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NuclearGreenpeaceSuite à la catastrophe nucléaire de Fukushima Daiichi, le gouvernement arménien affronte les questions renouvelées par les scientifiques et écologistes qui prétendent que la combinaison fatale, de la conception et de l’emplacement, fait de Metsamor l’une des plus dangereuses centrales nucléaires au monde.

Image d’entête : Greenpeace Espagne a éclairée les six réacteurs nucléaires du pays, avec des images obsédantes, exigeant la fin de l’énergie nucléaire. Les manifestants ont projeté un visage qui rappelle Le Cri d’Edvard Munch sur la vapeur se levant d’une tour de refroidissement, à la centrale nucléaire de Cofrentes, près de Valence.

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Cette centrale nucléaire vielle de 31 ans, fait partie d’une poignée d’autres réacteurs nucléaires de ce type qui ont été construits sans structures de confinement primaire. Ces cinq premières générations, refroidies à l’eau, ont passé ou sont proches de l’âge de la retraite.

Mais un fait rend les réacteurs de Metsamor beaucoup plus inquiétant : cette centrale nucléaire est à seulement 16 kilomètres de la frontière turque, dans une zone qui comprend la région agricole fertile de la vallée du fleuve Aras. Elle est à seulement 36 kilomètres de la capitale Erevan, qui abrite un tiers de la population de la nation. Et c’est au milieu d’une zone de forte activité sismique, qui s’étend dans de la Turquie à la mer d’Oman, près de l’Inde. Le 7 décembre 1988, un séisme d’une magnitude 6,8 a frappé, tuant 25.000 personnes et laissant 500 000 sans-abri. Environ à 100 kilomètres de l’épicentre, Metsamor a survécu à la secousse, sans dégâts, selon les autorités arméniennes et l’Organisation internationale de l’énergie atomique (AIEA).

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Il y a sept ans, un inspecteur de l’Union européenne a désigné la centrale comme "un danger pour toute la région», mais cela n’aura pas empêché l’Arménie de refuser plus tard, l’offre de l’UE d’un prêt de 200 millions d’euros pour financer l’arrêt de Metsamor.

Des plans pour remplacer Metsamor après 2016, avec une nouvelle centrale nucléaire au même endroit, sont en cours. Mais jusque-là, l’Arménie n’a pas d’autre choix que de garder ses turbines en fonctionnement, car ils ont déjà une idée du froid et de l’obscurité qu’il règne dans la région, notamment lorsque la centrale a été fermée pendant plusieurs années.

Metsamor fournit plus de 40 pour cent de la puissance à une nation qui est isolée de ses voisins et privée d’autres sources d’énergie : les 3 millions d’habitants de l’Arménie, sans littoral, ont ainsi une forte dépendance énergétique à leurs vieux réacteurs. Les conflits régionaux qui ont éclaté durant la dissolution de l’Union soviétique, ont laissé la plus petite de ses anciennes républiques à l’encontre de ses voisins. Un pipeline d’importation de gaz naturel russe  a été construit en 1993 par la Géorgie, mais il a été régulièrement interrompu par des actes de sabotage et par les conflits séparatistes. L’Azerbaïdjan à l’est et la Turquie à l’ouest ont fermé leurs frontières avec l’Arménie, coupant la plupart des voies pour le pétrole et le gaz naturel.

En 1995, le gouvernement de l’époque a décidé de redémarrer le plus jeune des deux réacteurs, devenu une source d’énergie et une source d’espoir pour l’Arménie.

Les fonctionnaires arméniens prétendent que les modifications apportées au réacteur, au cours des 15 dernières années, ont réduit les risques. Avant que Metsamor ait été rouverte, l’Arménie a dû transporter plus de 500 tonnes de matériel sur le site (la plus grande partie provenant de la Russie), pour la mettre à jour.

Depuis le redémarrage, l’AIEA affirme que près de 1 400 améliorations concernant la sécurité ont été effectuées. Il s’agissait notamment d’accumulateurs "antisismique" , du renforcement du bâtiment du réacteur, d’armoires électriques et de tours de refroidissement.

Lorsque la construction a commencé en 1969, des réacteurs VVER 440, modèle 230 y ont été installés, un exemple de l’un des premiers modèles à eau sous pression des centrales nucléaires, élaboré par les Soviétiques entre 1956 et 1970. À la différence de Tchernobyl qui utilisait le graphite pour son refroidissement (le feu de graphite a contribué à la pire catastrophe nucléaire), le 440 profite d’un système de refroidissement à l’eau, capable de supporter une perte de puissance sur une plus longue période de temps que les centrales de l’Ouest, en raison d’un volume de liquide de refroidissement important.

Le réacteur de Metsamor, le 440S VVER, s’appuie sur un système de localisation des accidents, conçu pour traiter les ruptures de petite taille. Dans le cas d’une rupture importante, le système de ventilation rejette les gaz directement dans l’atmosphère. Ils ne peuvent pas faire face à de grandes ruptures du circuit primaire.

Comme elle n’a pas réussi à convaincre l’Arménie de fermer l’usine, l’UE a mis l’accent sur une aide en matériel pour améliorer sa sécurité, avec plus de 59 millions d’euros, ainsi que dans le développement des énergies renouvelables et pour les efforts régionaux de coopération énergétique. L’Arménie a fait des efforts pour obtenir d’autres sources de carburant, comme un pipeline de gaz naturel du sud de l’Iran, qui a ouvert en 2007. Mais la quantité de carburant à l’importation reste en question.

Dans l’avenir : l’Arménie a l’intention d’innover dans un projet de 5 milliards de dollars, l’an prochain, un plus grand réacteur le VVER 1000.

A partir de l’article du National Geographic : Is Armenia’s Nuclear Plant the World’s Most Dangerous? Cet article fait partie d’une série spéciale qui explore les questions sur l’énergie : The great energy challenge.

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