Découverte de fragments d’un ancien calendrier maya de 260 jours au Guatemala
Parmi les fragments d’une ancienne peinture murale mésoaméricaine, des archéologues du Guatemala ont découvert les plus anciennes preuves irréfutables d’un calendrier maya sacré.
Image d’entête, à partir de l’étude : reconstruction du complexe architectural de San Bartolo et des fragments de la peinture murale indiquant le jour 7 Cerf associés à ce contexte. (David Stuart et col./ Science Advances)
Sur un minuscule fragment d’une peinture murale qui ornait autrefois le mur d’un temple, on peut voir les traces d’une tête d’animal sous un point noir et une ligne continue, symboles représentant le « 7 Cerf », l’un des 260 jours du calendrier.
D’autres documents historiques de ce calendrier sacré ont déjà été découverts en Amérique centrale, mais il s’est avéré difficile de les dater avec précision.
La découverte est un exemple très rare d’un jour de l’année clairement hiéroglyphique, qui a été écrit entre 200 et 300 avant notre ère, selon l’analyse au radiocarbone.
C’est plus de 1000 ans de plus que d’autres hiéroglyphes de calendrier découverts ailleurs au Guatemala. Et vu la maturité de l’écriture, les chercheurs soupçonnent que le calendrier était utilisé bien avant que cette date ne soit écrite.
Le fragment de fresque contenant le « 7 cerfs”. (Karl Taube/ Proyecto Regional Arqueológico San Bartolo – Xultun/ David Stuart et col./ Science Advances)
Selon les chercheurs à l’origine de cette étude :
Les preuves suggèrent maintenant que nous ne pouvons plus désigner une région de la Méso-Amérique, comme Oaxaca, comme étant « le » point d’origine des écritures ou des registres calendaires. La situation indiquerait une origine encore plus précoce du calendrier quelque part au cours du Préclassique moyen, si ce n’est avant, bien que les preuves restent indirectes.
La date du 7 Cerf a été trouvée parmi des centaines d’autres fragments dans les fondations de la pyramide Las Pinturas, située à San Bartolo, au Guatemala. Cette pyramide abrite plusieurs couches de l’histoire maya, empilées les unes sur les autres, qui remontent à environ 800 avant notre ère. Elle est la dernière structure à avoir été construite sur le site et elle est célèbre pour abriter des peintures murales décrivant la mythologie maya.
Sous la pyramide reposent plusieurs autres structures qui se dressaient autrefois à leur place. En 2005, des fouilles menées sous la cinquième couche de construction ont révélé des vestiges de murs en plâtre, peints de hiéroglyphes.
A partir de l’étude : portrait de la pyramide Las Pinturas et ses phases architecturales. (David Stuart et col./ Science Advances)
Ces gribouillages sont parmi les plus anciennes preuves d’écriture hiéroglyphique dans la région maya.
Des fouilles ultérieures dans la même couche ont permis de découvrir ce qui est probablement la plus ancienne preuve d’un calendrier hiéroglyphique.
La récente découverte ne fait que renforcer les appels en faveur de l’attribution du statut de patrimoine culturel aux peintures murales de San Bartolo. Les fragments de plâtre peint faisaient probablement partie d’une fresque murale, certaines surfaces étant recouvertes de peintures colorées mélangées et d’autres étant marquées par des lignes noires. La date du 7 décembre, par exemple, est écrite dans un style à traits noirs.
Les Mayas sont connus pour avoir suivi un calendrier sacré de 260 jours qui est encore utilisé par certaines communautés indigènes aujourd’hui. Les jours de ce calendrier sont nommés de 1 à 20 dans un ordre déterminé, et ils se répètent 13 fois par an. Le jour 7 Cerf, par exemple, est suivi du jour 8 Lapin, du jour 9 Eau et du jour 10 Chien.
Le fragment du haut est un hiéroglyphe qui montre clairement la tête d’un cerf. Au-dessus de cette tête, encadrée par un décor simple, se trouve un chiffre 7 à barres et à points. Le fragment du bas, qui se trouve directement sous le calendrier, comprend un autre hiéroglyphe dont la signification n’est pas décrite. L’alignement vertical suggère fortement que la date du dessus sert de légende à ce qui suit.
Les deux fragments représentant une date du calendrier maya. (Karl Taube/ Proyecto Regional Arqueológico San Bartolo-Xultun)
Il est possible que le cerf représente également un nom, car les Mayas étaient parfois nommés d’après des événements du calendrier (comme les noms April ou August en anglais). Les chercheurs pensent toutefois qu’il s’agit plus probablement d’une date.
Selon les archéologues :
Le calendrier de 260 jours a longtemps été un élément clé dans les définitions traditionnelles de la Méso-Amérique en tant que région culturelle, et sa persistance dans de nombreuses communautés jusqu’à aujourd’hui témoigne de son importance dans la vie religieuse et sociale.
Notre capacité à retracer son ancienne utilisation en remontant quelque 23 siècles en arrière est un autre témoignage de son importance historique et culturelle.
L’étude publiée dans Science Advances : An early Maya calendar record from San Bartolo, Guatemala.