme le typhus et la fièvre pourprée des Montagnes Rocheuses et se propage par la piqure d’arthropodes hématophages comme les tiques, les puces et les poux. Mais ce n’est que l’une de ses nombreuses formes : certaines espèces peuvent aussi causer des maladies chez les plantes comme les papayes, tandis que d’autres agissent comme transporteurs utiles qui fournissent des nutriments aux insectes.

Caspi-Fluger a autorisé des aleurodes porteurs de la Rickettsia à se nourrir de plusieurs plantes différentes incluant le coton, le basilic et la morelle. Vingt jours plus tard, elle a trouvé la bactérie dans leurs feuilles, qui correspondait génétiquement parfaitement avec celles des aleurodes.

Les bactéries ne causent pas de problèmes pour la plante. En utilisant des anticorps luminescents qui collent à la Rickettsia, Caspi-Fluger a montré qu’elles étaient confinées dans des tubes appelés phloème. Ces tissus, conducteurs de la sève riche en nutriments, sont les artères et les veines d’une plante et c’est à partir d’eux que se nourrissent les aleurodes. Tout comme les insectes suceurs de sang, tel que les moustiques, qui peuvent récupérer les parasites du paludisme ou de la dengue, en piquant les humains infectés, les insectes suceurs de sève peuvent ramasser des microbes en perçant le phloème infecté. Caspi-Fluger a prouvé cela aussi : lorsqu’elle a relâché des aleurodes non infectés sur des plantes infectées, elles ont récupéré la Ricketssia en dix jours.

Dans cette étude, Caspi-Fluger a seulement travaillé avec les aleurodes, mais il est probable que les plantes peuvent également transmettre des bactéries à d’autres groupes d’arthropodes. Après tout, les mêmes souches de Rickettsia sont également trouvées dans les pucerons, les cicadelles et les acariens. Il sera intéressant de voir si les bactéries peuvent former une relation stable avec les insectes qui les récupèrent à partir de plantes et si elle est transmise de mère en fille. Si oui, les plantes pourraient agir comme des marieuses involontaires, créant de nouvelles alliances durables entre les insectes et les bactéries.

La recherche publiée ici : Horizontal transmission of the insect symbiont Rickettsia is plant-mediated.

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