Les odeurs préférées et détestées par les humains, peu importe d’où vous venez
Les résultats d’une nouvelle étude internationale sur la perception des odeurs montrent que les humains du monde entier ont tendance à aimer et à détester des odeurs similaires, indépendamment de leur mode de vie et de leur milieu culturel.
Dans le cadre de cette étude (lien plus bas), 235 personnes ont été invitées à classer 10 molécules odorantes sur une échelle allant du plus agréable au plus désagréable. Les molécules ont été diluées dans de l’huile minérale et présentées aux participants à l’aide de dispositifs de distribution d’odeurs ressemblant à des feutres.
Parmi ces molécules figuraient la vanilline, qui sent la vanille, le butyrate d’éthyle, qui sent l’ananas ou la pêche, et l’acide isovalérique, qui sent la sueur des pieds.
Les participants étaient originaires de trois continents : Amérique du Nord, Amérique du Sud et Asie, et leurs origines culturelles étaient différentes. Parmi les personnes interrogées figuraient des citadins de New York, de Mexico et d’Ubon Ratchathani, en Thaïlande, ainsi que des personnes ayant un mode de vie traditionnel fondé sur l’agriculture, la chasse, la cueillette et la recherche de nourriture.
A partir de l’étude : les classements des préférences olfactives ont été recueillis auprès de neuf populations culturellement et géographiquement diverses. (Artin Arshamian et col./ Current Biology)
Selon Artin Arshamian, auteur principal de l’étude et chercheur en neurosciences cliniques de l’Institut Karolinska en Suède :
Nous voulions examiner si les gens du monde entier ont la même perception des odeurs et aiment les mêmes types d’odeurs, ou si c’est quelque chose qui est culturellement appris.
Étant donné que ces groupes vivent dans des environnements odorants très différents, comme la forêt tropicale, la côte, la montagne et la ville, nous saisissons de nombreux types différents « d’expériences olfactives ».
L’étude a révélé qu’en général, les personnes de tous les groupes avaient tendance à classer les odeurs dans un ordre similaire. L’odeur la plus populaire était celle de la vanilline, tandis que l’acide isovalérique arrivait en dernière position. Ces résultats suggèrent que la préférence olfactive pourrait être universelle chez l’humain, plutôt que d’être façonnée par des différences culturelles.
À l’appui de cette interprétation, les chercheurs ont constaté que la similitude moyenne des classements du caractère agréable des odeurs pour des paires de personnes appartenant à un même groupe culturel n’était que légèrement supérieure à celle des paires de personnes de cultures différentes (τ=0,32 contre 0,28). En d’autres termes, les personnes appartenant à un même groupe culturel n’avaient pas tendance à être significativement plus similaires que celles issues de cultures différentes dans leur évaluation des odeurs.
Donc, si notre origine culturelle ne joue pas un rôle important dans la détermination des odeurs que nous aimons ou n’aimons pas, qu’est-ce qui le fait ?
Selon l’équipe de recherche, les préférences personnelles expliquent environ 54 % de la variation dans leur ensemble de données, mais la structure moléculaire de la molécule odorante vient juste après, expliquant 41 % de la variation.
Pour approfondir le rôle de la structure moléculaire, l’équipe a créé un modèle d’apprentissage automatique qui tente de prédire le caractère agréable d’une odeur en fonction de la structure chimique de la molécule. Pour construire ce modèle, les chercheurs ont utilisé des informations sur la structure chimique et le caractère agréable (selon le classement des participants américains à la recherche) de 466 autres molécules odorantes. Les chercheurs ont ensuite testé le modèle sur les 10 molécules odorantes utilisées dans leur étude et ils ont constaté que les prédictions du modèle concernant le « classement du caractère agréable » étaient en forte corrélation avec leurs résultats expérimentaux. Ces résultats confirment l’hypothèse selon laquelle la structure chimique des molécules odorantes contribue à déterminer dans quelle mesure les humains les trouvent agréables.
Selon Arshamian :
Nous savons maintenant qu’il existe une perception universelle des odeurs qui est déterminée par la structure moléculaire et qui explique pourquoi nous aimons ou n’aimons pas une certaine odeur.
L’étape suivante consiste à étudier pourquoi il en est ainsi, en reliant ces connaissances à ce qui se passe dans le cerveau lorsque nous sentons une odeur particulière.
L’étude publiée dans Current Biology : The perception of odor pleasantness is shared across cultures et présentée sur le site de l’Institut Karolinska : People around the world like the same kinds of smell.