Un poisson vieux de 780 000 ans est la plus ancienne preuve de cuisson par le feu
Des scientifiques ont découvert les premières preuves de la cuisson d’aliments par l’humain grâce à une utilisation contrôlée du feu, datant de près de 800 000 ans. Un site archéologique en Israël contient des restes de poisson qui, après un examen plus approfondi, montrent des signes évidents de cuisson.
La découverte a été faite sur le site archéologique de Gesher Benot Ya’aqov (GBY, voir localisation dans la carte plus bas), où une équipe de chercheurs de huit institutions a trouvé de grandes quantités de dents de poisson. Les propriétaires de ces dents étaient d’énormes carpes pouvant atteindre 2 m de long, qui auraient vécu dans le lac Hula voisin.
Illustration d’hominidés exploitant et cuisinant le poisson Luciobarbus longiceps (grand barbeau, Cyprinidae) sur les rives du paléo lac Hula. (Ella Maru/ Université de Tel-Aviv)
L’équipe a étudié les dents pharyngiennes, que les poissons utilisent pour broyer les matériaux durs comme les coquillages de leur nourriture. Lorsque ces dents sont exposées à une forte chaleur, les cristaux de l’émail dentaire se dilatent. L’analyse de leur taille et de leur structure peut donc en dire long sur les températures qu’elles ont endurées.
Reconstruction 3D du crâne du poisson Luciobarbus longiceps, montrant l’emplacement des dents pharyngiennes. (Université de Tel-Aviv)
Cette analyse a montré que les dents avaient été exposées à une chaleur relativement faible, inférieure à 500 °C. Selon l’équipe, cela indique clairement que le poisson a été cuit délibérément, avec une sorte de séparation des flammes nues elles-mêmes. Si les poissons avaient été jetés directement dans le feu comme déchets ou combustible, ou s’ils avaient été pris dans un incendie naturel, ils auraient présenté des signes de températures beaucoup plus élevées.
Selon le Dr Irit Zohar et le Dr Marion Prévost, chercheurs de l’étude :
La grande quantité de restes de poissons trouvés sur le site prouve leur consommation fréquente par les premiers humains, qui ont développé des techniques de cuisson spéciales. Ces nouvelles découvertes démontrent non seulement l’importance des habitats d’eau douce et des poissons qu’ils contenaient pour la subsistance de l’homme préhistorique, mais illustrent également la capacité des hommes préhistoriques à maîtriser le feu afin de cuire les aliments, et leur connaissance des avantages de la cuisson du poisson avant de le consommer.
Les plus anciennes dents du site ont été datées à environ 780 000 ans, ce qui en fait la plus ancienne preuve directe, à ce jour, de l’utilisation contrôlée du feu pour la cuisson des aliments. C’est un bond énorme par rapport au précédent record, qui ne remonte qu’à 170 000 ans. Mais il est bien sûr probable que les anciens humains aient commencé cette pratique encore plus tôt. Après tout, il est prouvé que des hominidés comme l’Homo Erectus avaient appris à maîtriser le feu il y a plus d’un million d’années. Au départ, le feu devait servir à se réchauffer et à s’éclairer avant qu’ils ne réalisent son potentiel pour la cuisine, la fabrication d’outils et d’autres usages.
Emplacement du site archéologique de Gesher Benot Ya’aqov (GBY) sur la route de l’Homo erectus hors d’Afrique. (Université de Tel Aviv)
L’étude publiée dans Nature Ecology & Evolution : Evidence for the cooking of fish 780,000 years ago at Gesher Benot Ya’aqov, Israel et présentée par l’Université de Tel Aviv via Eurekalert : International team of leading Israeli universities finds oldest evidence of the controlled use of fire to cook food.