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La myxine (surnommée cochon des profondeurs) semble un repas facile. Son corps sinueux comme une anguille ne semble pas avoir de défense, mais tout prédateur qui voudrait le mordre pourrait avoir une mauvaise surprise. La myxine libère un mucus gluant à prise rapide qui obstrue les ouïes du prédateur, l’amenant à fuir précipitamment. Les scientifiques connaissent cette défense répulsive depuis des décennies, mais Vincent Zintzen l’a finalement capté à l’état sauvage. Ses vidéos prouvent aussi que la myxine, généralement considérée comme des charognards des abysses, d’ou son nom de cochon des profondeurs, sont également d’actifs chasseurs, qui peuvent se glisser dans les terriers de petits poissons.

Les Myxines sont parfois considérées comme des poissons bien que cela ne soit pas complètement vrai, car elles manquent à la fois de dorsales et de mâchoires. Au lieu de cela, leurs bouches contiennent une large plaque de cartilage, armé de deux rangées de dents cornées (photo ci-dessous). Elle les utilise pour déchirer les carcasses qui coulent. Généralement, une baleine morte qui coule, sur le plancher océanique, sera bientôt couverte de myxines.

Le corps et la gueule de la myxine :

myxine

Elles se nourrissent des cadavres. Elles s’enfouissent profondément dans les cadavres et peuvent même absorber les nutriments à travers leur peau. Et si elles sont menacées ou provoquées, elles produisent une bave gluante, suintant des centaines de pores qui tapissent leur corps. Cette matière visqueuse est constituée de grandes protéines de mucus, appelés mucines, reliées entre elles par des fils de protéines. Quand elles se mêlent à l’eau de mer, elle se dilate massivement, pour devenir presque un millier de fois plus diluées que le mucus animal.

Une myxine seule peut bloquer un seau d’eau en quelques minutes et en 2006, Jeanette Lim a montré que cette substance peut aussi boucher les branchies des prédateurs. Mais jusqu’à présent, on n’avait jamais vu les animaux utiliser cette défense contre un prédateur réel. Elles ont surtout été filmées par des véhicules sous-marins en train de dévorer des carcasses de baleines ; leurs prédateurs, qui avaient une surabondance de viande de baleine à portée de main, pourraient avoir été rebutés par le bruit des véhicules lumineux. Au lieu de cela, Zintzen a filmé les myxines dans des conditions plus naturelles, en utilisant un réseau de caméras appâtées. “Nos unités ne sont pas en mouvement, produisant un minimum de bruit et l’utilisation de lampes, émettant uniquement dans le bleu, évitent de décourager la faune”, dit-il.

Les myxines, dans les vidéos, sont attaquées par des requins, congres et plus encore. En moins d’une demi-seconde, la bouche et les branchies du prédateur sont remplies de ce mucus. Il la délaisse, bâillonner et en convulsions, de la bave accrocher en longues mèches dans sa gueule. Même les voraces requins n’y reviennent pas. Les caméras n’ont pas suivi les prédateurs s’enfuyant, alors Zintzen ne sait pas s’ils finissent par mourir ou si cette bave se dissout. Sa défense est si efficace qu’elle peut totalement ignorer le fait qu’un requin vient juste essayer de le mordre. Vous pouvez voir les résultats ci-dessous.

Le mucus peut aussi donner à la myxine un avantage concurrentiel parmi les autres charognards. Le mucus des poissons rebute les concurrents, permettant à la myxine de monopoliser leurs morceaux.

Zintzen a également filmé une myxine en chasse, un comportement qui n’avait jamais été observé auparavant. Alors qu’elles sont généralement considérés comme des charognards, certains scientifiques ont suggéré que leur nombre est si grand qu’elles ne pouvaient pas seulement se contenter des cadavres. En plus de cela, certaines personnes ont trouvé de la chair de crevettes, de vers et de poissons parmi les contenus stomacaux des myxines.  

Zintzen a filmé la myxine chassant des poissons Cepolidae, installés dans des terriers de sable. La myxine a complètement ignoré l’appât que Zintzen offrait. Au contraire, elles semblaient sonder le plancher océanique pour des terriers cachés, en utilisant les  moustaches, barbillons, sur leurs faces. Une fois qu’elles ont trouvé une entrée, elles ont rapidement creusé l’intérieur, en émergeant quelques minutes plus tard. “Quand j’ai d’abord examiné cette vidéo, j’ai pensé : ces myxine ne sont pas très intelligentes. Elles ont l’appât juste au-dessus de leur tête et elles continuent à chercher dans les sédiments." Puis, Zintzen a remarqué qu’une myxine en particulier avait collé le tiers avant de son corps à l’intérieur d’un trou. Elle tord son corps pour former un noeud, afin de l’utiliser pour se soutirer des sédiments. Vingt secondes plus tard, elle s’était extraite de son terrier avec un poisson mort et immobile, dans sa bouche. “J’ai alors compris que ce qui se passait réellement : elles étaient à la chasse !”

La technique de chasse de la myxine :

chasse-myxine

Les Myxines sont bien connues pour leur capacité à se lier en nœuds qui peut se déplacer sur toute la longueur de leur corps. Cela pourrait aider à se nettoyer de leur propre mucus (elles peuvent s’étouffer avec leur propre mucus) ou de se libérer de l’emprise d’un prédateur. Ici, le nœud semblait donner l’effet de levier pour tirer la myxine et le poisson de son terrier. Zintzen pense que la myxine peut même avoir utilisé son mucus comme une arme offensive, pour étouffer sa proie l’intérieur de son terrier.

Les Myxines nagent dans les océans depuis 300 millions d’années et il y a 77 espèces réparties partout dans le monde. Leurs seuls prédateurs sont soit de très gros poissons dont les branchies sont trop gros pour les obstruer, ou des mammifères, qui n’ont pas de branchies et dont l’estomac peut les digérer facilement ou expulser le mucus.

L’intégralité de la recherche publiée sur Nature, le 27 octobre 2011 : Hagfish predatory behaviour and slime defence mechanism.

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