Les 258 légendes traditionnelles austronésiennes sur la présence de "petits hommes sombres" confirmées
La découverte d’un ancien crâne humain et d’un os du fémur dans une grotte de Taïwan pourrait confirmer les légendes locales concernant une tribu indigène qui vivait autrefois sur l’île.
Image d’entête, à partir de l’humain : le crâne découvert d’une femme dans la grotte de Xiaoma. (Hirofumi Matsumura/ Hsiao-chun Hung et col./ World Archeology)
Le Taïwan d’aujourd’hui est en grande partie le produit de l’histoire coloniale. Bien que colonisée depuis au moins 25 000 ans, la population de l’île est aujourd’hui majoritairement d’origine chinoise Han, après un afflux spectaculaire de population du continent dans l’ouest de Taïwan lors de la colonisation hollandaise de l’île au 17e siècle.
Mais le passé de l’île revient lentement à la lumière. Une étude récemment publiée aide à mieux connaitre les premiers habitants de l’île, dont l’histoire fait désormais partie du folklore local de Taïwan. Cette étude décrit la découverte d’un crâne et d’un fémur humains vieux de 6 000 ans dans une grotte des montagnes de Taïwan par une équipe internationale de chercheurs.
Le folklore taïwanais parle d’une tribu de personnes de petite taille et à la peau sombre qui vivaient autrefois dans les régions montagneuses de l’île. Jusqu’à présent, cependant, il n’existait aucune preuve archéologique pour étayer ces histoires. Mais la nouvelle découverte pourrait changer complètement la donne.
Ci-contre, à partir de l’étude (clic pour agrandir) : emplacement des grottes de Xiaoma à Taïwan. (Hsiao-chun Hung et col./ World Archeology)
Selon l’étude :
L’étude morphométrique crânienne des restes de squelettes humains mis au jour dans les grottes de Xiaoma, dans l’est de Taïwan, valide pour la première fois l’existence antérieure de chasseurs-cueilleurs de petite taille, il y a 6000 ans, lors de la phase précéramique.
Ces contes populaires pourraient faire référence à un groupe descendant d’une population de départ encore plus ancienne, antérieure aux populations austronésiennes « indigènes » de Taïwan. D’une manière ou d’une autre, explique l’étude, ce groupe de descendants a survécu dans la région montagneuse et isolée de l’île jusqu’à il y a un ou deux siècles.
Les chercheurs précisent que des mentions de ce petit peuple à la peau foncée ont été trouvées dans des documents remontant à la dynastie Qin (environ 200 av. J.-C.), qui ajoutent que 15 des 16 groupes austronésiens vivant aujourd’hui à Taïwan ont également des histoires de ce même peuple qui vivait autrefois dans les montagnes.
Toutefois, les similitudes s’arrêtent là. Chaque groupe a sa propre version de l’histoire. Certains pensent qu’ils descendent de ces petites tribus à la peau sombre. D’autres les considèrent comme d’anciens ou de vieux ennemis. Au moins une tribu prétend les avoir entièrement tués il y a environ 1 000 ans.
Les ossements récemment découverts pourraient aider à faire la lumière sur ce qui s’est réellement passé. Découverts par une équipe de chercheurs composée de membres d’Australie, du Japon, de Taïwan et du Vietnam, le crâne et le fémur, vieux de 6 000 ans, ont donc été trouvés dans une grotte des montagnes de Taïwan.
Les grottes de Xiaoma au pied de cette colline à Taiwan. (Mike T. Carson/ Hsiao-chun Hung et col./ World Archeology)
Les tests ADN effectués sur les os ont révélé que les restes sont étroitement liés à des échantillons africains d’à peu près le même âge. La forme et la taille des os sont similaires à celles des Négritos, un peuple qui vivait dans certaines régions de l’Afrique du Sud et des Philippines actuelles. Les recherches effectuées sur les ossements des Negritos dans ces régions ont montré que ces personnes étaient plutôt petites et avaient une taille globale réduite, ce qui correspond à la découverte actuelle. Après avoir établi que le crâne et le fémur appartenaient à la même personne (identifiée comme une jeune femme), l’équipe estime qu’elle mesurait environ 1m30.
A partir de l’étude : la répartition des groupes Negrito aux Philippines, dans la péninsule malaise (Mani dans le sud de la Thaïlande et Semang en Malaisie) et dans les îles Andaman. (Hsiao-chun Hung et col./ World Archeology)
Cela semble confirmer les contes populaires locaux concernant l’existence de personnes anciennes et de petite taille à Taïwan. Cependant, cela n’aide en aucun cas à comprendre ce qui est arrivé à ces personnes. Les preuves jusqu’à présent suggèrent qu’ils avaient disparu ou presque complètement disparu au moment où les premiers groupes de personnes austronésiennes ont commencé à arriver sur l’île.
Selon l’étude :
Les observations des restes funéraires des Xiaoma, ainsi que 258 légendes traditionnelles austronésiennes, indiquent que des « petits hommes sombres » ont vécu à un moment donné à Taïwan, ressemblant aux groupes Negrito d’Asie du Sud-Est. Ces nouvelles découvertes attirent l’attention sur la période de chevauchement coexistant entre les anciennes communautés de chasseurs-cueilleurs et les nouveaux agriculteurs immigrants de langue austronésienne à Taïwan.
L’étude publiée dans la revue World Archeology : Negritos in Taiwan and the wider prehistory of Southeast Asia: new discovery from the Xiaoma Caves.