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Pour certaines personnes, le verre est toujours à moitié plein. Même quand une équipe amateur de football a perdu dix matchs de suite, elle pourrait encore être convaincue que son équipe peut revenir sur sa série de malchances. Alors pourquoi, face à des preuves claires, suggérer le contraire, certaines personnes resteraient donc perpétuellement optimistes quant à l’avenir ?

Image d’entête : La vie est belle.

Dans une étude publiée vendredi dernier dans Nature Neuroscience (lien plus bas), des chercheurs du Centre Wellcome Trust pour la neuro-imagerie à l’UCL (University College London) montrent que les personnes qui sont très optimistes, sur l’issue des évènements, ont tendance à apprendre, uniquement à partir des informations qui renforcent leur vision teintée de rose du monde. Ceci serait lié à la "défectueuse" fonction de leurs lobes frontaux.

Un problème qui a intrigué les scientifiques pendant des décennies : pourquoi l’optimisme humain est tellement omniprésent, lorsque la réalité nous confronte en permanence avec l’information qui remet en question ces croyances biaisées ?

"Voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide peut être positif, cela peut diminuer le stress et l’anxiété et être bon pour notre santé et notre bien-être”, explique le Dr Tali Sharot. "Mais cela peut aussi signifier que nous sommes moins enclins à prendre des mesures de précaution, telles que pratiquer le sexe sans “filet” ou d’épargner pour sa retraite. Alors, pourquoi ne pas apprendre de l’information qui nous met en garde ?"

Dans cette nouvelle étude, le Dr Sharot et le professeur Ray Dolan du Centre Wellcome Trust pour la neuro-imagerie, en collaboration avec Christoph Korn de l’école de l’esprit et du cerveau (en espérant ne pas me tromper sur la traduction Berlin School of Mind and Brain) de Berlin, ont montré que notre défaillance à modifier les prévisions optimistes lorsqu’elles sont présentées avec des informations contradictoires, est due à des erreurs dans la façon dont nous traitons l’information dans notre cerveau.

Il a été présenté, à dix-neuf volontaires, une série de mauvais scénarios de la vie courante, tels que le vol de voiture ou la maladie de Parkinson, alors qu’ils étaient couchés dans un IRMf (imagerie par résonance magnétique fonctionnelle), qui mesure l’activité du cerveau. Ils ont été invités à estimer la probabilité que ces évènements puissent leur arriver dans le futur. Après une courte pause, les volontaires ont indiqué la probabilité moyenne que l’une de ces accablantes situations se produisent. Au total, les participants ont vu 80 images de ces événements. Après les séances d’analyse, il a été demandé aux participants d’estimer, une nouvelle fois, la probabilité que chaque événement leur arrive. Ils ont également été invités à remplir un questionnaire mesurant leur niveau d’optimisme.

Les chercheurs ont constaté que les cobayes ont, en fait, mis à jour leurs estimations en se basant sur l’information donnée, mais seulement si l’information était meilleure que prévu. Par exemple, s’ils avaient prédit que la probabilité de souffrir d’un cancer était de 40%, mais que la probabilité moyenne était de 30%, ils pouvaient ajuster leur estimation à 32%. Mais s’ils avaient d’abord placé les chances d’avoir un cancer à 10%, ils étaient peu susceptibles à changer leur deuxième estimation.

Grâce aux images de l’IRMf, les chercheurs ont constaté que le lobe frontal du cerveau joue un rôle dans ce phénomène. Lorsque les participants ont trouvé que le pourcentage réel est plus favorable que leur estimation initiale, alors une partie du lobe frontal a présenté une activité accrue, indiquant que le cerveau traitait activement cette information. Mais si le chiffre réel était pire que prévu, ceux qui présentaient des niveaux élevés d’optimisme sur leur questionnaire ont montré une activité fortement réduite dans le lobe frontal. C’est comme si leur cerveau refusait de traiter cette information, les indésirables.

La présentation de cette découverte par Tali Sharot :

Le Dr Sharot explique:

Notre étude suggère que nous sélectionnons les informations que nous écoutons. Plus on est optimiste, moins on est susceptible d’être influencé par des informations négatives sur l’avenir. Cela peut avoir des avantages pour notre santé mentale, mais il y a bien sûr inconvénients, comme je le citais plus haut. De nombreux experts estiment que la crise financière de 2008 a été précipitée par des analystes surestimant de la performance de leurs actifs, même face à des preuves évidentes du contraire.

Ainsi donc, ceux qui estiment leur avenir éternellement ensoleillé ont aussi un cerveau qui ne traite pas les informations indésirables correctement. Mais bon je suis sûr qu’ils/elles trouveront un moyen de transformer positivement cette mauvaise nouvelle…

L’étude publiée sur Nature Neuroscience : How unrealistic optimism is maintained in the face of reality.

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