Sélectionner une page

mort-de-la-créativité

Pour notre développement, nous avons souvent besoin de trouver des solutions inattendues à des problèmes délicats. Pourtant, nous sommes souvent sceptiques et dédaigneux face aux idées créatives… et la raison de cela se trouve au fin fond de nos esprits torturés.

Toute personne qui se considère comme un(e) génie incompris(e) (soit environ 90% de ceux qui lisent ceci) connaissent l’expérience du rejet d’une idée brillante. Notre esprit étroit est incapable de saisir le concept visionnaire mis en avant, accueillant la proposition avec un dédaigneux haussement des épaules, accompagné d’objections mineures, alors qu’elle devrait être encensée et adulée. En théorie, la créativité est presque universellement considérée comme un trait positif, mais en pratique, elle semble mettre les gens dans une position nettement inconfortable.

Des expériences réalisées à l’Université de Pennsylvanie peuvent fournir quelques réponses pour résoudre ce paradoxe. Selon les chercheurs, l’étude propose quatre conclusions essentielles :

– Les idées créatives sont, par définition, nouvelles et la nouveauté peut déclencher des sentiments d’incertitude qui placent la plupart des gens dans une position inconfortable.

– Les gens rejettent les idées créatives en faveur des idées qui sont éprouvées par la pratique.

– La preuve objective, démontrant la validité d’une proposition créative, ne motive pas les gens à l’accepter.

– Cette tendance à l’anticréativité est si subtile que nous ne nous en rendons pas compte, interférant ainsi avec la capacité à reconnaitre une idée créative.

L’étude a trouvé des preuves, à la fois consciente et inconsciente, d’un préjugé contre la créativité. Pour exemple, des participants à l’étude ont eu une réaction généralement négative face à un prototype de chaussure de course, qui utilisait la nanotechnologie pour garder les pieds au frais et éviter les ampoules. La chaussure a bien fonctionné et a présenté quelques avantages évidents par rapport aux souliers ordinaires. Pourtant, il y avait une tendance certaine, pour les participants, à l’écarter du revers de la main. Et sur le côté inconscient, les chercheurs ont utilisé une technique subtile pour mesurer les préjugés inconscients, du genre de celles que les gens ne veulent pas admettre, comme le racisme. Les résultats ont révélé que, bien qu’ils aient explicitement affirmé leur désir pour les idées créatives, ils ont réellement associé celles-ci avec des mots négatifs tels que "vomir", "poison" et "agonie"…

On en revient à l’incertitude, disent les chercheurs. Il n’y a pas de réel besoin pressant pour des idées créatives en temps de certitude et de sécurité et nous avons tendance à associer la créativité, elle-même, avec le fait de se placer en dehors des limites de sécurité.

Ils expliquent :

Nos résultats impliquent une profonde ironie. Révéler l’existence et la nature d’une tendance allant contre de la créativité peut aider à expliquer pourquoi les gens pourraient rejeter les idées créatives et étouffer les avancées scientifiques, même face à des fortes intentions pour le contraire …

L’incertitude nous rend aussi moins capables de reconnaitre la créativité, peut-être quand on en a le plus besoin. L’étude, “le parti pris contre Créativité : Pourquoi les gens désirent, mais rejettent les idées créatives”, pourrait valider les frustrations des gens créatifs.

L’étude au format PDF sur le site de l’université de Pennsylvanie : The bias against creativity: Why people desire but reject creative ideas.

À partir de l’université Cornell : People are biased against creative ideas, studies find.

Pin It on Pinterest

Share This