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Micavibrio aeruginosavorus

Si les bactéries avaient du sang, le microbe prédateur Micavibrio aeruginosavorus serait essentiellement vampire : il subsiste en pourchassant d’autres microbes, en s’y accrochant et en suçant leur fluide vital.

Image d’entête : la bactérie Micavibrio aeruginosavorus (jaune), attachée et ‘”suçant” une bactérie Pseudomonas aeruginosa (violette), entourée par des cellules Pseudomonas aeruginosa mortes (grises), cliquez pour grand format.

Pour la première fois, des chercheurs ont séquencé le génome de ce micro-organisme étrange, qui a d’abord été identifié, il y a des décennies, dans les eaux usées. Ce séquençage aidera à mieux comprendre la bactérie unique, qui a le potentiel pour être utilisée comme un "antibiotique vivant” en raison de sa capacité à attaquer les biofilms (communauté de micro-organismes) résistantes aux médicaments et son gout apparent pour les repas constitués d’agents pathogènes.

Son anatomie :

La bactérie a une histoire de vie intéressante à plusieurs paliers. Durant sa phase migratoire il fait pousser un unique flagelle et part à la chasse. Une fois qu’il trouve un savoureux morceau de bactérie, il attaque et s’attache de façon irréversible à la surface et aspire toutes les bonnes choses : les glucides, les acides aminés, les protéines, l’ADN, etc.
Rassasiée, la cellule se divise en deux via la fission binaire et l’hôte, maintenant affaibli, est laissé pour mort.

La M. aeruginosavorus ne peut être cultivée seule, elle doit être cultivée avec une autre bactérie dont elle se nourrit. Une étude de 2006 a constaté qu’elle ne “pousse” que sur trois espèces de bactéries, qui peuvent causer la pneumonie chez les humains. Une étude plus récente a montré qu’elle peut avoir comme proies une plus grande variété de microbes, la plupart d’entre eux potentiellement pathogènes, comme l’E. coli.

Ces études ont également constaté que la M. aeruginosavorus a un talent pour perturber les biofilms, la collection dense de bactéries semblables à celles qui causent de dégâts sur les dents et les implants médicaux et peut être jusqu’à 1000 fois plus résistantes aux antibiotiques que les microbes en libertés.

Les bactéries peuvent aussi nager à travers les fluides visqueux des muqueuses et tuer la Pseudomonas aeruginosa, la bactérie qui peut coloniser les poumons des patients atteints de fibrose kystique (mucoviscidose) et former un film collant.

Ces qualités ont attiré l’attention des chercheurs qui pensent qu’elle pourrait être utilisée comme un antibiotique vivant pour traiter une variété de bactéries résistantes aux médicaments, qui sont un problème croissant en médecine. Le séquençage du génome de l’organisme est une étape importante dans la compréhension de sa biochimie et de la façon dont il se nourrit d’autres microbes.

La nouvelle étude a révélé que chaque phase de la vie implique l’utilisation (ou expression) de différents ensembles de gènes. La phase de migration / chasse implique de nombreux segments qui codent la formation du flagelle et des gènes impliqués dans la détection de quorum. La phase d’attachement implique une grande variété de substances chimiques sécrétées et des enzymes qui facilitent la circulation des matériaux provenant de l’hôte.

La Micavibrio aeruginosavorus ne possède pas de gènes transporteurs d’acides aminés, un trait plutôt rare, observé que dans quelques autres espèces de bactéries qui dépendent fortement de leurs hôtes pour les aider à transporter ces protéines vitales. Cette absence contribue à expliquer la dépendance de la bactérie sur une gamme étroite de proie, d’où elle vole directement les acides aminés. De plus, on ne sait pas exactement comment le microbe se fixe et infiltre d’autres cellules.

La gamme de microbes, sur laquelle la Micavibrio aeruginosavorus peut survivre, est en expansion ; après avoir été conservée dans des conditions de laboratoire pendant des années, elle a apparemment évoluée vers une alimentation plus variée. Si cette expansion se poursuit, cela pourrait être un réel problème pour son utilisation comme antibiotique, elle pourrait commencer à manger des bactéries intestinales bénéfiques, par exemple. Les chercheurs affirment qu’elle est inoffensive pour les gentils microbes de l’intestin, mais elle n’a pas été testée sur toutes les variétés de bactéries présentes chez les humains.

Plusieurs étapes importantes doivent être traversées, avant de la tester chez l’humain. Les chercheurs pensent que la bactérie doit être modifiée génétiquement afin de poursuivre des agents pathogènes spécifiques, ou pour réduire le risque de complications imprévues.

L’étude publiée sur BMC Genomics : Genomic insights into an obligate epibiotic bacterial predator: Micavibrio aeruginosavorus ARL-13.

 

Source

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