66% de plus qu’il y a deux décennies : la pollution tue plus de 9 millions de personnes chaque année
La pollution, c’est-à-dire les rejets indésirables d’origine humaine dans l’air, la terre, l’eau et l’océan sans tenir compte du coût ou des conséquences, fut responsable de neuf millions de décès en 2019, avec peu de progrès au cours des quatre dernières années, selon une nouvelle étude. Les chercheurs ont mis en avant la pollution industrielle, telle que la pollution chimique, comme principal problème.
La Commission Lancet sur la pollution et la santé, utilisant les données de l’étude Global Burden of Disease (GBD), a constaté que la pollution était responsable de 16% de tous les décès dans le monde et de pertes économiques totalisant 4 600 milliards de dollars. Le nouveau rapport donne des estimations actualisées des effets de la pollution sur la base des données les plus récentes de 2019.
Sur les 9 millions de décès attribuables à la pollution en 2019, l’étude a révélé que la pollution atmosphérique (domestique et ambiante) était responsable du plus grand nombre de décès prématurés, soit 6,6 millions. La pollution de l’eau arrive en deuxième position, avec 1,36 million de décès, suivie du plomb et des risques professionnels toxiques, avec respectivement 900 000 et 870 00 décès.
Selon Richard Fuller, auteur principal de l’étude :
Les effets de la pollution sur la santé restent énormes, et ce sont les pays à revenu faible ou intermédiaire qui supportent le plus gros de cette charge. Malgré ses énormes répercussions sanitaires, sociales et économiques, la prévention de la pollution est largement négligée dans le programme de développement international.
Le rapport révèle une forte baisse des décès dus à la pollution habituelle depuis 2000, comme la pollution de l’air des ménages par les combustibles solides et l’eau insalubre. Ce phénomène était plus marqué en Afrique et s’explique par l’amélioration de l’approvisionnement en eau, de l’assainissement, des antibiotiques et des traitements. Toutefois, ce phénomène a été compensé par une augmentation des décès dus à la pollution industrielle.
La pollution de l’air ambiant, par exemple, a causé 4,5 millions de décès en 2019, contre 4,2 millions de décès en 2015 et 2,9 millions en 2000. Les décès dus aux polluants chimiques dangereux ont également augmenté, passant de 0,9 million en 2000 à 1,8 million en 2019. Dans l’ensemble, les décès dus à la pollution moderne ont augmenté de 66% au cours des deux dernières décennies, selon le rapport.
Les augmentations des décès dus aux formes les plus modernes de pollution sont particulièrement évidentes en Asie du Sud, en Asie de l’Est et en Asie du Sud-Est. Cela est dû à la combinaison de plusieurs facteurs, notamment l’augmentation de la pollution de l’air ambiant, l’augmentation de la pollution chimique, le vieillissement des populations et l’augmentation du nombre de personnes exposées à la pollution, entre autres.
Selonle coauteur Philip Landrigan :
La pollution reste la plus grande menace existentielle pour la santé humaine et planétaire et met en péril la durabilité des sociétés modernes. La prévention de la pollution peut également ralentir le changement climatique et notre rapport appelle à une transition massive et rapide de tous les combustibles fossiles vers des énergies propres et renouvelables.
Alors que le Lancet a formulé en 2017 des recommandations fondées sur la science pour agir contre la pollution, les chercheurs ont déclaré que peu d’efforts ont été réalisés dans la plupart des pays pour donner suite à ces recommandations. L’attention internationale sur la réduction de la pollution a augmenté, bien que lentement et de manière inégale, ainsi que le financement pour agir sur le problème.
Dans leur étude, les chercheurs ont inclus une série de recommandations à l’intention des gouvernements et des politiques. Celles-ci vont de la création d’un groupe scientifique/ politique indépendant sur la pollution, comme le GIEC pour le changement climatique, à l’augmentation du financement de la lutte contre la pollution. Les organisations internationales devraient également établir une meilleure connexion entre la science et la politique.
L’étude publiée dans The Lancet Planetary Health : The Lancet Commission on pollution and health.