Plus de 50 % de la population mondiale est susceptible de souffrir d’une forme ou d’une autre de maux de tête
Ils sont douloureux et déconcertants, mais ne bénéficient pas d’autant de visibilité que d’autres problèmes de santé. Selon une nouvelle étude, les maux de tête (céphalée) sont un problème très important, qui touche déjà 52 % de la population mondiale, dont 14 % de migraines. Les chercheurs ont actualisé une précédente étude datant de 2007 et ils ont constaté que le problème s’aggravait considérablement.
Les céphalées sont l’un des principaux problèmes de santé publique à l’échelle mondiale et dans tous les pays et régions du monde, selon le Global Burden of Disease (GBD/ étude sur la charge de morbidité), un examen mondial qui mesure les niveaux et les tendances épidémiologiques. Dans son édition de 2019, la migraine était à elle seule la deuxième cause d’invalidité, touchant particulièrement les jeunes femmes et il existe de nombreuses autres affections provoquant des maux de tête.
Mais le GBD ne dit peut-être pas tout. Il utilise des études épidémiologiques comme seule source pour les maux de tête et les chercheurs de l’Université norvégienne des sciences et de la technologie y voient un risque, car l’épidémiologie des maux de tête est un domaine de recherche relativement jeune. Les études ont connu des problèmes méthodologiques par le passé, malgré des améliorations récentes, et cela pourrait introduire des biais et d’autres problèmes dans l’analyse de données à grande échelle.
S’appuyant sur un précédent rapport de 2007, Lars Jacob Stovner et ses collègues de l’Université norvégienne de sciences et de technologie ont examiné 357 publications entre 1961 et la fin de 2020 pour estimer la prévalence mondiale des maux de tête. Ils ont également mesuré les différences de méthodes entre les études examinées, cherchant à estimer la prévalence des maux de tête à l’échelle mondiale.
En 2007, Stovner et son équipe ont constaté que 46 % de la population adulte mondiale souffrait de maux de tête en général, dont 11 % de migraines. Aujourd’hui, d’après les études passées en revue, le problème s’est aggravé : 52 % de la population a souffert de maux de tête au cours d’une année donnée et 14 % a déclaré avoir des migraines.
Selon les chercheurs :
Près de 5% (1 sur 20) de la population ont des maux de tête plus de la moitié du temps. Chaque jour, 15% de la population ont un mal de tête, et dans près de la moitié des cas, il s’agit d’une migraine. Les femmes sont beaucoup plus touchées que les hommes.
L’examen actualisé a montré que tous les types de maux de tête étaient donc plus fréquents chez les femmes que chez les hommes, en particulier les migraines (17% chez les femmes contre 8,6% chez les hommes) et les maux de tête pendant 15 jours ou plus par mois (6% chez les femmes contre 2,9% chez les hommes). De précédentes études ont établi un lien avec des changements hormonaux, qui peuvent déclencher davantage de maux de tête.
Si les résultats permettent de mieux comprendre l’ampleur du problème, les auteurs reconnaissent que la plupart des études qu’ils ont examinées provenaient de pays à revenu élevé dotés de bons systèmes de santé. Cela signifie que l’examen ne reflète pas nécessairement les tendances mondiales. Pour que les données soient représentatives, les auteurs ont choisi des études qui échantillonnaient les participants en dehors des milieux cliniques.
Les maux de tête entraînent des souffrances personnelles, une diminution de la qualité de vie, voire des coûts financiers. Lorsqu’ils sont répétés, ils peuvent nuire à la vie familiale et sociale ainsi que professionnelle. En outre, le fait de devoir faire face à un trouble chronique de maux de tête peut entraîner d’autres maladies. Par exemple, la dépression est plus fréquente chez les personnes qui souffrent de migraines que chez les personnes en bonne santé.
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), il existe une série d’obstacles à la lutte contre ce problème, le principal étant le manque de connaissances chez les professionnels de la santé. Seules quatre heures de formation médicale de premier cycle sont consacrées à l’enseignement des céphalées. En outre, seulement 40 % des personnes souffrant de migraines ou de céphalées de tension sont diagnostiquées par des professionnels.
Il y a aussi un manque de sensibilisation du grand public. Beaucoup ne considèrent pas les maux de tête comme un problème sérieux. Cela s’explique par le fait qu’ils sont épisodiques, n’entrainent pas la mort et ne sont pas contagieux. Selon l’OMS, les gouvernements ne reconnaissent pas non plus le poids des maux de tête sur la société, car ils ne savent pas que les coûts du traitement des maux de tête sont moindres par rapport aux économies qui peuvent être réalisées.
Selon les chercheurs :
Nous ne sommes pas certains de pouvoir réduire autant la prévalence, mais nous savons que ceux qui souffrent de maux de tête ou de migraine peuvent avoir moins de crises en améliorant le diagnostic, la prévention et le traitement. L’éducation du personnel de santé, ainsi que des patients et du grand public, est importante. Nous avons de nombreux projets, dont la plupart portent sur un meilleur traitement des maux de tête difficiles.
L’étude publiée dans The Journal of Headache and Pain : The global prevalence of headache: an update, with analysis of the influences of methodological factors on prevalence estimates et pressente par l’éditeur scientifique BioMed Central via EurekAlert : Global estimates of headaches suggest disorder impacts over 50% of the population.