Cette salamandre sait se parachuter des plus hauts arbres du monde
Les urodèles Aneides vagrans ou “salamandres vagabondes” sautent à la manière des parachutistes humains lorsqu’elles se jettent de très haut. Ces amphibiens, originaires des forêts de séquoias de Californie, aux États-Unis, sont connus pour escalader certains des plus grands arbres du monde. Aujourd’hui, pour la première fois, les chercheurs ont filmé le comportement de vol plané de ces salamandres.
GIF d’entête, tiré de l’étude : tests en soufflerie de la capacité des salamandres vagabondes à planer. (Christian E. Brown et col./ Current Biology)
Selon Chris Brown, chercheur à l’Université de Floride du Sud, aux États-Unis, et auteur principal d’une étude décrivant les salamandres planantes (lien plus bas) :
Bien que des centaines d’espèces de salamandres sans poumons (Plethodontidae) soient connues pour grimper, le comportement aérien n’avait pas été décrit. Notre étude du comportement aérien a révélé que les espèces de salamandres très arboricoles, notamment la salamandre vagabonde (Aneides vagrans), pratiquent de manière fiable le parachutisme et le vol plané pour ralentir et diriger leur descente.
C’est en étudiant les salamandres vagabondes à l’Université d’État de Humboldt, aux États-Unis, que Brown a eu l’idée d’étudier leur comportement de parachutisme. Il a remarqué que les salamandres sautaient souvent de ses mains ou de branches d’arbres, adoptant rapidement des postures de parachutisme.
La salamandre vagabonde, Aneides vagrans. (Christian Brown)
Cette astuce a été observée chez des espèces de fourmis, d’araignées et de lézards vivant dans les arbres, pour n’en citer que quelques-unes. Dans chaque cas, elle ralentit la descente de la créature ou la ramène sur le tronc de l’arbre lorsqu’elle saute ou tombe.
Dans cette étude, Brown et ses collègues ont testé la position de parachutisme en laissant tomber des salamandres dans des tunnels à vent, les flux d’air étant ajustés de manière à correspondre à une chute depuis la cime d’un arbre.
Ils ont réalisé cet essai avec quatre espèces différentes de salamandres, dont certaines sont connues pour habiter les arbres et d’autres préfèrent les habitats plus bas. Outre la salamandre vagabonde, ils ont examiné la salamandre arboricole (Aneides lugubris), la salamandre noire (Aneides flavipunctatus) et la salamandre Ensatina (Ensatina eschscholtzii).
Cinq représentants de chaque espèce ont été utilisés, soit 20 salamandres au total. Les chercheurs ont effectué 45 essais en soufflerie sur chaque espèce.
Tests en soufflerie de la capacité des salamandres arboricoles à planer. Comparaison entre la réception de salamandres non-arboricole avec celle des salamandres vagabondes. (Christian Brown/ Roxanne Makasdjian/ Université de Californie à Berkeley)
Toujours selon Brown :
Observer des salamandres, qui sont généralement associées aux étangs et aux cours d’eau, dans les airs est un peu inattendu en soi.
Ce qui nous a le plus surpris, c’est le niveau de contrôle remarquable que les salamandres plus arboricoles avaient dans la soufflerie verticale. Les salamandres vagabondes étaient particulièrement habiles et semblaient déployer instinctivement des postures de parachutisme dès le premier contact avec le courant d’air.
Les salamandres arboricoles ont systématiquement adopté des postures de parachutisme, ralentissant leur vitesse de chute de 10%.
Ces salamandres étaient non seulement capables de se ralentir, mais aussi d’utiliser un contrôle fin du tangage, du roulis et du lacet pour maintenir des postures corporelles droites, exécuter des virages inclinés et planer horizontalement. Ce niveau de contrôle aérien était inattendu car ces salamandres ne semblent pas posséder de caractéristiques visibles pour le contrôle aérien.
Les chercheurs se plongent maintenant dans la dynamique des fluides pour comprendre exactement comment les salamandres génèrent de la portance. Pour Brown, si les salamandres peuvent le faire, , il est tout à fait possible que d’autres animaux des forêts de séquoias en soient également capables.
Pour Brown :
Les scientifiques n’ont fait qu’effleurer l’écosystème de la canopée des séquoias et la faune unique qu’il a façonnée au cours de l’évolution.
Avec le changement climatique à un rythme sans précédent, il est d’une importance vitale que nous recueillions davantage de données sur des animaux comme les salamandres vagabondes afin de mieux comprendre, protéger et préserver cet écosystème délicat.
L’étude publiée dans Current Biology : Gliding and parachuting by arboreal salamanders et présentée sur le site de l’Université de Californie à Berkeley : Skydiving salamanders live in world’s tallest trees.